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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 20:28

 

Où nous nous arrachons enfin de la marina de Las Palmas...


Mercredi 25 mars 2009
:

    Nous invitons à dîner les 2 familles d’amis voileux français de la marina pour ce grand jour.

    Par discrétion nous leur avions seulement évoqué comme motif la cause de notre départ le lendemain. En fait, c’était surtout les 47 ans de ma Do…

Ainsi Teiva retrouve son bon copain Léo (ils ont le même âge) qui est revenu la veille de chez sa grand-mère en Bretagne. Pendant que nos deux artistes jouent aux pirates, nous les anciens,  arrosons l’évènement avec un tagine d’agneau aux amandes maison.

 

    Le lendemain jour du départ il pleut comme jamais ! Ce n’est pas un peu d’eau qui va remettre en question notre décision d’en finir avec la marina de Las Palmas. Nous commencions à prendre une attitude inquiétante : comme ceux qui y sont scotchés depuis des années.

    C’est pourquoi notre décision est inflexible ; d’autant plus que nous avons eu la bonne idée de nous mettre au mouillage à l’extérieur de la marina mais toutefois dans l’immense port de Las Palmas. Ainsi nous pouvons nous amariner, guetter la météo favorable pour changer d’île et lever le mouillage en quelques minutes.

 

Lundi 30 mars 2009 :

    C’est parti. Route plein sud, vers …Maspalomas à une quarantaine de milles, le grand sud de Grande Canarie.

    Là bas nous mouillerons pour passer la nuit. Toujours en phase avec nos habitudes : nous avalons une étape de jour, au mieux nous débarquons avec notre P’tit Coco (notre annexe) vers la plage pour donner de l’exercice à notre p’tit mousse. En général, il s’affale pendant toutes les navigations dans le grand fauteuil du capitaine scotché devant sa télé ou par terre sur un matelas quand le bateau bouge trop.

    Il faut dire que la descente aura été un peu shaker…

    Nous arrivons dans une grande baie bien abritée de rêve : sa jolie plage de sable noir, son petit village de pêcheur blotti contre la falaise, ses palmiers longeant la promenade et le petit bistrot canarien !

    Tout y est pour en faire un Paradis. Sauf…

l’immense usine fabrique de ciment poussiéreuse et imposante qui jouxte le village et la plage…

    J’ai vu beaucoup de lieux idylliques sur notre belle Planète Bleue depuis que je bourlingue ; mais tous m’apparaissaient avec au moins une imperfection : la solitude, les moustiques, la précarité, l’humidité, le vent…bref, ce n’était pas le Paradis il me manquait quelques chose !

    A présent, je fais partie de ceux qui pensent que le Paradis se crée uniquement avec sa pensée et son cœur. Il est vrai que le résultat est plus probant lorsque l’on se trouve dans un environnement sympa. Mais en y croyant fermement et avec un peu de pratique il parait que les sages hindous ou lamas tibétains y arrivent même immobilisés et …malades !  

    Il est certain que notre cerveau contribue par la pensée à nous permettre ces voyages.

Premier avantage évident : chaque être humain possède cette faculté. C’est un cadeau. 

   Nous autres occidentaux avons perdus ces connaissances et notre matérialisme pur et dur a pris la relève. Ceci explique une très grande partie de nos maux.  

 

Mardi 31 mars 2009 :

   Aujourd’hui nous traversons vers la grande île de TENERIFE.

La météo prévoyait un alizé du nord-est et nous rencontrons du nord plus musclé. Il ne nous en faut pas plus pour changer la donne.

    Ainsi nous nous trouvons au pré serré. Allure à laquelle notre fier catamaran n’est pas  dans ses avantages.

    Nous découvrons aussi pour la première fois les zones d’accélération du vent, propres à toutes les pointes sud des îles canariennes.

    C’est facile à imaginer : vous naviguez avec une petite brise de quelques nœuds par l’arrière, une petite caresse en quelques sorte, qui vous donne l’envie d’envoyer toutes les voiles dont la plus légère de petit temps : le gennaker. Puis sur 200 mètres vous franchissez comme une barrière avec un vent de 25 nœuds de face.

    Autant dire que si vous avez le gennaker hissé dans ces conditions, je vous parie des soucis.

