11°) Le code secret de l’Univers caché dans les mathématiques ?
Mon fils, après avoir pris connaissances de la grande précision des constantes fondamentales cosmologiques, des valeurs non moins précises des valeurs des particules de l’infiniment petit, nous venons de voir que nous retrouvons des suites algébriques dans la Nature.
Maintenant je te propose d’aller faire un grand tour du côté des mathématiques et en particulier du mystère des nombres premiers en nous immergeant complètement dans ce monde pour mieux les explorer.
Depuis un siècle, certains des plus prestigieux mathématiciens ont tenté de percer le « secret » de l’Univers. Tous étaient subjugués par les nombres premiers, tous voyaient cachés derrière ces nombres une composante du « code de l’Univers » : qui devrait être ramené à une formule simplifiée universelle.
Tous étaient des génies, car ils avaient une capacité de travail féroce mais surtout une mémoire phénoménale avec une grande dose d’intuition pour ne pas dire une idée fixe et une conviction à toutes épreuves.
Leur ambition : s’attaquer à l’un des plus étonnants mystères de la Nature qu’étaient les « nombres premiers ».
En effet, nous savons aujourd’hui que la suite de ces nombres cache un formidable « secret », en lien direct avec le « code » dont nous allons aller à la recherche.
A première vue, les nombres premiers ressemblent aux autres nombres entiers comme deux gouttes d’eau : 2,3,5,7,11,13,17,19,23,29,31,37 etc… Sauf qu’ils ne sont divisibles que par eux-mêmes (et bien sûr par 1).
Autrement dit, ce sont les « atomes » de la réalité numérique. Insaisissables, imprévisibles, les nombres premiers ont même quelque chose de facétieux. Comme pour narguer ceux qui tentent de les attraper.
Juges-en par toi-même : les nombres 31, puis 331 et 3 331, et plus loin 33 331 puis 333 331 ou encore 3 333 331 et enfin 33 333 331 sont tous des nombres premiers. Comment expliquer ce phénomène ?
Il nous faudra aller chercher très loin la réponse. Très loin. Et la liste de ces nombres étranges est longue. Très longue. A vrai dire, elle est infinie.
Plus on s’enfonce dans l’océan des nombres, plus les nombres premiers deviennent grands. Gigantesques.
Le nombre plus énorme jamais calculé jusqu’ici s’écrit 2 à la puissance 57 885 161 moins 1. Un nombre monstrueux, qui compte plus de 17 millions de chiffres. Très exactement il comporte 17 425 170 chiffres !
Il a fallu quarante jours de calcul en continu sur de puissants ordinateurs en batterie pour parvenir en 2013 à ce résultat colossal.
Ce qui fit dire au mathématicien hongrois Paul Erdös, considéré comme l’un des plus profonds théoriciens du XXème siècle : « Quelque chose d’étrange se passe avec les nombres premiers ».
Sur la même longueur d’onde, le brillant expert américain en théorie des nombres, Don Zagier, a déclaré le 5 mai 1975 à l’université de Bonn : « Il n’y a aucune raison apparente pour laquelle un nombre est premier et un autre ne l’est pas. Mais en regardant ces nombres, l’on a le sentiment d’être en présence de l’un des plus inexplicables secrets de la création ».
Tu te demandes sans doute ce que ces nombres ont à voir avec l’Univers. Certes, à première vue, pas grand-chose. Mais détrompes-toi ! Les nombres premiers sont partout. Visibles au grand jour ou bien cachés derrière des nombres entiers.
De même que n’importe quelle molécule peut être décomposée en atomes plus simples, tout nombre entier peut être décomposé en un produit de nombres premiers.
Comme l’écrivait le mathématicien Euler : « Il est facile de trouver une méthode pour analyser n’importe quel nombre ou le décomposer en ses simples facteurs ».
Mais revenons au xviiie siècle.
- L’équation d’Euler :
Mathématicien et physicien hors pair Léonhard Euler (1707-1783) est considéré comme un éminent mathématicien du xviiie siècle et l’un des plus grands et des plus prolifiques de tous les temps. Une déclaration attribuée à Pierre-Simon de Laplace exprime l’influence d’Euler sur les mathématiques : « Lisez Euler, lisez Euler, c’est notre maître à tous ».
Il était un fervent chrétien, croyant en l’inerrance biblique, et s’opposa avec force aux athées éminents de son temps.
Pour lui, une chose est certaine : « On n’invente pas les théorèmes. On se contente de les découvrir ».
Par ailleurs, il est convaincu que les mathématiques et leur précision extraordinaire démontrent l’existence d’une Intelligence bien supérieure à la nôtre, car pour lui le hasard n’y a pas sa place.
La conclusion persistante de Euler est toujours la même : « les êtres mathématiques existaient bien avant l’homme. Bien avant la matière. Bien avant l’Univers » !
Par exemple, le théorème de Pythagore ou le nombre Pi étaient là bien avant que Pythagore ou Archimède ne les découvrent.
Pour Euler, ce sont eux, les concepts algébriques, les éléments géométriques, qui ont permis à la matière d’apparaître, de se structurer et d’évoluer.
Une conviction profonde qu’il a puisé chez le grand philosophe grec de l’Antiquité Platon.
Cette existence des mathématiques avant tout le reste lui paraît totalement logique.
Il est persuadé, comme l’était Pythagore un peu plus de 2000 ans plus tôt que : « Dans l’Univers, Tout est nombre ».
A ses yeux, il existe, au fond du ciel comme dans les tréfonds de la matière, une formule algébrique unique, capable de tout expliquer.
L’étoile qui brille la nuit. L’oiseau qui vole dans le ciel. La fleur que l’on cueille dans les champs.
Méthodique, notre homme commence par se poser une première question désarmante de simplicité (mais lourde de conséquence) : est-ce qu’il existe une infinité de nombres premiers ? Ou pas ? Bien sûr, le légendaire Euclide a déjà donné la réponse, vers 300 avant Jésus Christ.
Après avoir établi la « fonction e » et bien d’autres équations, Euler réalise après des années de calculs « sa » formule :
- La célèbre « identité d’Euler » :
Elle est qualifiée de « formule la plus remarquable des mathématiques » par Richard Feynman, car elle réunit en seulement 7 caractères l’addition, la multiplication, l’exponentiation, l’égalité et les constantes remarquables 0, 1, e, i et Pi :
Ebahi du résultat, Euler se pose une nouvelle question : la suite des nombres premiers surgit-elle au hasard ?
Il sait que, s’il trouve la réponse, cela voudra dire que dans l’Univers entier, rien n’est laissé au hasard.
Que s’il existe une « codification » au niveau des nombres premiers dont dépendent tous les autres nombres, alors il existe de facto, inévitablement, un « code » dans l’Univers.
Presque un siècle plus tard en 1848, un jeune homme allemand fait son entrée à Göttingen, l’université mythique de Basse-Saxe en Allemagne, qui réunit les plus éminents professeurs d’Europe et qui a vu passer les plus grands mathématiciens et physicien de ce monde (dont Einstein, Bohr et tant d’autres). Quel est son nom ? Bernhard Riemann.
Ce jeune homme est bourré d’idées mais surtout il calcule plus vite que tout le monde. Il a déjà une obsession comme il le murmure souvent : « Percer le secret du monde ». Pour y parvenir, il n’y a qu’un seul moyen : savoir utiliser cette clef toute-puissante que sont les mathématiques.
A son père qui voulait lui faire suivre des études de théologies à Göttingen et le faire entrer dans les ordres, il lui écrira : « Non, je n’enfilerai jamais la soutane, je serai mathématicien » ! Il s’inscrit directement en thèse de doctorat, il aura pour directeur de thèse Carl Friedrich Gauss lui-même.
Le « théorème des nombres premiers » de Gauss
Une légende vivante, surnommé aux quatre coins de l’Europe le « Prince des mathématiques ». Gauss est un génie ! Il connait, entre autres, les écrits d’Euler sur le bout des doigts. Et dans le travail d’Euler, ce qui l’attire irrésistiblement, c’est le mystère des nombres premiers.
Compte tenu de tout ce qu’il a lu, il est impensable que le défilé des nombres premiers se fasse au hasard. Il y a forcément « quelque chose » comme un ordre dans ce défilé.
Après avoir pêché l’inspiration du côté d’Euler et à force d’efforts, Gauss extirpe une formule simple mais puissante. Elle prendra plus tard le nom de « théorème des nombres premiers ».
Bien sûr, pour le moment ce n’est qu’une conjecture qui, il le sait, n’est pas démontrée de manière rigoureuse mais elle ne peut pas être fausse ! Des efforts colossaux sont déployés dans le monde entier
Dure comme une porte blindée, la formule résiste, malgré sa désarmante simplicité.
En fait il faudra attendre plus d’un siècle – cent quarante-quatre ans exactement – avant qu’elle ne soit enfin démontrée en 1896, par ce premier de la classe qu’était Jacques Hadamard et la même année par Charles de la Vallée-Poussin.
Que nous apprend au juste la formule de Gauss ? Ou plutôt qu’a-t-il ressenti au moment où il l’a découverte ? Avant tout que les nombres premiers sont les briques fondamentales, non seulement de tous les nombres mais, bien au-delà, de toute la matière et, finalement, de tout l’Univers. Mais pourquoi ?
Avant tout, parce que la fameuse formule débouche sur un indice selon lequel l’interminable file des nombres premiers, en dépit des apparences, reflète un ordre.
Pour la première fois, on ne peut donc plus tout à fait affirmer que ces nombres étranges font irruption au hasard. Gauss a mis en évidence un début de quelque chose qui ressemble à une loi ! Plus tard, il éditera son merveilleux livre « Disquisitiones Arithmeticae » (considéré aujourd’hui comme l’un des plus importants de toute l’histoire des sciences) où on y pourra lire ce titre « Loi de réciprocité quadratique ».
Pas d’affolement ! Cette loi établit simplement un lien solide – et totalement inattendu – entres les nombres premiers.
C’est la première fois que quelqu’un ose parler de loi – et donc d’un ordre – Gauss passera presque un demi-siècle directeur de l’observatoire de Göttingen, bien que couvert de gloire, il sait qu’il lui manque une chose essentielle, presque autant que l’air qu’il respire : c’est le secret des nombres premiers.
Pour aller plus loin, il sait qu’il doit passer la main. Mais tout n’est pas perdu, car il a placé ses espoirs dans l’un de ses élèves, de loin le plus brillant : Bernhard Riemann.
