« LA VALLEE DU MIEL et MOGADOR »
Déjà 15 jours passés à SAFI ...
Notre notion du temps devient toute relative.
J’en suis très heureux, car c’est la preuve que nous tenons le bon bout…Pourquoi ?
Nous savons tous que le temps sur lequel nous autres, êtres humains, sommes réglés est basés sur les cycles de notre Terre dans le système solaire avec un rythme journalier (jour / nuit) de 24H00. Bref nous vivons au rythme du soleil, le temps concret.
Mes différentes lectures m’ont appris qu’il peut en être tout autrement.
Par exemple, la physique quantique nous apprend que le temps n’est que le produit de notre conscience…
Le temps c’est plus que cela. A bien y réfléchir, sa définition même nous échappe, et toute réflexion sur son essence nous entraîne vers des abîmes métaphysiques et les plus hautes sphères de l’abstraction. Il est le mystère des mystères même si Einstein nous a fait avancer d’un grand pas en reliant la notion d’espace et de temps.
A chaque être humain de prendre conscience de la place infime qu’il occupe dans cet espace démesuré qu’est l’Univers et de s’interroger sur la signification de notre passage (aussi limité dans le temps que représente une vie entière d’être humain).
C’est cette longue réflexion qui m’anime depuis quelques temps. Elle est soutenue par la lecture d’œuvres diverses (entre autres d’origine bouddhistes et hindouistes) qui m’incitent à penser que l’être humain ne peut qu’être duel.
C'est-à-dire composé d’un corps (ou enveloppe) matériel et d’une âme immortelle. Si l’âme est immortelle elle n’est pas soumise aux limitations du temps et de l’espace.
L’acceptation de cette prémisse permet de changer ma vision des choses et d’adopter un nouveau paradigme qui a pour effet de transformer radicalement mon approche de la Vie et de rompre les chaînes de mon éducation matérialiste focalisée sur un seul aspect de l’existence.
Cette philosophie de la vie s’impose à mes yeux, pour la simple raison qu’elle donne un sens moral à mon existence sur Terre. S’il n’y avait rien après… quel gâchis !!
D’où ma croyance de la réincarnation.
Ce qui est sûr c’est que j’ai acquis la certitude que nous ne sommes pas faits pour courir après le temps. C’est pourtant ce que notre vie « moderne » nous incite de faire dès lors que nous sommes éveillés.
D’ailleurs, c’est le temps qui régit notre vie moderne matérialiste : « Time is money ».
Ensuite, chaque jour c’est la course contre la montre, et les files d’attente.
L’organisation de la vie actuelle semble s’écarteler entre deux extrêmes : d’un côté tout faire rapidement et toujours plus vite, et de l’autre, nous rappeler sans cesse notre statut d’être humain subissant les contraintes de l’espace et du temps, et nécessitant de ce fait un ralentissement régulier de notre rythme trépidant.
Sans vouloir imposer ma vision de la vie, je me suis essayé à vous faire comprendre la juste raison de mon souhait de « larguer les amarres », de m’enrichir à travers la découverte des autres et ceci au rythme le plus lent qu’il soit.
C’est ainsi que nous sommes toujours à Safi, parce que nous y avons découvert une population accueillante. J’ai bien dit « une population ». C'est-à-dire que notre impression ne se limite pas à quelques personnes rencontrées ici ou là au gré de nos déplacements et qui nous ferait généraliser ensuite.
Chaque personne que nous croisons, enfants, hommes ou femmes portent ce regard chaud à notre égard. Nous nous y sentons bienvenus. Voilà tout.
Lundi 24 novembre :
Plusieurs voiliers nous aurons accosté pendant notre séjour au quai de Safi. Bien sûr, nous découvrons « radio cocotiers », cette formidable source d’infos dont il faut savoir faire le tri. C’est ainsi que nous apprenons que la marina d’Agadir est très chère (gérée par une société privée qui gère aussi un port de la Côte d’Azur).
Pourtant je pensais que cela serait un bon point de départ pour faire visiter le Grand Sud marocain à ma Do.