    L’avantage c’est que nous sommes sensés connaître les zones de ces phénomènes mais lorsqu’on veille sérieusement (comme je le fais systématiquement dans nos types de navigation à la journée) il est facile d’observer les gros moutons blancs au sommet des vagues.

 

    Dans notre cas, aux Canaries nous avons pris la sage décision de ne jamais lancer le gennaker. Du même coup nous ne possédons comme voile propulsive que notre solent que j’appelle mon « aile d’avion » tant il est beau. Son seul inconvénient : sa petite surface. La grand voile est toujours notre « mouton à cinq pattes » tant elle est capricieuse à donner un avantage de propulsion suivant notre allure.

    Du coup c’est Volvo & Cie (ils sont deux de 55 CV) qui se décarcassent pour nous faire tenir une moyenne raisonnable et atteindre notre objectif avant la nuit.

    A tel point que ma Do qui a toujours le mot qui convient, m’envoie : « on est en vacances, mais on est pressé… ». Elle exagère.

    Sa mauvaise foi évidente oublie de préciser qu’elle est aussi la première à apprécier des traversées les plus courtes possibles avec la petite sortie à terre à l’arrivée.

    Aujourd’hui l’étape a été plus longue, nous avons avalés 70 miles. Nous profitons immédiatement d’un apéro bien mérité, notre fier vaisseau mouillé dans une eau plate aux teintes du soleil couchant : la baie de Los Christianos (28°02’6 N et 16°43’1 W).

    Nous sommes au sud de TENERIFE. La description des alentours sera rapide : nous sommes face à la principale station balnéaire de l’île. Je laisse votre imagination faire le reste.

    Toujours est-il, l’apéro est divin malgré la vue directe sur le Mac Do du coin.

    Nous avions décidé d’aller visiter en premier lieu les petites îles peu envahies par les touristes. C’est ainsi que tout naturellement demain matin nous traverserons vers LA GOMERA que nous voyons juste en face de nous, à 25 milles.    


Mercredi 1er avril 2009 :

      Depuis le réajustement à l’heure d’été et les jours qui rallongent, notre fidèle réveil matin (Teiva) nous fait le chant du coq à 8H30. Ici le soleil est déjà bien haut.

     Oh surprise !

    Cette nuit, notre mouillage a dérapé nous sommes à la côte, posé sur les rochers à marée basse.  Pourtant nous n’avons rien entendu ni rien ressenti. Je ne m’explique pas cette grave situation !

 

    Normal.


C’était notre poisson du 1er avril…

 

    Sachez, chers amis, que nos mouillages sont toujours très réfléchis. C’est la sécurité de notre bateau au moment où il est le plus vulnérable. Et malgré un certain nombre d’alarmes possibles que nous utilisons au gré de la situation (sondeur, anémomètre, positionneur GPS ou radar) nous avons toujours une oreille pour chaque bruit insolite. Sans parler du mouillage par lui-même : une technique en soit, toujours réalisé par moi-même (c'est un peu pour cette raison que ma Do se trouve toujours à la barre et elle s'en sort très bien !). Autant vous avouer qu’une nuit de mouillage ce n’est que très rarement un sommeil d’une traite, comme en marina par exemple…

    

    Route vers LA GOMERA.

 

    Ici l’accélération des vents est prévue sur le dernier tiers du parcours. En fait nous l’avons rencontré à la moitié. Ne chipotons pas. Toujours est il que je me retrouve dans la même situation que la veille avec une mer formée dans le travers. Pour le confort de l’équipage je lofe de 20° (c’est remonter au vent) et me retrouve au près. Dans ce cas, vous connaissez la chanson : il faut faire du Volvo & Cie.

    Nous avons prévu d’aller chercher un mouillage sous le vent de l’île, car il est réputé comme bien abrité mais surtout il se trouve à la sortie du port qui pourrait nous recevoir en cas de vents du sud qui nous surprendraient.

    Pendant toute la traversée nous serons salué très régulièrement par des bancs de dauphins. Nous avons eu droit non seulement à quelques pirouettes salto arrière en signe de « bonjour, coucou regardez moi » mais dans le show était prévu, une quinzaine de gais lurons qui nous ouvraient la route et formant une ligne, comme une escadrille avançant en rang serré devant l’étrave et perpendiculairement à l’axe du bateau.

Pas un rostre ne dépassait l’autre. Figure assez rare.