- « L’hypothèse » et la « fonction Zêta de Riemann »
Bernhard Riemann avec son doctorat en poche, après avoir rédigé son monumental mémoire d’habilitation, il demeurera un proche de Gauss en tant que chargé de cours à Göttingen.
Déjà lors de sa soutenance, seul Gauss parmi tous les membres du jury, aura compris le travail titanesque de ce jeune candidat.
Le génie phosphorescent de Gauss pousse ce jeune prodige sans cesse un peu plus au bord des questions ultimes : quels sont les éléments primordiaux sur lesquels repose notre réalité ?
De quoi est donc faite la matière qui compose l’Univers ?
Dès sa soutenance Riemann a eu l’intuition que les nombres imaginaires sont une véritable clef. Déjà le grand Gottfried Wilhelm Leibniz (1646 - 1716) philosophe, scientifique, mathématicien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire et philologue
Allemand qui a écrit en latin, allemand et français disait des nombres imaginaires : « Une merveilleuse envolée divine » !
Tu te demandes sans doute qu’est-ce qu’un « nombre imaginaire ». En fait, c’est tout simple : en mathématiques, il s’agit d’un nombre dont le carré est toujours négatif. Rien de plus.
Riemann a le temps de réfléchir. Peu à peu, sans raison, ses idées commencent à tourner autour des relations invisibles qui existent entre les nombres et la Nature.
Les nombres imaginaires seront la clef qui, au fil des années, soit cinq années plus tard, va permettre à Riemann d’emprunter une sorte de passage secret et de déboucher enfin, en 1859, sur la grande découverte de sa vie : il partira de la puissante formule découverte par Euler, un siècle plus tôt baptisée « fonction Zêta », une étrange fonction.
Aujourd’hui, bien longtemps après sa découverte, la « fonction Zêta de Riemann », cette nouvelle fonction qui repose sur les nombres imaginaires, reste un mystère total. Mais elle renferme un formidable secret. Dit-elle vrai ? Nul ne le sait.
D’où vient cette loi ? Qui l’a écrite ? Mystère.
« En 2016, qui sera en mesure de démontrer la fameuse ‘fonction Zêta de Riemann’ » ?
Mais Riemann est persuadé qu’une loi générale existe. Que son hypothèse est exacte. Est-ce que cela veut dire in fine que l’Univers entier ne repose pas sur le hasard mais sur autre chose ?
Il se souvient que c’était la conviction d’Euler, tout comme celle de Gauss. Et c’est aussi la sienne !
Mais pourquoi parle-t-on encore d’hypothèse ?
Parce que, plus de cent cinquante ans après sa découverte, cette fameuse conjecture n’a toujours pas été démontrée.
Et pourtant… en 1986, il a été montré par un calcul colossal que les premiers un milliard et demi de zéros sont bel et bien alignés sur la fameuse droite critique tirée de sa fonction.
« Représentation du module de la fonction zêta de Riemann ».
La « formule de Maxwell »
En 1859, un jeune homme de vingt-huit ans James Clerk Maxwell qui deviendra l’un des plus grands physiciens de l’Histoire.
A juste 14 ans, il écrit son premier article de mathématiques, lu en séance plénière à la Royal Society d’Edimbourg. Il fait une entrée fracassante dans l’une des toutes premières universités du monde : Cambridge.
Il découvre rapidement que derrière la matière physique, il y a des formes géométriques. Des êtres algébriques.
Plus profondément encore, des nombres.
En 1856 il lancera avec force : « Toutes les sciences mathématiques sont fondées sur les relations entre les lois physiques et les lois des nombres, de sorte que le but des sciences exactes est de réduire les problèmes de la Nature à la détermination de quantités par des opérations sur des nombres ».
On ne peut être plus clair.
L’idée que les nombres premiers puissent avoir une relation quelconque avec la Nature, avec le monde physique, le saisit.
Elle ne le lâchera plus.
Et puis il se produit deux coïncidences.
La première est une affaire de date. Maxwell publie, son article la même année que celui de Riemann (où se trouve posé le plus grand mystère mathématique de tous les temps).
La deuxième coïncidence est plus troublante. En effet, tandis que Riemann étudie dans son article la distribution des nombres premiers, Maxwell, lui, à découvert une loi générale portant sur la distribution des particules dans un gaz. Et ici vient le plus stupéfiant.
La formule de Maxwell, qui s’écrit en simplifiant ...
... est trait pour trait de la même forme que la « fonction Zêta de... Riemann » !
Les deux formules se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Comment est-ce possible ?
L’une concerne des particules physiques tandis que l’autre touche à de purs nombres.
Existerait-il un lien entre cette chose palpable, solide sous les doigts, qu’est la matière et, dans l’invisible, avec ce monde impalpable, que l’on ne pourra jamais toucher, qui est celui des nombres ?
Maxwell n’élucidera pas ce mystère.
Plus tard il se lancera dans l’œuvre de sa vie : unifier l’électricité et le magnétisme.
Il en résulte dix-huit équations – les équations de Maxwell - qui vont le couvrir de gloire pour toujours.
Einstein lui fera à distance ce signe de la main : « La théorie de la relativité spéciale doit son origine aux équations de Maxwell ».
Et dans un élan enthousiaste, il a d’ailleurs ajouté : « Le travail de Maxwell a changé le monde à jamais ».
Nous allons à présent, rencontrer celui qui, le premier, a saisi toute la profondeur de la formule de Maxwell. Il s’appelle Ludwig Boltzmann.
La « fonction de partition Boltzmann »
En 1878 ce professeur de physique autrichien se trouve à enseigner dans la plus prestigieuse université, c’est toujours : Göttingen.
Ni ses élèves, ni ses collègues ne se doutent qu’ils côtoient quelqu’un qui, à des dizaines d’années de là, sera considéré comme l’un des plus grands savants des temps modernes.
Il tire une grande fierté de sa devise selon laquelle : « Contre vents et marées, il faut toujours aller au bout de ce qu’on fait ».
En s’appuyant sur les travaux de ses honorables prédécesseurs, Boltzmann établi la fameuse « fonction de partition » :
Très vite il s’aperçoit que sa fonction présente une mystérieuse ressemblance avec la fonction Zêta de Riemann.
Il sent confusément que cette ressemblance indique qu’il existe peut-être une sorte de correspondance entre les phénomènes physiques et L’Univers des nombres.
En somme un lien entre la matière et l’information.
Mais il sait que dans la communauté « bien-pensante » des physiciens il est dénigré dès qu’il a le dos tourné, les plus acharnés vont même jusqu’à le traiter carrément d’illuminé.
Mais rien à faire ! Boltzmann tient bon.
Il veut trouver le fabuleux code secret dont il a entrevu l’existence : il a été le premier à affirmer sans retenue que tout ce que l’on peut voir et toucher (les cerises que l’on cueille dans l’arbre, les coquelicots qui poussent dans les prés, le sable que l’on fait couler entre ses doigts au bord de la plage), toutes ces choses sont codées sous une forme algébrique au-delà du monde visible. Il a donc réfléchi en mathématicien.
Boltzmann s’inspire du travail de Helmholtz qui l’a ébranlé en affirmant : « Il existe dans l’Univers quelque chose de très mystérieux qui, telle une ombre invisible, gouverne d’une main de fer le destin de tout ce qui existe, de la plus petite particule élémentaire jusqu’aux immenses amas de galaxies. Ce n’est ni une force, ni une énergie, ni une chaleur. Rien de tout cela ».
C’est finalement le polytechnicien français qui fût aussi président de la République, Sadi Carnot (1796 - 1832) qui établira le principe de cette « force ». Il s’agit de « l’entropie » (c’est-à-dire la fonction définissant l’état de désordre d’un système).
De l’enchevêtrement des équations, Boltzmann a fini par faire jaillir en 1878, une formule qui, depuis longtemps trottait dans sa tête.
Une formule courte, nette, merveilleuse !
Il s’agit de l’une des découvertes les plus importantes de l’histoire.
Aujourd’hui, la formule que nous venons de découvrir est devenue célèbre sous le nom de : « formule de Boltzmann » soit : S = k ln W.
Simplement dit, « l’entropie de quelque chose dépend du nombre d’états microscopiques de cette chose ». Cette formule éclaire la mystérieuse relation entre des éléments microscopiques (encore une fois, les atomes) qui tourbillonnent à l’intérieur d’une chose et l’évolution irréversible de cette chose à notre échelle.
Boltzmann vient de démontrer à travers l’entropie qu’elle représente une preuve directe de l’existence des particules élémentaires.
Pour lui la notion d’atome est vraiment universelle. La preuve ?
Les nombres ont, eux aussi leurs « atomes ». Et lors d’une conférence devant le gratin des physiciens et mathématiciens de la Planète il lança : « Tout comme les nombres premiers dansent dans le ’gaz des nombres’, les atomes dansent dans le ‘gaz de la matière’ ».
En somme, pour Boltzmann comme pour Galilée, pas le moindre doute : la réalité dans laquelle nous vivons est d’essence mathématique. Tout dans la Nature est mystérieusement chiffré, et même codé !
Lorsqu’on applique cette formule à l’Univers tout entier, il en ressort deux aspects explosifs : L’Univers n’est pas éternel et ensuite, qu’à son origine supposée l’entropie de l’Univers devait inéluctablement atteindre une valeur minimale. Mais Boltzmann trouve la réponse : à l’origine l’entropie devait être obligatoirement nulle !
Une entropie nulle à l’origine ! Boltzmann le sait, une entropie nulle pour l’Univers, cela veut dire qu’à l’instant initial, tout – absolument tout – dans le cosmos primordial était fantastiquement calculé. Ordonné. " Codé ". Par quel prodige ? Une nouvelle pièce du puzzle va être découverte l’année suivante.
C’est la « loi de Stefan-Boltzmann » qui a un lien avec les travaux d’Euler et de Riemann, travaux qui, pourtant, concernent uniquement les nombres !
Alors ? Par quel prodige ce lien entre la physique et les mathématiques peut-il donc apparaître (ou plutôt refaire surface) en cette année de 1888 ?
Tout simplement par le biais de la désormais célèbre « fonction Zêta de Riemann »
Cette fonction découverte par Euler et généralisée un siècle plus tard par Riemann qui donne accès – comme une clef – au monde si étrange des nombres premiers, ressurgit là où on ne l’attend pas. Au cœur d’une formule qui décrit l’énergie émise (sous forme de chaleur) par un corps noir !