Je vous rappelle que je suis un pro du Maroc... D’ailleurs je suis surpris du vocabulaire marocain qui me revient jour après jour. C’est déterminant pendant les « opérations » de marchandage de démontrer que je suis un peu du coin, en particulier cela évite la tendance de tout marocain à multiplier le prix normal par deux lorsqu’il est en présence d’un étranger.
Il s’avère que tout concoure à laisser le bateau à Safi, en confier la surveillance à Bouchaïb et des français du voilier à couple d’Araka Nui.
Après une âpre cavalcade dans Safi avec mon ami Bouchaïb, nous trouvons une petite Fiat pour 25 € par jour. C’est parti pour 4 jours dans le Sud. Cap vers Agadir.
Avant de partir nous avions tenté, mais en vain, d’acheter un guide du Maroc.
Mais Safi n’est pas assez touristique pour trouver ce genre de produit. Aussi nous avons sollicité nos voisins Danielle et Gérald, un couple de retraité qui visitent Safi en profondeur depuis 10 jours et qui vont justement visiter Mogador en bus pour qu’ils nous rapporter un guide.
C’est ainsi que nous partirons avec un superbe « guide du routard 2008 ».
Ayant reçu le guide quelques jours avant le départ nous avons pu nous concocter un parcours sur mesure. Ce sera Ouarzazate et Zagora avec les vallées du Dadès et du Draa.
Le départ de Safi est donné à 10H00 et nous embouquons la route intérieure qui mène à Agadir en évitant Essaouira (Mogador). Nos amis nous ont décrit Mogador et sa Médina très cosy et bondée de touristes ; nous préférons rester sur notre bonne impression de la Médina de Safi. Et puis nous pensons que toutes les Médinas se valent.
Midi arrive très vite et l’estomac de l’équipage réclame sa pitance.
C’est ma Do qui conduit. Elle est tellement chi.... lorsque je dépasse la limitation de vitesse, que je préfère déléguer la fonction royalement. Au moins je profite du paysage les doigts de pieds en éventail.
Seul problème nous avançons à 40 Km/h de moyenne, dans ce cas il faut reconnaître que nous serons rendu à Agadir dans 3 jours…mais en toute sécurité.
Soit 3 jours aller et autant pour le retour = voyage dans la bagnole !
Ce n’est pas le bon deal. Je reprendrai donc le volant après l’excellente escale déjeuner autour d’une piscine et des orangers chargés de fruits.
D’ailleurs nous sommes allés « emprunter » 2 belles oranges en haut de l’arbre, histoire d’apprendre à notre artiste : l’art de cueillir un fruit mûr, sans demander et sans se faire prendre… mais attention : en disant merci au Bon Dieu. D’autant que ces oranges navelles étaient les toutes premières de la saison. Actuellement c’est plutôt la période des clémentines.
La route vers Agadir est sans histoire. J’arrive à garder 1 œil sur la route, 1 oeil sur le paysage et 1 œil sur le compteur pour assurer la moyenne !
Il faut une anatomie spéciale pour conduire sur les routes marocaines.
En fin d’après midi, la nuit arrivant très vite, mon copilote, l’œil rivé sur le guide du routard, me récite (pas le coran, mais presque) tous les petits patelins avec leurs particularités.
Non, c’est pas encore le bon pour l’escale du soir, me dis-je.
Il faut avouer que je suis exigent et que la liste des critères est longue.
Puis nous traversons un petit bourg le long d’une plage immense avec une cinquantaine de barques de pêcheurs remontées sur la grève, le soleil va bientôt se coucher. Déjà je me fais mon cinéma dans ma tête : ballade sur la plage au coucher du soleil pour dégourdir les jambes de l’équipage.
Je stoppe devant le seul bistrot. Demande où pourrait-on dormir. Quelques palabres en arabe et avec les mains et me voilà présenté à l’épicier.
Il s’avère que cet homme est le proprio d’un superbe appartement à l’étage et du complexe épicerie-bistrot-restaurant.
Je visite l’appartement au pas de course derrière mon guide. Je négocie le prix de la ½ pension (en réalité, pas vraiment : coucher de soleil imminent oblige : c’est à ma Do que j’ai osé dire que j’avais négocié ferme).