Il y a quand même de l’idée d’organisation dans tout cela !

    Nous avons également croisés un banc de 5 globicéphales qui se prélassaient en surface.

    Nous touchons déjà LA GOMERA et nous pouvons apprécier sa côte accore avec des falaises volcaniques vertigineuses. Nous naviguons très près pour bien observer les différentes couches de laves qui racontent par les couleurs, la nature de la lave, les épaisseurs ou les formes successives, l’histoire de ce volcanisme très ancien.

    A la vue du premier port rencontré Puerto de Santiago nous réajustons notre échelle de grandeur. Ici ce n’est plus la démesure de Grande Canarie.

    Santiago, le 3ème port de l’île, c’est quelques maisons de pêcheurs, une petite digue, une plage de galets et basta.

    Notre objectif est en vue. Pour faire plaisir à ma Do nous présentons le bout de notre étrave dans Puerto de Vueltas (Valley Gran Rey) pour faire un petit tour du propriétaire, alors que nous dépassons notre baie de mouillage qui me parait effectivement comme il nous faut et très bien abritée.

    Nous entamons notre demi tour au milieu des corps morts des petites embarcations des locaux.  Ici il n’y a pas de pontons, ni de marina.

    Le seul quai reçoit la navette inter îles. Pas de place pour nos 7 mètres de large !

    Il y a aussi une immense jetée brise lame en béton qui est vide… construite en 2003 au frais de la CEE pour recevoir des ferries… mais les ferries ne sont pas arrivés depuis.

On s’en fiche. Pour nous, c’est direction notre mouillage 28°04’71 N et 17°19’47 W.

    Plutôt que de vous décrire le mouillage nous pensons que deux bonnes photos vous en diront plus mais c’est encore plus impressionnant dans la réalité.

 

 

  « 1er mouillage de villégiature à Valley Gran Rey – LA GOMERA »

 

    Le lendemain de notre arrivée nous rendons visite au capitaine du port pour une visite courtoise et quémander le prix d’une place à quai. Nous avons trouvé une possibilité d’intercaler notre « barge », mais encore faut-il que cela leur convienne.

    Renseignements pris auprès du capitaine charmant, il s’avère que le prix est prohibitif. C’est le double de Las Palmas mais sans eau, ni électricité, ni ponton avec obligation d’aller à terre en annexe. L’électricité : nous n’en avons aucun besoin, l’eau : se vend au m3, c’est normal ; ce qui nous fait rechigner c’est le prix à la journée. Nous avions pourtant demandé pour un séjour long.

    Nous nous croyions au bout du bout du monde avec des tarifs dignes de l’époque des Guanches (les habitants primitifs des Canaries).

    A notre avis, le prix est dissuasif pour une raison de politique locale.

Mais peu nous importe, notre mouillage sera gratuit et nous n’aurons pas un défilé de touristes qui lorgnent dans notre intimité en passant pour rejoindre leur quai d’embarquement.

    A une exception près (3 jours passés à Graciosa en arrivant de Safi) c’est le premier mouillage en villégiature que nous pratiquons aux Canaries. C'est-à-dire que ce n’est plus l’escale d’une nuit, ici toute la journée s’organise en vacances balnéaires.

    Au mouillage la vie s’organise différemment qu’en marina.

Nous revivons sur un bateau et non pas dans un appartement sur les quais en ville avec vélos.

La pêche à la ligne est un grand passe temps pour Teiva. Il veut toujours ma dernière canne, dernier cri, montée de neuf, dans les règles de l’art, et qu’il m’embrouille dans la foulée.

La chasse au fusil sous marin commence enfin. Hier c’était une belle plie.

Nous ne l’avons pas mangée… elle s’est détachée à mon insu en regagnant le bateau.

    Régulièrement je nettoie les coques en apnée. Demain je pense installer mon filet trémail acheté à Safi.

    Les sorties à terre ou à la plage sont toujours très attendues par Teiva. C’est lui qui conduit le moteur électrique et il se défoule bien d’un tas de jeux dont la récolte dans les rochers.

    A bord il y a toujours une petite réparation ou un truc à améliorer. Ma Do se charge de m’assurer une bonne liste d’avance, des fois que je m’ennuie.

J’avoue avoir mis la pédale douce du côté entretien.