Dans la magnifique loi de Stefan-Boltzmann, le flux d’énergie émis est directement proportionnel à la fonction Zêta !
Mais cette fonction est plus que cela. Bien plus. En réalité elle débouche sur quelque chose qui en physique mathématique s’appelle une « fonction de partition ». Qu’est-ce ?
Le pont dont ont rêvé tour à tour Euler, Gauss et Riemann – entre la matière et les nombres -
Boltzmann se demande quelle est la condition pour laquelle notre fameuse fonction de partition peut s’annuler ?
Réponse : lorsque la température devient complexe.
Ce très étrange phénomène a été montré pour la première fois en 1952 par deux physiciens de légende, Chen Ning Yang et Tsung-Dao Lee (colauréats du prix Nobel de physique en 1957).
Rappelle-toi simplement que nous avions découvert que dans la fonction Zêta de Riemann tous les zéros, toutes les solutions de cette fonction sont a priori situés sur une droite imaginaire appelée « droite critique ». Or, de la même manière, les zéros de la fonction de partition sont, eux aussi, situés de la même manière dans le plan complexe ! Qu’allons-nous en déduire ?
Tout simplement que la « fonction Zêta de Riemann », qui touche uniquement les nombres, et la « fonction de partition » – qui concerne des objets physiques – … sont, en fait une seule et même chose !
C’est donc ici que se dessine le pont miraculeux reliant les phénomènes physiques aux phénomènes numériques, autrement dit :
Un lien formel existe entre la matière et les nombres.
Cette conclusion poussa Boltzmann à écrire : « Si l’on analyse le contenu ultime de toute matière, alors cette matière finit par se dissoudre en quelque chose d’impalpable ».
La nouvelle interrogation qui surgit ici est : de quoi est fait ce « quelque chose d’impalpable » ?
- La « fonction Zéta de Hurwitz »
En été 1891, le redoutable mathématicien Adolf Hurwitz est déjà l’un des plus fins mathématiciens de la vieille Europe. Peut-être même l’un des meilleurs du monde. Mais quelque chose le tracasse. Un mystère.
Lors d’une ballade dans la grande prairie des jardins entourant l’université, il s’était amusé à cueillir une dizaine de fleurs sauvages.
Tout en flânant il s’était mis à compter les pétales sur son bouquet.
Et soudain, en parcourant chaque pétale de son index, il avait alors réalisé que les fleurs avaient toutes 3 pétales, 5 ou encore 8. Mais jamais 4 pétales, ni 6 ni 7, ni 10. Même chose pour les marguerites, les roses et les boutons d’or de la prairie.
Il réalisera qu’il s’agissait des nombres de la suite de Fibonacci. Mais qu’est-ce que cette suite a à voir avec les fleurs ? En fait chaque chiffre de la suite correspond à un nombre possible de pétales. Comment est-ce possible ?
Une chose est sûre : le nombre de pétales des fleurs ne doit rien au hasard.
Mais si le hasard n’est pas le chef d’orchestre, qui – ou quoi – occupe le devant de la scène ?
En réalité derrière les nombres de Fibonacci ce sont bien les nombres premiers – encore et toujours eux – qui tirent les ficelles !
Ce sont eux à la fois visibles en pleine lumière mais aussi invisibles sous leur camouflage contrôlant le nombre de pétales de fleurs, les spires des coquillages, les motifs des pommes, la forme des choux fleurs…
« Coupe du coquillage Nautile »
Après la « suite de Fibonacci », Hurwitz s’en prend au « nombre d’or », cette fameuse constante semble « régler » la marche des choses. On la retrouve à tout bout de champ.
Un exemple ?
Prend la coupe du coquillage Nautile ou encore mieux le banal chou-fleur. A première vue, l’on pourrait croire que la forme du célèbre bourgeonnement blanc qui émerge des feuilles est due au hasard.
Or il n’en est rien : on retrouve dans l’architecture des volutes végétales des « spirales d’or » dont le dessin parfait dépend strictement du nombre d’or.
Hurwitz découvre combien ce nombre pas comme les autres est omniprésent dans la Nature. La constante d’or pourrait-elle être une composante essentielle du langage de la Nature ?
Pour cela Hurwitz rend visite à son ancien directeur de thèse, dans son fief, le physicien Félix Klein (directeur de Göttingen), car lui aussi s’intéresse au nombre d’or.
La discussion s’enflamme et tombe sur une question magistrale : le nombre d’or pourrait-il contenir la clef permettant de réunir les cinq branches des mathématiques ?
Mieux encore : cette clef pourrait-elle être une sorte de « code » à portée universelle ?
Il se souvient que pour Galilée : « La Nature est écrite dans un langage mathématiques ».
Dans ce cas, la constante d’or pourrait-elle être une composante essentielle de ce langage ?
Le maître de Göttingen engage son ancien élève à pousser plus loin ses recherches. Hurwitz se met à l’ouvrage.
Ses seuls moments de répit sont les interminables promenades avec David Hilbert et Arnold Sommerfeld.
En compagnie de ces deux jeunes prodiges des mathématiques et de la physique, il bavarde sans fin de la fameuse constante et des mystérieux secrets qu’elle renferme à l’infini de ses décimales.
Et au début de l’automne, c’est le miracle. Hurwitz a enfin trouvé quelque chose ! Son article est publié dans les Annales de mathématiquesla revue la plus prestigieuse de l’époque.
C’est la « fonction Zéta d’Hurwitz » :
qui généralise ni plus ni moins la « fonction Zéta de Riemann », qui n’apparaît plus que comme un cas particulier.
Hurwitz est amené à rencontrer son ancien professeur : le grand géomètre Enrico Betti (le père des fameux « nombres de Betti ») devenu l’un des leaders de l’école italienne de géométrie. Dans le fil de ses réflexions sur le nombre d’or, Hurwitz a demandé à son ami s’il pensait comme lui.
Est-ce que dans l’Univers, il existe bien quelque chose comme un code invisible, enchâssé au cœur de la matière ?
En guise de réponse le grand géomètre lui a proposé de réfléchir à ces nombres sur lesquels reposent tous les autres nombres, quels qu’ils soient : les nombres premiers.
Les revoilà.
Entre eux et Hurwitz c’est une longue histoire. Pour en avoir parlé avec Félix Klein et David Hilbert, le célèbre mathématicien, il est à présent convaincu – au-delà de toutes les démonstrations imaginables - que les « premiers », comme il les appelle, non seulement occupent la première place dans le monde des nombres, mais détiennent aussi le premier rôle dans l’Univers physique.
Hurwitz se dit que si les nombres premiers servent aussi de briques à la matière alors ils sont tout sauf livrés au hasard.
Et dans ce cas ils doivent obéir à une formule mathématique qui décrit l’ordre qui leur est propre.
Hurwitz se souvient d’un article qu’il avait publié un an plus tôt, suite à un travail qu’il avait formalisé sur la « fonction Zéta de Riemann ».
Il avait travaillé une année entière sur cette fonction.
Hurwitz le sait, cette « fonction Zéta de Riemann » (qui est un cas particulier de « sa » fonction à lui) donne accès à un ordre profond – implacable.
Mais encore faut-il parvenir à démontrer « l’hypothèse de Riemann ». Et en 1891 ce n’est toujours pas fait !
Une nuit de 1899, Hurwitz et Hilbert travaillent au tableau noir à Göttingen.
Ils se disent : pourquoi ne lanceraient-ils pas un défi à la communauté mondiale lors du Congrès de mathématiques de 1900 à Paris devant la fine fleur des mathématiciens ?
Vingt-trois problèmes horriblement difficiles seront présentés par Hilbert. Ils sont jusqu’alors sans la moindre solution. Et le huitième problème de la liste est : « l’hypothèse de Riemann ».
Dans son impressionnante présentation des vingt-trois problèmes, Hilbert a mentionné en – en tête –l’existence d’une « harmonie préétablie » entre mathématiques et physique : entre le monde solide de la matière et celui impalpable des nombres !
Hilbert nous oblige à nous poser cette nouvelle question : d’où vient cette fameuse « harmonie préétablie » ?
Hilbert est un opiniâtre, d’ailleurs sa célèbre devise, gravée sous son buste à Göttingen : « Nous voulons savoir ! Nous allons savoir ! »
C’est ainsi que 25 ans plus tard, avec Polya, un jeune mathématicien de Göttingen, ils établiront la fameuse « conjecture de Hilbert-Polya» :
que beaucoup tiennent aujourd’hui pour l’une des meilleures approches de « l’hypothèse de Riemann ».
Et qui sait ? Elle ouvre peut-être la voie à un début de preuve.
Récapitulons. Hilbert et Polya le savent, si leur conjecture est démontrée un jour, alors on aura instantanément la preuve que « l’hypothèse de Riemann » est vraie !
Et dans la foulée serait établi, pour la première fois, un lien explicite, incontestable, entre le monde abstrait des nombres et la réalité palpable, solide du monde physique. Mais en cet hiver 1914, on en est encore loin.
La guerre arrive et une fois de plus, le flambeau va passer à une nouvelle génération.
Plus de soixante ans se sont écoulés depuis l’inoubliable conférence de Boltzmann.
Mais celle-ci a laissé des traces.
En particulier chez un jeune chercheur américain Claude Shannon.
C’est le père fondateur des « sciences de l’information ».
C’est lui qui a construit le tout premier ordinateur de l’histoire.
C’est donc lui qui a proposé l’utilisation systématique des 0 et des 1 pour simplifier les relais et donc les transmissions des signaux au sein des ordinateurs (appelés à l’époque les « cerveaux électroniques »)
C’est au fameux « Institute for Advanced Study » de Princeton qu’il côtoie tous les jours le légendaire mathématicien John von Neumann.
C’est à Princeton également que se trouve Kurt Gödel qui a publié neuf ans plus tôt ses fameux « théorèmes d’incomplétude » qui démontrent magistralement que « tout système logique est nécessairement incomplet » !
Qui plus est, sa cause est extérieure - et opposée – à tout système logique. De quoi montrer qu’il y a « autre chose » au-delà de la matière.
Et surtout à son origine, dont Gödel affirme à qui veut l’entendre : « qu’elle est codée par des formes mathématiques ».
Et bien sûr à cette même période, à Princeton, il y a Einstein avec lequel Shannon passe de longues heures à se promener à ses côtés d’un bosquet à l’autre.