Bref, je file à la voiture : « c’est OK la petite famille. Tout le monde descends. Fissa, on débarque notre bardas dans l’appart et on rejoint la plage avant le coucher du soleil » !
En réalité la précipitation n’était que dans mon esprit seulement. Mon plaisir d’organisateur est tel que je fais en sorte que tout soit lisse, facile, magique et beau. Même s’il faut accepter un tarif « américain » pour ne pas louper la ballade sur la plage…
Et bien, nous avions bien pressenti le coup : justement une barque de pêcheur arrivait…
Nous avons pu suivre les opérations de débarquement du matériel et du poisson par une noria d’hommes. Puis il a fallu porter, traîner cette barque, qui faisait bien sa tonne, sur plusieurs centaines de mètres (marée basse oblige). Trois troncs d’arbre en travers et « y’allah » les 12 hommes à porter, tirer, pousser cet engin très lourd.
De retour à notre location, ma Do fait l’inspection.
Il y a un hic. Les draps ont fait la saison complète !
Je me rappelle alors un couple de personne que j’avais connu qui m’avaient laissé pantois lorsqu’ils m’apprirent qu’ils apportaient toujours leurs draps dans les hôtels … en France ! Il faut dire que le monsieur commerçait dans la literie à Paris !!
Pour l’occasion cette pratique nous aurait bien aidé. Pas question d’aller pleurer chez l’épicier. Question de fierté. Chez nous on est pas des ...
Ma Do qui est opérationnelle, instaure que nous ferons dormir Teiva dans notre grand lit entre nos 2 sacs de couchage ouverts. Ce que l’artiste adore faire, vous imaginez bien.
Cette opération se justifiait encore plus pour le petit lit, qui pour l’occasion avait des draps qui venaient de passer 2 saisons de locations !
Nous attendions depuis plusieurs jours « la bonne douche à l’hôtel ».
Et oui, sur Araka Nui nous sommes à Safi depuis 10 jours et c’est à chaque fois la course aux « bakchich » pour avoir de l’eau. Pas que ce soit cher. Non. Mais c’est toujours une embrouille pas possible dont on ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants. Conclusion, nous n’avons obtenu de l’eau qu’une seule fois depuis notre arrivée.
En sus, je vous rappelle que malgré l’autonomie énergétique de notre maison flottante, il faut faire tourner ½ heure un moteur pour avoir la douche chaude. Comme je me suis cassé la tête avec mes amis Bernard et Jean pour ne pas être obligé de faire du moteur tous les jours pour recharger les batteries, vous comprendrez que ça me fait rechigner de lancer les moteurs uniquement pour l’eau de la douche de mon équipage préféré.
L’heure de la douche arrive donc. Il y a un hic...
Le petit chauffe-eau à gaz (dimension lave-mains) est à 25 mètres de la douche. L’eau tiédasse arrive en pointillé. Pour les grandes eaux de Versailles ce sera pour la prochaine fois. Inch’Allah. Mon Teiva n’a pas apprécié. Pas plus que sa mère qui attendait ce jour avec impatience pour se laver les cheveux.
Moi, stoïque je ne lui avais même pas dit que l’épicier m’avait bien averti : son petit réservoir d’eau été alimenté à la main, qu’il n’y en avait pas beaucoup et qu’il fallait y aller mollo sur le robinet ! Du coup la douche écossaise a eu raison de l’équipage qui s’est avéré très économe en eau.
L’opération lavage de l’équipage étant vite bâclée, nous nous dirigeons vers la terrasse attenante pour déguster notre tagine de poisson. Après cette journée de voiture, le dodo est bien mérité. Nous nous insérons dans le lit, un montage spécial sandwichs élaboré par notre Do qui a fait le désert (ici aussi les nuits sont très fraîches depuis 8 jours).
Mardi 25 novembre 2008 :
Au petit matin le coq de service (Teiva), fidèle à ses habitudes, gesticule et tape dans nos « fragilités génitales » pour réclamer son chocolat.