    A l’instant ma Do dit à son fils dans mon dos : «  ton père, il ne leur dit pas dans son journal qu’il a passé la journée devant son ordinateur ». Elle exagère toujours !

    Bref c’est les vacances et notre fier vaisseau qui possède tous les avantages de l’autonomie énergétique, nous apporte toutes les satisfactions escomptées.

 

Mardi 7 avril 2009 :

     Pour la première fois depuis notre départ de France tous nos moyens de communications sont rompus. Nous sommes complètement coupés du monde à cause de la hauteur des falaises. Bien sûr pas de wi-fi mais BLU, portables et téléphone Iridium par satellites ne passent pas...

    En effet, j’ai essayé à toutes heures du jour ou de la nuit mais en vain à me connecter, via mon installation BLU radio sophistiquée, pour obtenir mes fichiers météo et nos e-mails. Vu les falaises qui nous entourent nous ne sommes pas étonnés de la propagation insuffisante. C’est pourquoi ce matin nous faisons notre sortie cybercafé, car ma Do à une procuration importante à envoyer.

    Nous avons toujours une réticence pour ce genre d’exercice, car c’est à chaque fois galère.

Oh, il ne nous faut pas grand-chose pour contrecarrer nos petites habitudes de surfers débutants : un Internet Explorer en espagnol suffit. Par exemple, après une bonne heure de surf dans un cyber, quand nous rentrons à bord nous nous rendons compte que nous n’avons rien d’exploitable sur notre sucette… (je passe sous silence la longue liste de nos tares internet).

    Il faut avouer que nous sommes vraiment nullards en la matière. Et encore je suis poli en m’associant par un « nous » car, bien avant notre départ j’avais délégué la grande responsabilité de l’informatique à ma Do… Nous ne savons même pas gérer notre propre ordinateur portable !  Dans une marina de Méditerranée j’avais réussi à capter la WI-FI avec mon ordi portable dernier cri assis sur les marches de la capitainerie. Depuis impossible de démarrer Windows normalement sur notre fichu portable sur sa batterie, parce qu’il nous oblige à poursuivre  en « mode sans échec » ; avec ce mode tout mon système intégré pour capter la WI-FI ne fonctionne pas. Du coup il nous faut une prise 220 Volts impérativement…

    Si l’un d’entre vous pouvait nous éclairer sur cette panne !!

    D’ailleurs, ce matin conformément à nos galères cybernétiques, nous constaterons encore quelques insuffisances de résultats, ce qui aura pour conséquence de nous obliger une seconde visite au cybercafé l’après-midi. Nous ne nous plaignons même plus, nous faisons avec…

    Ainsi, vous comprendrez pourquoi nous ne sommes pas très bavards en réponse à vos mails. En effet, lorsque nous ne captons pas nos 5 barrettes d’internet à bord par la wifi, (comme se fut le cas dans les marinas espagnoles de Méditerranée) nous allons aux cybercafés contraints et forcés.

    Mais ce matin pour humer un peu l’atmosphère du village nous avons fait une pause pour prendre notre petit café au bistrot des pêcheurs.

    Ma Do en profite pour attaquer son nouveau Sudoku, je lis pour la première fois un périodique en français (Le Monde). Nous commencions à souffrir un peu du manque d’informations internationales sérieuses ( je tombe à pic sur le compte rendu de la réunion du G20).

Pas encore préoccupé par l’actualité internationale, notre Teiva découvre le contenu de sa nouvelle boîte de Playmobil.

    Sur le quai je repère un fonctionnaire en uniforme près de son 4X4 estampillé Office de la Pêche.

    Ni une ni deux, allez savoir pourquoi, je vais vers lui, me présente et lui demande tout de go si l’utilisation d’un filet de pêche est permis pour moi. Très aimablement il me dit que c’est complètement prohibé. En bon pied noir bzi-bzit je fais un salto arrière et lui raconte une salade.

    Nous convenons que je lui laisserai en dépôt lorsque je reviendrai l’après midi.

    La conversation se poursuit et j’apprends qu’un permis de pêche est obligatoire en Espagne. Je lui avoue ne pas en posséder. Il m’invite à en prendre un dans n’importe quelle mairie pour 30€ pour 3 années et pour 3 Kg de poisson par jour. Précision que ma Do comprend très bien, puisqu’elle hausse les épaules en souriant, d’un air de dire : «  avec mon capitaine c’est plutôt des grammes par semaine ».