Après la guerre, en 1948, Shannon introduit pour la toute première fois dans son article un mot aussi bref qu’un éclair. Le mot « bit ». Il s’agit d’un chiffre binaire dont la valeur est 0 ou 1.
Puis à travers la « formule de Boltzmann » :
permettant de mesurer l’entropie, avec cette même idée il va l’appliquer à… l’élaboration de la transmission d’un message.
Shannon s’intéresse très vite à nos bons vieux nombres premiers. La question qu’il se pose est très simple : quand peut-on dire qu’un nombre entier quelconque est « désordonné » c’est-à-dire comporte de l’entropie ?
Réponse : lorsque ce nombre est le produit de plusieurs nombres premiers !
Au-delà d’une cinquantaine de chiffres, ce nombre entier a tellement d’entropie qu’il est pratiquement impossible de trouver – à moins d’efforts colossaux – les nombres premiers dont il est composé !
Par exemple, il faut pratiquement six mois de calculs acharnés (répartis sur une centaine de stations de travail) pour trouver les facteurs premiers d’un nombre de 100 chiffres.
Et pour trouver les facteurs d’un nombre de 400 chiffres, il faudrait…10 milliard d’années ! C’est ce qui fait que l’industrie des codes secrets repose aujourd’hui essentiellement sur les nombres premiers.
Shannon sera le premier à démontrer que l’entropie des nombres premiers est nulle. Autrement dit, non seulement ils portent au plus haut niveau numérique l’image d’un ordre, mais bien plus, ils engendrent cet ordre !
Un beau matin de 1950, Shannon réalise que tout – absolument tout – peut être ramené à de l’information. Il a été aiguillé vers cette grande idée par l’un de ses maîtres Norbert Wiener qui est passé par la mythique université de Göttingen pour y suivre les cours du grand Hilbert.
Puis il enseignera durant près d’un demi-siècle au MIT. C’est là qu’il fonde la cybernétique. C’est là aussi qu’il lance son slogan : « Tout est information ».
Autrement dit, une pomme, une locomotive à vapeur, un chien, le corps humain ou une montagne, tout cela n’est autre que de l’information.
En bon élève Shannon saisit la balle au bond : cette information définit une chose de A à Z et on peut la mesurer très précisément à l’aide de bits.
Etrangement, la formule de Shannon :
est pratiquement la même que celle découverte par Boltzmann un demi-siècle plus tôt.
Comme s’il s’agissait des deux faces d’une pièce unique. Mais l’une nous parle d’énergie et l’autre d’information.
Comment raccorder l’une et l’autre ?
Autrement dit, existe-t-il un lien véritable, une relation tangible, entre l’énergie et l’information ?
C’est là qu’une fois de plus nous allons retrouver la « fonction zêta de Riemann ». C’est aussi l’un des charmes de la science qui est de faire du saute-mouton d’un savant à l’autre lorsque c’est nécessaire.
C’est là qu’un physicien mathématicien allemand, émigré aux Etats Unis, Rolf Landauer va faire l’une des plus impressionnante découverte du siècle concernant la recherche d’une possible « information codée » sur laquelle pourrait reposer notre Univers.
C’est dans la firme IBM où il restera plus de quarante ans qu’il se posera continuellement la question : que signifie effacer définitivement un bit d’information ?
Et un beau matin de 1961, c’est la sortie du brouillard. Il va en résulter un article stupéfiant dans lequel apparaît le principe qui porte son nom.
Que nous dit le : « principe de Landauer » qui s’écrit : kT ln 2
Que lorsqu’un bit est effacé dans un système, alors l’entropie de ce système augmente.
Mais surtout, tout effacement d’une unité d’information se traduit inévitablement par un dégagement d’énergie sous forme de chaleur !
Cette fois, la connexion entre énergie et information est enfin mise au jour. Mais ce principe n’est plus une vue de l’esprit puisque la preuve expérimentale – une preuve irréfutable – que le « principe de Landauer » dit vrai a été démontrée en 2012.
Mais revenons en arrière pour découvrir un des plus grands penseurs de la physique du XXème siècle : John Wheeler (1911 - 2008).
Il a travaillé dans l’infiniment grand avec Albert Einstein – le père de la relativité – et dans l’infiniment petit avec Niels Bohr – le fondateur de la théorie quantique.
Très tôt, il a été intrigué par l’idée selon laquelle la réalité ultime, celle sur laquelle repose notre Univers, n’est pas matérielle.
Que les objets solides qui t’entourent – la chaise sur laquelle tu es assis, la banane que tu dégustes – tout cela n’est au fond, qu’un nuage impalpable d’informations. Et que c’est cette information fondamentale qui code notre réalité physique.
John Wheeler résume ainsi son parcours intellectuel en physique :
« Je crois que ma vie en physique se divise en trois périodes (...) J'ai d'abord cru que tout était fait de particules (...). Dans ma seconde période que tout était fait de champs (...) Dans cette troisième, mon impression est que tout est fait d'information » (retient bien cette dernière notion).
Dans un article phare publié en 1990, Wheeler précise sa pensée et jette sur le papier un slogan si frappant qu’il va faire le tour du monde : « It from bit ».
Il n’y va pas par quatre chemin : « Tout ce qui existe –chaque particule, chaque champ de force, jusqu’à l’espace-temps lui-même – tire sa fonction, son sens, son existence même des réponses apportées par des appareils aux jeux de questions ‘oui ou non’ représentant des choix binaires. Des bits. ‘It from bit’ symbolise l’idée que chaque élément du monde physique a au fond – tout au fond – dans les grandes profondeurs la plupart du temps, une source immatérielle, ainsi qu’une explication. Ce que nous appelons la réalité résulte, en dernière analyse, des réponses apportées aux questions ‘oui ou non’. En bref, toutes les choses physiques trouvent leur origine dans l’information ».
Tout en se posant une nouvelle question : comment avoir un indice que tout cela repose sur une réalité ? Que des bits d’information se trouvent enfouis dans les grandes profondeurs de la matière ?
C’est en 1972 qu’Hugh Montgomery, mathématicien américain, annonce à travers la conjecture qui porte son nom qu’en deçà d’une certaine distance minimale, les zéros de la « fonction Zêta de Riemann » ont tendance à se repousser le long de fameuse la « droite critique » déjà vue plus haut.
« Les zéros de la « fonction Zêta de Riemann » ont tendance à se repousser
le long de fameuse la « droite critique ».
Par un heureux hasard il rencontrera à Princeton, le grand physicien anglais Freeman Dyson dont tous les titres impressionnent déjà le tout-Princeton, il a presque cent ans ! Ses recherches sur la « théorie des matrices aléatoires » (proposée par le prix Nobel Eugène Wigner en 1951, pour décrire le comportement hautement ‘aléatoire’ des atomes et autres particules élémentaires) sont à l’origine d’un immense coup de théâtre qui va nous rapprocher de notre but.
Après avoir entendu un très bref exposé de la « conjecture de Montgomery » exposée par son auteur lui-même quelques minutes avant son annonce dans une conférence qui bouleversera le monde scientifique, Dyson n’en croit pas ses yeux.
En un éclair il vient de réaliser que la répartition statistique des zéros trouvée par Montgomery est exactement la même que la distribution des valeurs propres de sa matrice aléatoire, découverte dix ans plus tôt.
Il lança au jeune mathématicien : « C’est incroyable ! Votre résultat est le même que le mien ! Les deux approches viennent de directions complètement différentes, mais vous obtenez la même réponse que moi ! Cela nous montre qu’il y a là-bas beaucoup de choses que nous ne comprenons pas. Quand ce sera le cas, tout ça nous paraîtra peut-être évident. Mais pour le moment, c’est tout juste un miracle » !
En effet, ce que viennent de découvrir nos deux chercheurs est ahurissant. De quoi s’agit-il ?
D’une connexion totalement inattendue, mais très profonde, entre la distribution des niveaux d’énergie au cœur de la matière et la répartition des nombres premiers dans l’océan infini des nombres entiers.
Un lien vertigineux entre la matière et les nombres !
Ce jour-là, le physicien et le mathématicien sont aussi ébahis l’un que l’autre. Car s’il est commun de voir des phénomènes physiques expliqués par les mathématiques, il est étrange que des êtres purement mathématiques laissent leur empreinte – et font la loi – au sein de la réalité physique sans expliquer quoi que ce soit.
Aujourd’hui le mathématicien Andrew Odlyzko, qui est le plus grand chasseur de zéros de la planète a calculé des milliards de zéros, à différentes hauteurs de la « droite critique ».
Tous, sans exception jusqu’ici, sont bel et bien situés exactement sur la droite !
Mais Odlyzko a fait bien plus que cela !
Il a apporté la preuve éclatante du lien étroit, incroyablement précis, entre la répartition des nombres premiers et la matrice aléatoire donnant ainsi la distribution des niveaux d’énergie au cœur de la matière.
De plus, lorsqu’il a comparé les écarts statistiques entre les valeurs successives des matrices aléatoires et les distances séparant les uns des autres les zéros de la « fonction Zêta de Riemann ».
Lorsqu’il a superposé les deux courbes : l’ajustement entre elles est déjà stupéfiant pour le premier million de zéros.
Mais il atteint une perfection inimaginable lorsqu’on monte très haut dans les zéros jusqu’à 100 milliards de milliards de zéros !
A tel point que Peter Sarnak, l’un des pontes de Princeton dans le domaine de la théorie des nombres a clamé haut et fort : « Ces mesures constituent la première preuve phénoménologique que les zéros sont absolument, sans aucun doute, d’une nature ‘physique’ ».
Ce lien nous oblige à nous poser cette unique question, au cœur de notre recherche : par quel prodige – quel miracle, dirait Dyson– les mêmes lois de distribution régissent-elles les zéros de la « fonction Zêta de Riemann » et les valeurs propres des matrices aléatoires au cœur des particules élémentaires ? Mystère.
Pour le physicien théoricien anglais Michael Berry, ce lien est franchement incompréhensible :
« Comment se fait-il que la ’ fonction Zêta de Riemann’ puisse mimer si parfaitement un système quantique alors qu’elle n’en est pas un » ?
Très frappé par le profond mystère entourant la fonction Zêta, Wigner n’a pu s’empêcher, un jour de 1960, de pointer le doigt en direction de l’’énigme en donnant pour titre à son livre emblématique :
« La déraisonnable efficacité des mathématiques
dans les sciences de la nature ».