A bord, quand il appelle à la même heure on le laisse un peu brailler. Entre les coques bâbord et tribord il y a de la distance… Mais quand nous l’avons entre nous deux : il en profite le bougre. Il se venge.
C’est de bonne guerre.
Le petit déjeuner nous fait découvrir une particularité berbère. Nous savons que nous entrons dans le pays du miel. En effet, sur la table sont présentés soucoupe de confiture, de beurre et de miel.
J’attaque la confiture. Tout est correct.
Do qui pratique le miel tous les matins, attaque le miel.
Un fois fini la tartine elle me sort : « c’est bizarre le miel a un petit goût d’huile » ! Je lui réponds comme celui qui sait tout : « ils sont pauvres, peut être ont-ils l’habitude de l’allonger un peu »…
A sa 2ème tartine ma Do précise un peu mieux : « c’est bizarre, il est très liquide ».
En bon chef de famille je m’oblige à goûter, dès fois qu’on m’empoisonne ma progéniture !
« Et couillon, c’est de l’huile d’olive pure ! » lui jetai-je en pouffant de rire.
Je vous avez dit que ma Do avait la vue qui baissait… Voilà les conséquences.
Elle prend de l’huile pour du miel. D’ailleurs on en reparlera du miel de la région un peu plus loin : c’est une pure merveille et sûrement pas liquide comme de la flotte !!!
Après ce "petit-déj" copieux, l’épicier-aubergiste-hôtelier nous apporte, fort gentiment, les réponses précises sur notre itinéraire qu’il nous manquait.
Au fait je ne vous avais pas dit la meilleure !
Quand nous avons découvert d’une part, les routes nationales marocaines et d’autres parts la moyenne réalisée par jour, nous avons vite compris que Ouarzazate et le Grand Sud auraient été une vraie galère pour notre gadget de 3 ans ½.
Aussi nous avons très rapidement revu à la baisse nos désirs égoïstes de déserts et autres vallées du Dadès.
C’est ainsi que nous avons opté pour la Vallée du miel à 20 Km au nord d’Agadir. En nous disant que nous y traînerons pendant 2 jours à faire quelques ballades à pied et autres découvertes de villages berbères.
C’est ainsi qu’à ½ heure de voiture de notre « bivouac » nous quittons la route côtière d’Agadir vers les montagnes intérieures. Très vite nous longeons des gorges taillées dans la pierre rouge et déjà nous doublons des petites oasis charmantes.
Lorsque le soleil fut déjà bien haut et que la température se trouva agréable nous nous arrêtâmes dans un de ces petits villages berbères de montagne bâtie sur la périphérie d’une oasis.
"Oasis dans la Vallée du miel et du Paradis,
à 20 Kms dans le Nord d’Agadir"
Après avoir appris à Teiva à bien marcher sur la petite bande de terre étroite faisant office de chemin, nous déambulons au milieu des carrés de culture, saluant ici ou là le paysan qui irriguait son champ.
Je ne sais pas si la lumière qui filtrait à travers les palmiers, ajoutait un petit air magique supplémentaire mais j’avais l’impression d’avancer à pas feutrés dans un rêve : un éden resplendissant de Lumière dans un havre de paix et de murmure voire de silence.
D’ailleurs, mon fils ne s’y trompait pas, il ne réclamait pas les bras de sa mère : il glissait avec un réel plaisir au milieu de ses petits carrés de blés fraîchement arrosés.
Puis, je vois un vieux berbère, le salue, m’approche de lui doucement est lui demande dans un arabe sommaire s’il y a moyen de manger quelques choses dans le village.
J’avais bien vu que ce n’était pas un coin à touristes et les quelques derbs en périphérie n’avaient rien de commun avec une échoppe pour gosiers de touristes affamés.
Le vieux monsieur me répondit dans un français impeccable :
- « qu’est ce que vous désirez mangez » ?
Moi, pas bégueule je lui répondis :
-
« peu importe, ce qu’il y aurait… un tagine par exemple » !
-
« Oui, si vous voulez, je vous fait le tagine chez moi ».