    Voyant bien qu’il était en présence de français ignorants, le charmant homme  nous adresse la dernière en s’inquiétant sur nos connaissance dans la tailles minimales des poissons.

Il possédait justement dans les mains une très belle plaquette glacée (financée par la CEE) qui me démontra du premier coup d’œil que tous les poissons que j’avais fait placer par ma Do au congélo étaient « prohibidos ». Après lui avoir lâché le très classique : « no problemo », inutile de vous préciser que j’ai stoppé là mes autres questions à la con que j’avais sur le bout de la langue et ne plus abuser de la complaisance de mon interlocuteur : mes bouteilles de plongée, mes fusils sous marin, mes giroliers, palangrottes et tout le tsoin-tsoin.

    Je chercherai à savoir pour le reste avec plus de diplomatie et en d’autres lieux.

    Aussitôt arrivés à bord, nous remontons le girolier, les cannes à pêche et surtout celles montées en hameçons microscopiques de 14 (juste bon pour pêcher un gobie), je cache toutes

mes pochettes d’hameçons pour poissons lilliputiens, je fais le vide dans le congélo,  bref je fais du ménage dans tous mes débordements honteux. Il m’aura fallu cette discussion pour me rendre compte de ma sottise. Je tiens à rester poli. Tous mes actes de pêche allaient dans le sens de me rattraper sur des bestioles ridiculement trop petites puisque je n’étais pas capable de pêcher des poissons de taille adulte… Tout cela sous l’affreux prétexte de nourrir ma famille !

    Je me souviens bien de mon amie et néanmoins Présidente du club de plongée de Briançon, Isabelle, qui m’avait supplié de relâcher les 2 girelles prisonnières de mon girolier à Porquerolles l’été dernier.

    J’entends d’ici, la belle Isabelle, destinataire de notre journal, me dire : « tu vois Prachou que j’avais raison ! ». Je comprends vite mais il faut m’expliquer longtemps !!

    Du coup, à la place de ma sieste, je me fais à pied les 10 Kms aller retour pour aller chercher notre permis de pêche et constater que la Mairie fermait à 13H00…

    Ils sont au régime des îles ici les fonctionnaires !  Au moins maintenant j’ai repéré les lieux;

j’y retournerai demain matin. Il faut bien s’occuper et faire du sport quand on est en villégiature…

 

Jeudi 9 avril 2009 :

      Le temps passe vite… surtout quand on dort presque toute la journée !

    La nuit du mardi aura été horrible : un vent de rafales jusqu’à 30 nœuds avec nos alarmes qui sonnaient régulièrement à en devenir stressantes. Dans ces cas là on veille en s’écarquillant les yeux sur les rochers tous proches, moteurs prêts à être démarrer.

    Le matin venu nous avons attendu que le soleil apparaisse pour déplacer notre mouillage un peu plus au centre de la baie sur fond de sable dur. Juste après le petit déjeuner et le contrôle de l’ancre le vent tombe, c’est fini. Pas pour moi : je vais me coucher et commence ma nuit !

    Le mercredi s’étant passé à mon insu nous voilà donc déjà jeudi le jour où il faut aller régulariser à la mairie. Je me re-fais à pied les 10 Kms aller retour et je reviens… sans rien !

    L’administration espagnole est plus compliquée et paperassière que la notre mais leurs employés sont serviables et charmants. Toujours est-il que nous décidons avec ma Do de ne pas récidiver une 3ème fois, de ranger tout notre matériel de pêche légal et autre, de faire ainsi l’impasse sur ce moyen pédagogique discutable et de nous passer du menu fretin que j’apportais au menu mensuel.

    Toutes réflexions faites, notre programme à venir sera principalement de la marina : La Palma et El Hierro ne possèdent pas de mouillages longue durée sûrs et quand nous décidons de visiter une île en voiture il est impératif que le bateau soit à quai. Justement dans quelques jours nous allons rejoindre la marina de San Sebastian de la Gomera pour visiter l’île. Puis ce sera retour à Las Palmas pour un bon mois et demi (pendant notre déplacement à Théoules). A notre retour de France nous savons déjà que nous serons tenté de nous rapprocher vite du Sénégal.