Une formule qui a fait le tour du monde.
Nous voici à présent dix-sept ans après la rencontre historique entre Dyson et Montgomery à Paris à l’Ecole normale supérieure.
Nous sommes en 1990, le physicien–théoricien Bernard Julia dans son laboratoire de physique théorique de l’Ecole normale à une idée de génie sur cette fonction mystérieuse qui occupe tous les spécialistes depuis des lustres.
Il part d’un « gaz numérique » abstrait, dont chaque molécule serait un nombre premier, en somme, un nuage de nombres premiers en équilibre. Baptisé depuis le « gaz de Riemann » ou encore le « primon » en référence aux nombres premiers.
Il démontrera la correspondance surprenante que la distribution des énergies au sein d’un nuage de particules renvoie à la répartition des nombres premiers.
Néanmoins des physiciens de l’université de Bristol viennent de faire une déclaration spectaculaire : « Les nombres premiers sont les éléments ou ‘briques de construction’ de l’arithmétique. Nos travaux fournissent la preuve d’une surprenante connexion entre les nombres premiers et le gel de certains matériaux complexes en physique ».
Il faut admettre que pendant des siècles il a été absolument impossible de trancher, on n’avait aucune réponse à la question.
Hasard ? Ou pas ?
Jusqu’à ce qu’un beau jour, le 21 mai 2013, éclate un véritable coup de tonnerre qui va ébranler les cinq continents.
Ce jour-là, l’article d’un obscur mathématicien inconnu d’origine chinoise, a été accepté par l’une des plus prestigieuse revues scientifiques du monde : Annals of Mathematics.
Le nom de son auteur ?
Yitang Zhang. Il démontre qu’il existe une infinité de paires de nombres premiers dont l’écart est inférieur à 70 millions ! (c’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul autre nombre entier entre eux deux pour les séparer, ce sont les « nombres premiers jumeaux », par exemple 11 et 13, ou 17 et 19, ou plus loin 659 et 661, ou bien encore 881 et 883).
Pour la première fois, on tient une preuve concrète qu’il existe un ordre profond dans le défilé apparemment chaotique des nombres premiers.
Un ordre qui fait s’effondrer d’un seul coup en poussière le mur du hasard. Le professeur Yitang Zhang développe la « fonction Zêta de Riemann » et démontre définitivement la relation qui préexiste entre le monde physique et les mathématiques.
Galvanisés, tous les mathématiciens de la planète n’hésitent plus désormais à franchir le pas : dans la mesure où les nombres premiers plongent dans les entrailles de la matière, on peut en conclure que le hasard a perdu sa baguette de chef d’orchestre.
La même année l’australien d’origine chinoise Terence Tao de l’université de Los Angeles lance un projet qui consiste à réduire progressivement l’écart de 70 millions pour le faire tendre vers 2.
Terence Tao est reconnu comme étant l'homme le plus intelligent du monde avec son QI (Quotient intellectuel) de 230 points, du jamais vu dans l'histoire de l'humanité.
Ben Green et Terence Tao ont démontré ce qui est désormais connu sous le nom de « théorème de Green-Tao » (publié en 2008).
En théorie des nombres, le « théorème de Green-Tao », s'énonce de la façon suivante : « La suite des nombres premiers contient des suites arithmétiques arbitrairement longues. »
En 2014, l’écart annoncé serait inférieur à 270. Tout récemment nous apprenons que l’écart calculé serait inférieur ou égal à 6. On est à présent tout proche du fameux écart de 2 séparant les jumeaux !
« Tous les zéros non triviaux de la fonction ζ de Riemann sont-ils sur la droite de partie réelle 1/2 ? C’est l’objet de la conjecture de Riemann (ici, les couleurs codent l’argument des valeurs prises par la fonction ζ ) ».
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Mon fils, là s’arrêtera, notre grande balade
dans le monde captivant des mathématiques.
La démonstration de la « conjecture ou hypothèse de Riemann » n’a toujours pas été établie officiellement à ce jour ; mais par des moyens indirects des preuves consistantes apparaissent et démontrent à des niveaux inattendus qu’elle est vraie (un professeur nigérian aurait déclaré avoir démontré l’hypothèse de Riemann).
Maintenant les scientifiques abordent les domaines complexes tel que la physique quantique, les étranges « nombres premiers-adiques » etc… pour débattre sur cette fonction Zêta qui régit les nombres premiers.
Comme nous entrons dans un monde beaucoup trop abstrait pour être compris par un jeune garçon de 12 ans, notre envolée historique s’arrêtera là. Mais tu conviendras qu’un grand nombre de démonstrations mathématiques auront déjà eu le privilège de nous apporter des indices forts sur la présence incontestable des mathématiques et des nombres premiers dans la Nature.
Nous avons appris que les nombres premiers n’obéissent jamais aux lois. Car visiblement, ce sont eux qui font la loi !
Tu conviendras également qu’il ne nous en faut pas plus, après ce tour d’horizon de plusieurs siècles, pour répondre à présent avec certitude à notre grande question :
Qui ou quoi est à l’origine de ce réglage mathématique
d’une subtilité sidérante ?
Laissons Albert Einstein lui-même y répondre dans les années 1930, alors qu’il était loin de posséder l’éventail de nos connaissances actuelles, pensait déjà, à travers les Lois qu’il découvrait, qu’elles correspondaient nécessairement : « A la manifestation d’une Intelligence dépassant de très loin la nôtre ».
De même que le prix Nobel Eugène Wigner appelait : « L’inexplicable efficacité des mathématiques dans les sciences naturelles », Heinz Pagels physicien théoricien, ancien Directeur de l’Académie des sciences de New-York, disait : « Je pense que l’Univers est un message codé, un code cosmique, et le travail du scientifique est de déchiffrer ce code ».
Cinq siècles avant Jésus Christ, Pythagore dans une formidable intuition déclarait : « Les nombres gouvernent l’Univers ».
Commentaire de Dominique :
Nous venons de survoler l’état de nos connaissances à travers les plus grands mathématiciens, physiciens et logiciens de tous les temps et tous ont émis leur conviction jusqu’au philosophe-mathématicien Leibnitz : « Il existe une ‘harmonie préétablie’ entre le monde solide de la matière et celui des nombres ».
Nous découvrons que les mathématiques sont présentes dans tout l’Univers tant dans ses particules physiques les plus petites (la bonne matière de tous les jours) que dans ses plus grands ensembles de galaxies.
Aujourd’hui, chacun d’entre nous doit évacuer le doute et entretenir une certitude appuyée par nos connaissances scientifiques, que le hasard n’a plus sa place, il en découle qu’une "Intelligence supérieure" gouverne nécessairement l’Univers !
Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, peu importe le nom que l’on donne à cette Intelligence. Ne l’appelons pas « Dieu » pour convenir à tes états d’âme.
Mais il te faudra à présent la désigner, lui, car tu ne pourras pas t’effacer devant cette présence incontestable.
Du même coup, te réclamer athée n’a plus aucun sens, car aujourd’hui, en 2016, l’existence de cette "Intelligence" est prouvée scientifiquement sans dire qu’elle dépasse de très loin la nôtre et notre entendement.
Bien sûr, tu apposeras un nom à ta convenance pour désigner cette Intelligence mais une fois de plus, retient que le « hasard » est définitivement écarté de toutes manifestations dans l’Univers.
Jusqu’à quel point ce qui nous paraît aléatoire à un certain niveau ne se révèle-t-il pas ordonné à un niveau supérieur ?
Pour revenir à ce que nous disions à propos du hasard, nous pouvons dire que celui-ci n’existe pas : ce que nous appelons le « hasard » encore aujourd’hui dans la vie de tous les jours, n’est que notre incapacité à comprendre un degré d’ordre supérieur.
En dernière analyse, si tu veux gagner 1 MILLION de dollars offerts par la Fondation américaine Clay, c’est facile !
Il te suffira de démontrer « l’hypothèse de Riemann », vue plus haut et apparemment pas encore établie à ce jour depuis 1 siècle et demi ; elle fait partie des fameux 23 problèmes de Hilbert ainsi que des 7 problèmes du millénaire.
Le monde d’emploi t’est donné sur Youtube à cette adresse :
https://www.youtube.com/watch?v=dNpdMYB8pZs
Pour finir en beauté et juste pour te féliciter d’avoir lu ce texte jusque-là, voici une confidence.
J’ai pris connaissance d’un livre dont le titre est : « Il faut donner du sens aux nombres dès la maternelle » de Stella Baruk. Cet auteur explique qu’au sortir du collège, en France, de plus en plus d'élèves ne maîtrisent pas les calculs sur des nombres entiers. Pourtant, en donnant du sens aux nombres, on permet à des élèves de CE1 de résoudre des problèmes de niveau collège.
Comme je te connais, durant la longue saga concernant les élucubrations de mathématiciens ci-dessus, tu as pensé que ton père t’amenait sur des chemins inutiles ! Et bien non.
Comme tu le vois donner du sens aux mathématiques et aux nombres entiers est utile pour tes études au collège mais en plus ils nous auront permis de trouver le « code » secret de l’Univers.
12°) Un bref passage vers la biologie : L'ADN
L'ADN signifie acide désoxyribonucléique, et constitue la molécule support de l'information génétique héréditaire.
La structure originale de l'ADN en double hélice lui permet de se dupliquer en deux molécules identiques entre elles et identiques à la molécule mère lors du phénomène de réplication qui a lieu avant la division cellulaire.
L'information génétique n'est ainsi jamais perdue, et peut se transmettre aux nouvelles générations via les cellules germinales.
Bien que chaque nucléotide soit très petit, les molécules d'ADN peuvent en contenir des millions et atteindre des dimensions significatives.
Par exemple, le chromosome 1 humain, qui est le plus grand des chromosomes humains, contient environ 220 millions de paires de bases pour une longueur linéaire de plus de 7 cm.
Commentaire de Dominique :
L'information génétique déterminant le plan structurel d'une personne, depuis son apparence externe jusqu'à ses organes internes, est enregistrée avec le système « d'encodage spécial » dans l'ADN.
Pour écrire cette information génétique sur papier, il faudrait une librairie gigantesque comprenant environ 900 volumes de 500 pages chacun.
Pourtant cette quantité incroyable d'information a été encodée dans notre ADN.
Affirmer que l'information de la "librairie" de l'ADN humain soit apparue par hasard est aussi irrationnel que de croire que les cailloux jetés sur une plage par les vagues pourraient écrire l'histoire entière de l'humanité.