Après m’avoir expliqué où sa maison se trouvait, nous convenons que nous le rejoindrons après notre ballade dans cet oasis de paix dans une heure.
Au bout d’un certain temps lorsque les batteries de l’équipage furent ressourcées de ce bain de jouvence nous regagnâmes la voiture pour rallier la dite maison à la sortie du village.
Notre Mohammed nous attendait devant sa jolie maison moderne qui surplombait la vallée face aux gorges majestueuses d’où s’échappait une immense cascade (à sec quand nous y étions).
"Les gorges de la vallée du miel. Vue depuis la maison de Mohamed".
Nous nous déchaussons avant de rentrer, comme il se doit dans la coutume.
Et m…., il nous installe dehors dans la cour en béton autour d’une table de jardin en plastique, alors que nous voyions bien l’intérieur couvert de faïences et rutilant.
Possible que sur ce coup le Prachou n’a pas compris le deal…
En fait, rassurez-vous, l’hospitalité berbère n’est pas un vain mot. Dans la cour nous avons dégusté le thé à la menthe avec la « kesra » (pain rond marocain) une soucoupe d’un produit très épais et une soucoupe de liquide verdâtre.
A l’usage, ça c’est avéré être le meilleur miel du monde et de l’huile d’olive aux parfums inégalés.
Après avoir tout appris sur le miel de cette vallée, notre hôte Mohamed nous invite à entrer dans sa jolie maison. Et là, le meilleur tagine de ma vie nous est servi.
En fait ce qui fait la différence c’est précisément la qualité des légumes : jusqu’aux petits pois chaque légume était une explosion de goût dans le palais.
Des légumes cultivés avec amour, dans la vallée du Paradis dans un terroir exceptionnel cela offre des légumes d’excellence. Et le tagine mijoté sur un « kanoun » au charbon de bois se trouve être un petit bonheur des goûts retrouvés.
Au fil de la conversation nous découvrons que Mohamed, qui était cuisinier à Agadir avant le tremblement de terre (1960), a très bien connu l’hôtel Marhaba (avant qu’il ne soit écroulé) qui était sur la plage, et où mon père animait le « Club Mickey » tout l’été, faisant ainsi profiter sa famille au frais de l’océan, loin des chaleurs torrides de Marrakech. (photos ci-contre)
"Mon père Alix, animateur du Club Mickey, hôtel Marhaba -
AGADIR – 1953"
Le temps passe et nous demandons à notre hôte où se trouve l’hôtel Tifrit où nous avions prévu de descendre ?
Mohamed nous précise que c’est à 5 Kms plus haut dans la vallée et que c’est son gendre qui tient l’établissement. Il se propose de nous y accompagner. Le monde est petit.
Malgré sa résistance de recevoir 200 Dirhams pour le remercier de ce succulent accueil nous réussissons à les glisser à sa femme : pour ses petits enfants…
Imaginez bien la situation :
Vous vous baladez dans la rue, vous abordez le premier venu, vous lui demandez où il y a un restaurant, il vous propose de vous faire manger chez lui pour vous dépanner parce que dans le patelin c’est le désert, sa femme vous fait patienter devant un thé succulent le temps que le tagine du siècle mijote et pour finir … il vous invite à ne pas le payer !!
Allez donc trouver ça en France…
Arrivés à l’hôtel, Mohamed demande à son gendre de nous réserver le meilleur accueil (traduisez : ne les prends pas pour des citrons et assures leur le bon prix).
Malgré sa résistance je raccompagne Mohamed chez lui ; il était près à se taper les 5 Kms à pied, du haut de ses 85 ans, seulement heureux d’avoir rendu service.
« L’hôtel est très cosy, mais pas cher... » dira ma Do (merci le guide du routard).
Dans l’après midi nous continuons un peu en voiture en remontant la vallée du Paradis.
Nous allons à la découverte de ces abeilles et tombons sur un apiculteur amoureux fou de son métier et des abeilles. Il nous amène voir ces ruches de conception ancestrales réalisées dans un tube en osier recouvert de terre et de bouse de vache.