    Mais surtout l’impasse sur les permis de pêche et de chasse sous marine c’est plus de 50 € d’économisés pour ma Do ! J’avoue que cela aurait fait cher pour les quelques jours de mouillages qui nous restaient globalement à faire aux Canaries. Et pour couronner le tout je découvre sur une note d’affichage que toute la zone de notre mouillage actuel est interdite à la chasse sous-marine. Il s’en est fallu de peu que je me paye une amende pour chasse sous-marine illégale et en ayant le permis en poche !!

    N’en déplaise à ma Do, le pro de la pêche ira acheter son poisson au marché !  Et pour ne pas la faire pleurer ça sera encore des sardines… Safi est bien loin, où nous mangions des soles pour le prix des sardines canariennes.

 

Vendredi Saint et jours suivants :

    Notre TEIVA commence à avoir quelques boutons sur le ventre et au visage. Nous nous y attendions, car il a fréquenté son copain Léo qui avait la varicelle, à Las Palmas juste avant de partir. Après l’incubation de 14 jours les vésicules sont au rendez-vous. Après la seconde éruption notre artiste est défiguré. Du coup nous nous proclamons en quarantaine.

    Il faut dire que notre artiste n’a pas goût à aller à la plage. Il se contente d’être « chiant » du matin au soir et toute la nuit. A tour de rôle il faut lui faire des bizous partout pendant des heures et lui passer un coton imbibé d’eau sur ses boutons. Nous finissons par être plus crevés que lui.

    Heureusement, mon gaillard et le bébé à sa mère est vite sur pied. Il veut de la plage.

Qu’à cela ne tienne nous irons dans notre petit coin, loin des autres gamins.

    Bien sûr, au vu de la merveilleuse pyramide que nous avions réalisé 2 jeunes enfants sont venus nous rejoindre… Nous n’allions pas les virer sous prétexte de contagion !  Ma Do est vite allée prévenir les parents : le frère et la sœur avait bien eu la varicelle. Ouf !

 

 Vendredi  17 avril  2009 (jeudi 16 avril) :    

     Au vu des bulletins météo affichés au port, nous avions prévu de quitter notre mouillage pour rejoindre la seule marina de l’île. Nous avons hâte de visiter l’intérieur de cette île renommée et il est hors de question de laisser le bateau au mouillage seul. J’allais dire : nous prenons déjà le risque lorsque nous allons à la plage de Valley Gran Rey (hors de la vue du bateau), mais le risque est déjà réel même lorsque nous sommes à bord de nuit… Il suffirait que le mouillage casse (ce qui n’est pas exclu) et nous sommes sur les rochers avant d’avoir pu réagir. Cela tient du fait qu’avec ces vents tournants et imprévisibles nous sommes 50% du temps « au vent des cailloux ». Bien sûr la règle de base de tout marin est de mouiller son bateau « sous le vent » de la côte. N’en déplaise aux puristes c’est ça ou bien la marina non-stop. Et c’est là que ma trésorière nous dit : « il n’en est pas question ». D’ailleurs pour les puristes je confierai que les premiers jours j’avais installé tous mes mouillages. L’ancre principale de 30 Kg avec ses 290 Kg de chaîne, l’ancre plomb de sonde avant et la grosse Danforth de 25 Kg à l’arrière. C’était beau à voir. Chaque ancre avec sa petite bouée d’oringuage balisant l’ancre. Un vrai champ de mine autour du bateau. Très vite j’ai déchanté : avec les renverses de vent instantanées en 24H00 mes mouillages faisaient du tricot. Cela ne devenait plus efficace mais même dangereux si je devais appareiller en vitesse sans tout laisser au fond… En fin de séjour j’ai même du couper la bouée de mon mouillage principal, j’ai été témoin d’une situation qui me mets encore la chair de poule quand j’y pense : les renverses de vents instantanées sont si fortes que le bateau qui est en bout de ses 60 mètres de chaîne peut traverser en ligne droite sa zone d’évitage, il a donc  cueilli la bouée d’oringage au passage dans la patte d’oie du mouillage, y a fait 2 tours, a traîné ses 290 Kg de chaîne sur le sable (comme si de rien n’était) pour se placer de façon diamétralement opposée à sa position initiale. Le seul hic, c’est que le bateau tirait mon ancre ainsi crochetée comme un escargot déplace sa coquille. (Si mon ancre et sa chaîne costaudes peuvent tenir plusieurs tonnes de traction lorsque la chaîne fait un angle de quelques degrés avec le fond, il suffit d’une traction d’une cinquantaine de kilos pour lever l’ancre à la verticale).