Une fois de plus, dans cet exemple parmi une quantité d’autres, nous constatons que le hasard n’est pas au rendez-vous !
13°) Quand les scientifiques se font mystiques
On peut être surpris par le nombre de scientifiques qui, après avoir scruté passionnément le cosmos pendant des décennies, finissent par plaider en faveur d’une force inconnue – Dieu ou autre chose – à l’origine de Tout.
A commencer par le grand Albert Einstein lui-même, pour qui « Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science finiront par comprendre un jour qu’un esprit se manifeste dans les lois de l’Univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’Homme ».
Paul Davies, physicien australo-britannique, dans son ouvrage « The fifth miracle » :« J’appartiens au nombre de ces chercheurs qui ne souscrivent pas une religion conventionnelle, mais refusent de croire que l’Univers est un accident fortuit. L’Univers physique est agencé avec une ingéniosité telle que je ne puis accepter cette création comme un fait brut. Il doit y avoir, à mon sens, un niveau d’explication plus profond. Qu’on veuille le nommer Dieu est affaire de goût et de définition ».
Max Planck, physicien allemand, père de la physique quantique : « Toute la matière trouve son origine et existe seulement en vertu d’une force. Nous devons supposer derrière cette force l’existence d’un esprit conscient et intelligent ».
Georges Smoot (Prix Nobel de physique 2006), astrophysicien est un cosmologiste américain à l’origine de l’expression : « Le visage de Dieu » quand il reçut les premières images du satellite Cobe provenant du fond diffus cosmologique, le rayonnement fossile : « Quand un cosmologiste comprend comment s’assemblent lois et principes dans le cosmos, comment ils sont reliés, comment ils montrent une symétrie que les anciennes mythologies réservaient à leurs dieux, comment ils impliquent que l’Univers doit être en expansion, doit être plat, doit être tel qu’il est, il perçoit la beauté pure sans mélange. Le concept religieux de création découle d’un sentiment d’émerveillement devant l’existence de l’Univers et devant notre place en son sein ».
Il dit aussi : « La cosmologie est aux confluents de la physique, de la métaphysique et de la philosophie. Lorsque l’on s’interroge sur l’énigme ultime de l’origine de l’Univers, les frontières entre ces trois disciplines sont ténues ».
Robert Wilson, physicien américain codécouvreur du rayonnement fossile en 1964 : « Il y a certainement eu quelques chose qui a réglé le tout. A coup sûr, si vous êtes religieux, je ne vois pas de meilleure théorie de l’origine cosmique susceptible de correspondre à la Genèse ».
Freeman Dyson, physicien et mathématicien américain : « Plus j’analyse l’Univers et étudie les détails de son architecture, plus je rencontre des preuves selon lesquelles, dans un certain sens, l’Univers ‘savait’ que nous allions apparaître. Il y a plusieurs exemples saisissants au sein des lois de la physique nucléaire d’accidents numériques qui semblent conspirer pour rendre l’Univers habitable(…) Etant un scientifique éduqué dans le mode de pensée et le langage du XXème siècle et non du XVIIIème siècle, je ne prétends pas que l’architecture de l’Univers prouve l’existence de Dieu, je dis seulement que cette architecture est compatible avec l’hypothèse selon laquelle ‘l’esprit’ joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’Univers. Je pense que l’Univers tend vers la vie et la conscience et qu’il y a du sens parce que nous sommes là pour l’observer et appréhender sa beauté harmonique. Mais j’insiste sur le fait qu’il s’agit là d’un pari métaphysique et non d’un strict raisonnement scientifique ».
John Glenn le premier cosmonaute américain envoyé dans l’espace en 1962 déclara après avoir effectué plusieurs révolutions autour de la Terre avec son vaisseau spatial : « Comment ne pas croire en Dieu lorsqu’on voit une telle merveille » !
Conclusion :
Laissons conclure Stephen Hawking, célèbre physicien anglais qui a écrit de nombreux ouvrages de cosmologie destinés au grand public : « Les lois de la science, telles que nous les connaissons actuellement, contiennent certains nombres fondamentaux, comme la charge électrique de l’électron ou encore le rapport des masses du proton et de l’électron… Ce qui est remarquable, c’est que la valeur de ces chiffres semble avoir été très finement ajustée pour rendre possible le développement de la vie. Existe-t-il, un être responsable des lois de la physique » ?
Bien sûr tu es libre d’apporter TA réponse au vu des connaissances acquises dans tout ce qui précède.
14°) La théorie que je viens de te démontrer porte un nom, c’est le « Principe Anthropique Cosmologique », il se décline en 3 niveaux.
Le Principe Anthropique est un principe selon lequel il est énoncé : « Puisque des êtres sapiens tels que l’humain existent, l’Univers est nécessairement compatible avec leur existence ».
Principe Anthropique faible :
Il existe un énoncé du Principe Anthropique faible qui est désormais largement accepté par les scientifiques tel que présenté, on se contente d'observer que si ces constantes avaient été différentes, le phénomène humain ne serait pas apparu : constatation négative.
« Nous savons que nous existons et les propriétés de l'univers doivent être réglées de façon à favoriser notre présence ».
Le principal argument des détracteurs du principe anthropique faible est son aspect tautologique (càd la répétition d’une même idée sous une autre forme). C'est cependant justement cette tautologie qui le rend inattaquable selon ses défenseurs.
Mais il n’y a qu’un pas à franchir pour arriver au Principe Anthropique fort,
Principe Anthropique fort :
Qui dit : « L'univers doit (obligation et non supposition) posséder des lois et des paramètres fondamentaux afin que l’Homme et la Conscience puissent y apparaître à un certain moment ».
C'est un énoncé qui dépasse la science, relève de la philosophie ou de la métaphysique.
Il faut avouer que cette version est controversée.
Voici une interprétation : « Il existe un univers possible conçu dans le but d'engendrer et préserver des observateurs ».
Freeman Dyson disait :
« Quelque part l'univers savait que l'homme allait venir » :
« Efficacité invraisemblable des mathématiques à décrire le monde » : Eugène Wigner.
« Ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit compréhensible » :
Albert Einstein.
- Chercheurs favorables au principe anthropique fort :
Joe Rosen, Nicola Dallaporta, George Coyne, Trinh Xuan Thuan, Guillermo Gonzalez, Jay Richards, Léonard Susskind, Frank Tipler, Freeman Dyson, Jean Staune, George Smoot, Stephen Hawking…
Albert Einstein qui a été souvent cité dans ce document, a évoqué à un moment de sa vie « l’harmonie des lois de la nature dévoilant une intelligence si supérieure que toutes les pensées humaines et toute leur ingéniosité ne peuvent révéler, face à elle, que leur néant dérisoire ». Cette opinion est pondérée par ce qu'il exprime dans une lettre datée d'un an avant sa mort, vendue sur eBay en 2012, où il explique : « ne croire en l'existence d'aucun Dieu personnel ».
Ce qui rejoint en quelques sortes la position des spiritualistes.
- Chercheurs défavorables au Principe Anthropique fort (mais non au faible) :
Martin Rees, Heinz Pagels, Malcolm Sim Longair…
Encore un petit pas, et nous arrivons au Principe Anthropique final, qui pousse l'idée de finalité encore plus avant. A supposer que le Principe Anthropique fort soit correct et qu'une vie Intelligente doive voir le jour à un moment de l'histoire de l'Univers, si elle meurt sans avoir exercé un effet significatif sur celui-ci dans son ensemble, il est difficile d'imaginer pourquoi elle a dû avoir vu le jour.
Principe Anthropique final :
Suivant le raisonnement qui précède, le Principe Anthropique final propose :"Qu’un traitement intelligent de l'information doit voir le jour dans l'Univers et, lorsqu'il a vu le jour, il ne s'éteint jamais ".
Le physicien Albert Einstein précisait : « Est-ce que le fait que le monde n’est pas seulement un concept abstrait, un modèle indescriptible, une équation non résolue, mais au contraire quelque chose qu’on peut mesurer, peser, toucher et éprouver n’indique-t-il pas la source originelle de l’Être » ?
Négation du Principe Anthropique :
« L'homme a émergé par hasard dans un univers qui lui est indifférent »
Jacques Monod.
Pour certains le principe anthropique a pour défaut de ne pas expliquer grand-chose et de conduire à des interprétations suspectes.
Une autre explication est fournie par la théorie des univers parallèles. Cette théorie, née à la fin des années 1950 fut introduite pour essayer d’expliquer un autre casse-tête de la physique quantique : l’expérience « du chat de Schrödinger » (que nous étudierons plus tard lorsque nous aborderons le monde fascinant des atomes et de la physique quantique).
Commentaire de Dominique :
Pour ton papa, la véritable fonction de la théorie scientifique, est d’être heuristique, c’est-à-dire de suggérer des idées nouvelles susceptibles d’orienter la recherche. Il n’y a donc aucune raison de se crisper autour d’une théorie; il n’y a qu’à l’utiliser tant qu’elle produit des fruits et la faire évoluer lorsque le besoin se présente.
C’est à ce titre que j’approuve ceux qui souhaitent voir la science et la métaphysique enfin se rapprocher, car maintenir des frontières étanches entre elles nui à l’expérimentation des nouvelles théories qui s’offrent à nos connaissances de façon de plus en plus pertinentes.
15°) Notre position et l'environnement de la Terre dans l’univers n’est pas commune.
Les caractéristiques relatives à la position de la Terre dans l'Univers, et à son environnement plaident en faveur du principe anthropique.