Il nous explique que le miel de la région (miel de thym, de cactus, de caroubier etc…) est exceptionnel et recherché par tous les marocains gros consommateurs de miel, en particulier parce que les abeilles trouvent dans la vallée des plantes aux arômes très forts. (J’avais remarqué ça en dégustant les plantes aromatiques du jardin de Mohamed).
Nous échangeons longuement et je lui explique l’agriculture biodynamique élaborée par Rudolf Steiner qui place les abeilles au centre du monde.
A ce titre, j’ai un scoop a vous donner : le même Steiner a dit dans les années 20, que si les abeilles disparaissaient de notre Planète, l’homme en avait pour 6 mois à disparaître. Avant de quitter la France, j’ai appris qu’un fléau inexplicable frappait les abeilles et que celles-ci mourraient par million de par le monde. Aux USA leur nombre serait tombé à 50 %...
Pour info, c’est le même homme qui avait prédit en raisonnant par l’absurde : « c’est comme si on donnait de la viande à manger aux vaches, elles deviendraient folles… ».
La douche du siècle ne se fait pas attendre, l’équipage commence à puer le fennec.
Puis l’heure du dîner sonne pour les estomacs creux.
Depuis 2 jours notre rejeton ne mange plus rien.
Non, il n’est pas malade.
Mais impossible de le garder en place : partout où nous allons il y a des chats.
Et la chasse aux chats est plus importante qu’assouvir sa faim pour Teiva.
Conclusions : quand il arrive, c’est froid, il râle, en bon père de famille je lui dis : « C’est plus l’heure, demain il fera jour et tu mangeras mieux »…
A ce rythme l’artiste il fait la diète. A cela s’ajoute une petite indisposition gastrique, un petit « chouya » de rhinite et un zeste de fatigue.
Donc la maman diététicienne es sciences en conclu que ce soir il serait judicieux de commander un coucous pour que Teiva mange un peu (mon fils n’est pas trop « tagine » comme son père) !
Le couscous, c’est de la flotte. Peu importe, mon fils a bien mangé, sa mère est heureuse.
Nous sifflons 2 bouteilles de rosé avec un jeune couple de hollandais et l’hôtelier tout en philosophant sur l’avenir du Maroc.
Toujours est-il qu’à 2 heures du matin notre Teiva dans une grande quinte de toux nous « dégueule » son mauvais couscous dans son lit. Dehors il fait un froid de canard.
Nous sommes à 1200 mètres d’altitude. Après un aller-retour aux sanitaires extérieurs l’artiste rapplique douillettement dans la couche parentale. Ce qui nous autorisa à dormir ma Do et moi-même de part et d’autre de la bassine et de notre fils.
Nous avions bien prévu, car le bébé aura remis cela par deux fois encore dans la nuit.
Le lendemain notre Teiva sera remis de ses émotions comme si de rien n’était ; pas comme les parents qui tiraient un peu du nez. Il est dur notre gaillard.
Mercredi 26 novembre 2008 :
Un bon petit déjeuner au miel du pays et ça repart. Toute la famille est d’attaque.
Nous avions prévu de rester 2 jours à cet hôtel pour rayonner dans la vallée.
Mais là, c’est le côté génial que nous avons ma Do et moi-même, sans s’épancher sur le sujet, nous avions déjà le même avis : c’est bon, ici on fait le tour du sujet on ne reste pas un jour de plus.
C’est fou, ce point de vue identique que nous avons dans toutes les situations. Du coup nous tombons d’accord presque systématiquement pour tout.
Ou presque.
Pas sur la façon dont ma Do suit l’équilibre alimentaire de son fils.
D’ailleurs, c’est à ce titre que je lui sort souvent et à chaque occasion, « toi, la diététicienne tu devrais savoir que pour ton fils… » (Ce genre d’approche du père, elle n’aime pas trop, elle se rebiffe, mais au moins c’est dit).
Du coup je propose à ma Do de poursuivre cette vallée jusqu’à la route Agadir-Marrakech et d’aller dans la vallée de l’Ourika au sud de Marrakech où j’ai aussi de très beaux souvenirs d’enfance.
La fin du parcours de cette vallée du miel est époustouflante de beauté.