De très nombreuses conditions troublantes sont observées :
- si la Terre ne se situait pas sur le bord de la Voie lactée mais en son centre, les astronomes auraient été incapables de voir la galaxie dans laquelle nous nous trouvons et le reste de l’Univers ;
- si le Soleil ne se situait pas à mi-chemin du bord de la Galaxie et entre deux de ses bras en spirale, les êtres vivants, soit auraient été victimes de radiations dangereuses et de poussières de comètes (plus près du centre ou d’un des bras), soit n’auraient pas existé du tout faute de matériaux lourds pour construire la vie (plus éloigné du centre ou d’un des bras). De plus, la distance du soleil aux deux bras de la galaxie demeure constante, lui évitant d’être aspiré par l'un des bras;
- si Jupiter et Saturne n’avaient pas existé, leurs masses énormes n’auraient pas servi de « paratonnerres » pour protéger la Terre en attirant les météorites qui l’auraient pulvérisée;
- si la Lune n’existait pas, l’axe de rotation de la Terre aurait pu changer constamment rendant l'apparition et le maintien de la vie très difficile, voire impossible;
- si la distance moyenne entre les étoiles dans notre galaxie était différente, la vie aurait été impossible. Si elle avait été plus grande, les produits des explosions des supernovæ auraient été tellement diffus que les planètes n’auraient pas pu se former. Si elle avait été plus petite, les orbites des planètes auraient été déstabilisées ;
- si la quantité de matière dans l’univers (les milliards d’autres galaxies et cette « matière noire » dont nous ignorons la nature exacte) était différente, la force d’inertie sur Terre serait modifiée et la vie impossible. Ainsi l’Homme n’apparaît plus comme perdu sur une planète insignifiante au milieu de l’univers : le reste du cosmos lui est indispensable ;
- la nature du Soleil est tout à fait surprenante par rapport à celle des autres étoiles : sa composition, la variation de sa luminosité, son orbite galactique sont inhabituelles. Si la nature du Soleil avait été différente, la vie aurait été impossible.
Conclusion :
Sans tirer des conclusions hâtives sur ces faits observés il convient de reconnaître qu’ils sont troublants !
16°) Une réalité qui évolue au fil de nos connaissances en cosmologie
Deux théories s’affrontent de nos jours :
- Ceux qui privilégient une explication naturelle à la naissance de l’Univers ; la vie serait l’objet d’une « création spontanée » comme le soutien Stephen Hawking ;
- Ceux qui envisagent l’intervention d’une « Entité supérieure » (peut- importe le nom qu’on Lui donne) dans la création du cosmos comme cela est soutenu par les plus prestigieux scientifiques depuis un siècle.
Je rappelle un fait scientifique d’importance : les multiples modèles cosmologiques qui décrivent les premiers instants du cosmos ne sont que théoriques.
Nul ne sait vraiment comment s’est déroulée la naissance de l’Univers.
Le Big Bang lui-même, modèle dominant qui s’est imposé comme l’hypothèse cosmologique la plus vraisemblable subit de plus en plus de polémiques en son sein depuis quelques décennies, car il subsiste des contradictions inexpliquées.
Ce qui revient à dire en clair que cette théorie est incomplète voir totalement fausse !
Car que nous dit la théorie du Big Bang ?
Que quelques fractions de secondes après la formidable ‘explosion’ initiale, l’Univers s’est mis à enfler de manière démesurée, à une vitesse encore plus rapide que celle de la lumière.
Une dilatation exponentielle et extrêmement rapide : trois minutes après le Big Bang, les 99% de la matière qui constitue actuellement l’Univers sont déjà formés.
Règne alors au cœur du cosmos des températures et une densité inimaginables pour l’entendement humain.
Cette théorie, bien qu’annoncée en 1930 par l’abbé Lemaître et Georges Gamov a été confirmée grâce aux indices obtenus par les premiers satellites MWAP et COBE sur le rayonnement fossile.
Mais la précision extraordinaire d’informations obtenues par le dernier satellite européen Planck lancé en 2009 (dont les résultats enregistrés ne sont pas encore tous exploités à ce jour) présente au moins deux contradictions sur le rayonnement fossile (celui qui provient de l’explosion initiale aux premiers instants du cosmos) : l’extraordinaire uniformité de la température pose problème, de même que notre Univers ressort extrêmement plat , en deux lignes tracées parallèlement ne s’y rejoindront jamais (ce qui est en contradiction avec la force d’attraction quasi irrésistible, connue depuis Einstein, qu’exerce la matière sur la forme même de l’espace).
Quoi qu’il en soit, il faut être conscient que la physique moderne ne peut se contenter que d’hypothèses pour tenter d’appréhender le moment initial.
Avec nos yeux nous n’accédons qu’à une quantité dérisoire d’informations.
Nous sommes presque totalement « aveugles ».
En tant qu’observateur terrien, nous ne percevons qu’une infime portion de l’Univers, notamment parce que nos yeux ne peuvent déceler qu’une partie des ondes lumineuses à l’œuvre dans le cosmos.
Nos yeux sont ainsi sensibles à une gamme d’énergie extrêmement réduite.
Il existe dans la nature des photons dont l’énergie peut être des milliers de milliards de fois plus grande ou plus petite que celle perçue par nos yeux.
Aurélien Barrau, professeur et chercheur du CNRS précise : « Le rapport entre le visible et l’invisible est le même que celui entre l’épaisseur d’un cheveu et la taille d’une galaxie. C’est dire l’étendue de ce qui échappe à notre regard » !
De ce fait, de plus en plus d’astrophysiciens s’opposent au modèle dominant du Big Bang et proposent une interprétation parfois radicalement différente des mécanismes cosmiques à l’origine de l’éclosion de l’Univers. C’est ce qu’on appelle les cosmologies « non standard ».
• Il y a trois modèles de Big Bang en concurrence, c’est-à-dire trois interprétations distinctes des premiers moments de l’Univers :
- Un Big Bang inflationaire qui nous mène vers des multivers ;
- Un Big Bang d’univers-branes, inspiré de la théorie des cordes ;
- La « proposition sans frontière » qui s’appuie intégralement sur la physique quantique.
• Il y a plusieurs interprétations des mécanismes cosmiques à l’origine de l’éclosion de l’Univers :
- L’Univers "plasma" qui insiste sur l’importance des phénomènes électromagnétique dans les premiers instants de l’Univers.
- La théorie de "l’état stationnaire", dont les récentes observations du cosmos ont porté un coup d’arrêt à cette théorie.
- La théorie de "l’état quasi-stationnaire" qui ne voit plus l’Univers comme immuable et éternel, mais plutôt comme obéissant à des phénomènes cycliques de dilatation et de contraction au cours du temps.
- La théorie des "Univers jumeaux" soutenue par l’astrophysicien français Jean-Pierre Petit, consiste à représenter l’Univers connu comme le miroir d’un « univers-ombre » communiquant uniquement grâce à la gravitation.
Les partisans de cette théorie insistent sur le fait que ce modèle cosmologique peut notamment expliquer la faible présence d’antimatière dans notre cosmos, alors qu’elle devrait logiquement cohabiter en proportion égale avec la matière.
Deux Univers parallèles pourraient être deux entités intriquées, vivant chacune dans son propre Univers, tout en partageant une même conscience…
Je dois préciser que j’ai lu beaucoup d’essais de J.P Petit, et ce savant m’a toujours captivé sur la pertinence de ces affirmations.
- Le modèle "META" qui estime que le rayonnement fossile pourrait avoir été causé par l’explosion d’une mystérieuse « étoile K » il y a 3 ou 4 milliards d’années.
- L’Univers "neutrino". Hypothèse qui s’appuie sur un constat simple : les neutrinos représentent la principale composante du cosmos. Pour quelques astronomes cette petite particule - de charge neutre – a probablement joué un rôle dans la création de l’Univers.
- Les Univers parallèles ou « multivers ».
Andreï Linde a développé un modèle dans lequel des mini-univers s’engendrent les uns les autres. Certains ont les mêmes caractéristiques que leurs parents, d’autres ont connu des mutations qui les rendent très différents.
En grossissant, ces mini-univers se détachent de leurs parents et plus aucun contact ni passage d’un univers à l’autre n’est possible. Le cosmos serait donc un ensemble de mini-univers s’engendrant les uns les autres et le nôtre aurait par hasard, seul ou non, les constantes adéquates pour que la vie consciente ait une chance de s’y développer.
Le modèle de Linde implique l’existence d’un grand nombre (1080 ou 10100) d’univers, voire d’une infinité d’univers, peut-être continue ("espace des possibles" de Gabriele Veneziano).
Il n’est alors plus improbable que nous soyons dans un de ceux ayant reçu par hasard les bonnes constantes au même titre que si l’on joue au loto toutes les combinaisons de front, on est sûr de gagner.
Ce modèle est difficilement vérifiable s’il n’y a pas de connexion possible entre les différents mini-univers. Ces questions sont cependant à l'étude.
- La théorie de « l’Univers hologramme », c’est sans doute l’hypothèse la plus pertinente ; elle est intensivement étudiée depuis quelques années par un nombre de chercheurs sans cesse croissant.
Selon le principe holographique, le monde qui nous entoure ne serait qu’une matrice, un hologramme, en somme une projection d’informations pures contenues sur le bord de notre région d’espace.
Je te conseille de relire l’étude que je t’avais adressée : « L’Homme hologramme de l’Univers », tu y retrouveras l’explication de ce qu’est un hologramme et les effets étonnants qu’il produit.
Il existe en France plusieurs sites où l’on peut voir un véritable hologramme produit par une lumière laser.
Autant dire que ton papa partage à plusieurs titres cette théorie, d’autant plus qu’il s’agit d’une hypothèse qui répond aux questions fondamentales de la dualité de notre existence.
Par ailleurs, que penser par exemple, des iridologues : ne voient-ils pas tous les organes d’un homme depuis l’étude de son iris et décèlent ainsi les anomalies et ses maladies !
Dire que le corps fonctionne comme un hologramme, c’est dire que chaque partie du corps contient des informations de la totalité et donne accès à la totalité.
La médecine chinoise en est le précurseur depuis des millénaires.
Il en est donc de même à partir de tous les organes du corps humain : la peau, les muscles, l’oreille, les cordes vocales, les pieds, le nez, la langue, le visage, les dents, l’aura…
C’est difficile de se représenter le concept d’hologramme-Univers mais Stephen Hawking, encore lui, réussit tout de même ce tour de force grâce à une subtile métaphore : « Il y a de cela quelques années, en Italie, le conseil municipal de Monza a promulgué un arrêté interdisant aux possesseurs de poissons rouges de conserver ses derniers dans des bocaux sphériques au motif qu’il était cruel de garder un poisson dans un récipient incurvé, car on lui impose ainsi une vision distordue de la réalité. Mais comment savons-nous que nous avons l’image véritable et non déformée de la réalité ? Pourquoi ne serions-nous pas nous-même dans un énorme bocal ? Et pourquoi notre vision ne serait-elle pas ainsi faussée comme par une énorme lentille ? Certes, la réalité que perçoit le poisson rouge est différente de la nôtre, mais comment être sûr qu’elle est moins réelle ? Si la théorie baptisée principe holographique se révèle correcte, nous et notre monde quadridimensionnel ne sommes peut-être que des ombres sur la frontière d’un espace-temps à cinq dimensions. Notre statut dans l’Univers serait alors analogue à celui du poisson rouge ».
Sur ton bateau j’avais laissé plusieurs ouvrages de Stephen Hawking ; ce physicien écrit beaucoup pour le grand public sur des sujets passionnants concernant l’Univers. De plus, il sait y adjoindre des images excessivement pédagogiques où tout paraît très simple à comprendre. Tu devrais tenter de les lire, car ils sont de ton niveau. Ils sont passionnants pour qui veut « apprendre » et améliorer ses connaissances.
Une autre métaphore : c’est comme si nous étions seulement les ombres, dans une grotte, d’entités vivantes et réelles à l’extérieur !
A l’image du film « Matrix », dans lequel l’espèce humaine évolue sans le savoir dans une réalité virtuelle simulée par des ordinateurs intelligents, nous pourrions nous mouvoir dans une réalité alternative dont nous n’avons pas conscience.
Cet Univers holographique pourrait paraître totalement invraisemblable… si ce principe ne jaillissait pas naturellement des équations de presque toutes les théories d’unification.
Considérée comme l’une des idées les plus novatrices de ces dernières années, la théorie de « l’Univers hologramme » pourrait rapidement s’imposer comme un modèle alternatif crédible et cohérent.
Le modèle cosmologique du Big Bang s’en verrait alors complètement bouleversé !
Conclusion :
Les physiciens espèrent désormais pouvoir rapidement dégager de nouvelles Lois physiques dans les échelles d’énergie extrêmement petites.
Une étape indispensable pour remonter le chemin vers le Big Bang initial et les premières secondes de l’Univers.
Parfois appelé la « particule de Dieu » la particule dite le « boson de Higgs », dont l’existence théorique est désormais validée expérimentalement de manière quasi certaine par les physiciens du CERN à Genève depuis juillet 2012 (avec l’accélérateur de particules LHC), va permettre aux physiciens de pouvoir confronter la théorie de la pratique.
Et c’est à partir des différences constatées entre ce boson physique et son modèle standard que les scientifiques pourraient être à même de résoudre diverses énigmes cosmiques, comme la « matière noire » et l’« énergie sombre » (vues plus haut), mais surtout la naissance de l’Univers.
En d’autres termes, l’analyse détaillée de cette nouvelle particule pourrait mener les chercheurs sur la voie d’une nouvelle théorie du monde physique, bien au-delà de l’actuelle.
Nous vivons une époque passionnante, car nous disposons déjà de connaissances scientifiques suffisantes pour affirmer que le hasard n’a pas sa place dans tout ce qui nous entoure.
Du même coup une réalité pointe à l’horizon : il y a nécessairement une Cause première à la Création et nous lui donnons le nom qu’on veut.
Certes beaucoup de mystères persistent.
Mais est-ce que l’Homme peut ou doit avoir une connaissance absolue du Tout ?
Une dose de mystère n’est-elle pas nécessaire, pour inciter l’Homme à chercher constamment pour hisser ses connaissances toujours plus haut vers l’état de Sagesse ?
Cela dit, dans la décennie qui suit des découvertes importantes sont à attendre, elles bouleverseront l’entendement des plus réticents.
Patience !
17°) La conclusion de ton papa, je l’emprunterai à deux personnages français hautement symboliques :
- Antoine de St-Exupéry dans une de ses dernières lettres écrivait :
« Il n’y a qu’un seul problème de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien,… redécouvrir qu’il existe une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence ».
- Camille Flammarion (1842-1925), astronome français, écrivain d’une cinquantaine d’ouvrages, c’est aussi un spiritualiste et il affirmait : « Le spiritisme est une science, pas une religion : l'athéisme est trop méprisable pour se réclamer de la science ou de la raison ou pour mériter le nom d'une quelconque idéologie ! II est trop insignifiant et trop petit pour avoir droit de cité ! L'athéisme n'est qu'une illusion suggérée à des esprits prédisposés à recevoir les injonctions sournoises des démons » !
A titre subsidiaire je souhaite t’apporter une notion d’importance qui m’est chère :
Dans ce document nous avons appris les forces qui interagissent dans l’Univers. Nous avons évoqué les millions de degrés nécessaires, au moment du Big Bang, pour que les premières particules se créent, de même que des forces considérables comme celle de la gravité qui agit sur tous les corps et les astres du cosmos et pourtant il y a une force encore plus forte que toutes celles-là !
C’est l’AMOUR.
Je n’ai pas entendu cela dans le prêche d’un ecclésiastique, ni dans une conférence ésotérique, pas plus lu dans un livre. Non, rien de tout cela.
C’était dit d’un éminent scientifique lors d’une réunion qui rassemblait les plus prestigieux vignerons de France dans le Vaucluse. C’était une réunion organisée par le mouvement de BIODYNAMIE dont je faisais partie.
Cet homme s’adressait à une assistance exclusivement de paysans ! Tous des vignerons.
C’est là que l’intervenant a conclu devant toute l’assistance de vignerons de grande pointure (sauf moi) : « l’Amour est plus puissant que tout l’Univers » !
Pour ma part, cela m’a éclairé et ramené à mon expérience.
En fait, à Graillefiot, la propriété viticole où tu es né, lorsque je passai dans mes rangs de vignes avec mon quad et son pulvérisateur « fait maison » pour épandre quelques dizaines de litres par hectare de mes « tisanes » de fleurs (ortie, prêle, achillée, valériane ou autres poudre d’argile et souffre…), je prenais toujours beaucoup de plaisirs…
Effectivement je prenais du plaisir malgré le mistral qui me renvoyait sur le visage le brouillard du purin d’orties (odeur persistante) que je pulvérisais ou même lors des heures très matinales de l’été où tout le monde dormait paisiblement.
J’avoue que j’éprouvais du plaisir malgré toutes ces conditions !
Après cette conférence j’ai compris le grand « secret » : ce que j’éprouvais comme du plaisir en fait c’était simplement de l’Amour pour mes vignes !
Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’elles me le rendaient bien.
Comment un nouveau viticulteur comme moi, sans expérience, sans même un grand-père pour me conseiller, pouvait du jour au lendemain conduire 10 hectares de vignes avec « des tisanes de plantes », sans connaissances ni expériences de la terre et du vignobles avec un minimum de réussite ?
Malgré toutes mes erreurs sur le terrain (qui laissaient bouche bée mes collègues lorsque nous faisions des visites de nos vignobles respectifs), malgré les « tisanes » diffusées sur mes vignes en soins préventifs (tisanes que j’aurai pu boire) face aux traitements hautement toxiques et mortels employés par tous les autres vignerons, à Graillefiot, ton père obtenait des raisins d’excellence à chaque récolte. Bien sûr tous mes vins issus de ces fruits exceptionnels obtenaient des médailles d’or !
Outre que mon fils, ce Prince Teiva, soit né dans les vignes à cette même époque, j’aurai compris le « grand secret » de la Nature lors de mon expérience dans ces mêmes vignes.
Je finirai sur un autre exemple.
Il y a une dizaine d’années je suivais un reportage à la télévision sur les vignobles de France. Le journaliste accompagnait le vigneron dans ses vignes. Au vu du discours de cet homme mondialement connu, le journaliste fini par lui demander : « Mais en fait, c’est quoi que vous aimez le plus ? Votre femme ou vos vignes ? ». Le vigneron se jeta sur un cep de vigne qu’il prit dans ses bras et dit avec passion : « Mes vignes » ! Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’aimait pas sa femme…
Il faut savoir que ce monsieur est le propriétaire-vigneron du clos de la « Romanée Conti » en Bourgogne, il s’agit tout simplement de l’appellation la plus prestigieuse du monde. Voilà quel était son « secret » pour élaborer de père en fils des vins uniques quasi introuvables, vu leurs prix et leur rareté : l’Amour qu’il portait à ses vignes.
Comme tu l’as constaté dans ces deux cas le dénominateur commun est l’Amour.
Ceci démontre que notre Amour interagit sur la matière et à plus forte raison sur les animaux et l’Homme.
Un scientifique japonais a même prouvé que des paroles de compassion interféraient sur de l’eau ! Le résultat était visible sur les cristaux de glace formés après congélation de cette eau exposée…
Ton papa pense très simplement que c’est l’Amour qui gouverne le monde.
Certes, avec les temps qui courent on peut se dire que le secret, aussi simple soit-il, est inconnu de beaucoup trop d’Humains. Et pourtant il arrangerait nombre de situations injustes parmi les Hommes.
Par ailleurs, je suis convaincu que cette aptitude offerte à chacun de nous, il s’agit bien d’un « cadeau de Dieu ».
Facile à démontrer !
Pour DEUX raisons.
Tout simplement parce que c’est :
- « Gratuit » et...
- « A la portée de chaque être humain ».
Pour ton père, ces simples doubles conditions sont l’explication - la seule explication - qu’il s’agit de la « signature » de ce Dieu, cette « conscience-intelligence » dont nous avons largement démontré l’Œuvre ci-dessus.
A travers cette expérience vécue par ton père, et confirmée par un autre contemporain, ce vigneron prestigieux, je t’apporte une démonstration très personnelle des conséquences physiques et bien réelles des effets de l’Amour autour de chacun d’entre nous.
Après les démonstrations scientifiques ci-dessus, ce Dieu décrit peut-être aussi le tien.
Cet Amour que chaque être humain est capable de diffuser est un avantage qui n’est pas réservé aux nantis, aux plus riches, aux plus beaux, aux plus intelligents… c’est à la portée de chaque Homme, le plus modeste, le plus démuni soit-il.
Cette justice universelle est la preuve que l’Amour que tout notre corps diffuse et émane est bien un « cadeau de Dieu ».
Comme toutes largesses il est possible à chacun de nous d’en apprécier le bonheur qu’elles procurent.
Puisse-toi, mon fils, injecter un peu de spiritualité dans ton quotidien avec beaucoup d’Amour et de compassion autour de toi, respecter la Nature comme si tu en faisais partie intégrante, toujours consacrer beaucoup d’efforts pour compléter tes connaissances et l’avenir t’ouvrira ses portes.
Ton papa qui t’aime.
Dominique PRACHERSTORFER
Texte achevé à Samatite, Sénégal, le 23 décembre 2016 à 23 :50
Adressé par mail, le jour de Noël 2016, à Teiva qui se trouve quelque-part sur la Planète et dont j’ignore le lieu.