Le Créateur à mis tout son savoir faire pour réaliser autant de paysages saisissants et différents sur des distances aussi courtes. Non, Daniel, il n’y a pas de Créateur…
Néanmoins à la croisée des chemins vers Marrakech ou Safi, nous nous rendons à l’évidence : Marrakech c’est trop loin. Les distances sont importantes et malgré la qualité des routes les moyennes ne peuvent dépasser 60 Km/H.
Accord unanime de la famille : nous rentrons.
Ce soir nous irons donc à Essaouira.
"La maison du chameau, au bout du bout, du monde.
Sans électricité, mais quel bonheur de simplicité".
Nous choisissons « la maison du chameau » 7 Kms avant Mogador. Un petit derb composé de 4 chambrées sans électricité. Nous redécouvrirons le bonheur d’un bon éclairage à la bougie.
Mais il est encore tôt et nous avons le temps d’aller dire un petit coucou à Mogador et son minuscule port de pêche dans lequel nous devions faire escale.
Après une ballade sur son immense plage, nous allons faire un tour au port de pêche.
"Le minuscule port de pêche de Mogador".
Effectivement je reconnais que nous aurions eu du mal à caser notre cata dans cet enchevêtrement de chalutiers et cette marée de barcasses de pêche bleues.
Les trois petits voiliers, à couple de la vedette de secours en mer, perdus dans un amalgame de coques crasseuses et puantes, semblent être un anachronisme.
Puis, nous nous engageons pour la visite de la Médina attenante.
En effet, la Médina est très cosy. Trop peu être.
Ca fait un peu échoppes à touristes (style la Grande Gargouille de Briançon). Nous nous faisons arnaquer par un marchand de parfums, nous mangeons la plus mauvaise soupe arabe de ma vie (mais pas chère me dira Do).
Mais ne soyons pas bégueule, la Médina est très belle, remplie de touristes. Nous aurons quand même une préférence pour celle de Safi : plus authentique.
Vers vingt heures nous rejoignons notre petit derb perdu dans la cambrousse.
En arrivant nous découvrons un couple de français qui se sont fait servir par la maîtresse de maison un tagine dont ils nous vantent les mérites, le tout devant un superbe feu de cheminée. Pour le coup, je reconnais ne pas avoir été bon et je regrette le restau à touristes désargentés de la Médina, où d’ailleurs mon fils adoré s’est vu présenter un plat de spaghettis nature.
Nous nous couchons dans des draps éclatant de propreté, la pièce légèrement chauffée par 2 bougies gentiment allumées par notre hôte avant notre arrivée.
Nous apprécions les quelques pages de lecture à la lueur des bougies avant de nous éteindre en beauté après cette journée pleine de belles images.
Jeudi 27 novembre 2008 :
Le lendemain, il faut prendre le chemin du retour. Nous préférons annuler la sortie en chameau, car le temps menace (il a plu dans la nuit).
Nous retournons à la Médina de Mogador (comme si nous n’avions pas eu notre dose).
A vrai dire ma Do avait des trucs de femme, urgents, à acheter, car c’était les eaux du Rhône avant l’heure…
Nous avons pris une rincée au passage, nous nous sommes réfugié au grand Café de France à siroter un thé à la menthe en lisant le journal du pays et en attendant que l’orage passe. Le journal est écrit dans un français impeccable qui ferait rougir de honte nos pigistes du Dauphiné Libéré ou autre Midi Libre.
Pour déjeuner, nous avions commandé un tagine à notre « maison du chameau » et après un bon café, nous avons entamé la route côtière Essaouira – Safi.
Cette route suit une très belle côte sauvage où les terres cultivées bordent le sable des dunes de cet océan toujours agité.
dans le silence de la campagne et le grondement des vagues au loin".
Nous retrouvons Safi après ce petit parcours initiatique.
Maintenant nous attendons une bonne fenêtre météo pour faire route directe vers Lanzarote où nous retrouverons Paulette le 10 décembre.
lors de notre repas d’adieu sur Araka Nui".
Au revoir, Maroc magique !
D.P