    Dans cette configuration l’ancre n’étant plus crochée correctement, le bateau est juste tenu par le poids de sa chaîne sur les fonds de sable plats comme un terrain de foot, et se déplace gentiment au gré des vents vers la haute mer ou vers la côte et les cailloux si on n’a pas de chance ! 

    Voilà donc les risques de ces mouillages de longues durées. Alors nous vivons avec le risque. Bof, le risque est limité à nous voir rentrer en France une main devant, une main derrière et une épave sur les bras !!! 

    Comme j’ai pu constater au fil des jours la fiabilité toute relative de la météo du port, qui était toujours en décalage, je vais au cyber-café faire des météos plus pointues.

    Effectivement c’est aujourd’hui vendredi qu’il y a un calme météo et pas demain.

    Je rejoins mon équipage qui bronze sur la plage et nous convenons de lever l’ancre aussitôt rejoins le bateau. Ce qui nous permettra d’arriver à San Sebastian vers 18H00.

    Nous arrivons au bateau à grand peine avec notre moteur électrique qui devient très poussif.

Après vérification, je constate que la batterie est complètement déchargée. Rien d’étonnant  cela fait quinze jours que nous faisons journalièrement 2 transits aller-retour vers le port. Comptant près de 15’ par voyage, il faut avouer que mon système avec moteur électrique et sa batterie rechargée par les 3 panneaux solaires de l’annexe a bien duré.

    Encore un choix heureux qui facilite grandement notre autonomie.

    Pendant que ma Do s’affère aux fourneaux, je prépare l’appareillage. 

    Tout est paré. Nous levons l’ancre.

     Nous avions prévu de téléphoner à la marina une fois décollé de nos falaises pour s’assurer qu’ils peuvent nous recevoir. Il s’agit d’une marina chère mais très demandée.

     C’est bon ils nous attendent pour 17H00.

    La plus grande partie du parcours se fera avec VOLVO et Cie. Nous naviguons sous le vent de l’île et nous rencontrons toutes les forces et toutes les directions de vent. Un plaisir pour des régatiers mais au risque de me répéter nous ne possédons pas un bateau de régate et nous n’en avons pas l’âme.

    A  17H00 nous entrons dans le port. Ma Do fait une manœuvre Amiral en se faufilant dans un dédale de bateaux limitant le passage.

    Accostage à la marina de San Sebastian de la GOMERA (28° 05’ 296 N et 17° 06’ 449 W).

    Après les formalités d’usage et le paiement à l’avance de nos 7 jours de marina ; de retour au bateau en relisant la facture nous constatons que nous nous sommes fait avoir d’une journée. La miss nous a compté comme arrivés le jeudi 16.

    Ca nous paraît bizarre mais un peu gros. J’allume le GPS : il nous confirme que nous sommes bien jeudi…J’étais tellement sûr de notre date que j’avais recalé de la sorte mon ordinateur et ma montre il y à un certain temps !

    Mais alors la météo favorable de vendredi c’était pour… demain.

    Du coup ma Do me dit : « voilà pourquoi nous avons trouvé la pharmacie fermée lundi dernier en pensant que c’était le lundi de Pâques, en fait nous étions dimanche » !

    En réalité ce n’est pas 1 jour de décalage, mais 8 jours… (lundi de Pâques c’était le 1O). C’est grave docteur !

    Il ne faudrait pas qu’un pareil coup nous arrive par exemple le 23 juin date de notre envol pour la France !  Ca ferait désordre avec Paulette.

    J’en profite pour vous annoncer que nous serons à Théoules du 23 juin au 23 juillet prochain.

       

Dimanche 19 avril 2009 :

     Nous avons réservé la voiture pour Lundi. Le récit de notre visite de cette île sera pour notre prochain numéro du Petit Araka Nui, avant de rejoindre la prochaine : LA PALMA.

 

L’équipage d’Araka Nui se joint à moi pour vous dire, KENAVO.                                                                                                  

 

D.P

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 20:25

 

 

Noël à Gran Canaria,

avec Georges  et  Paul.

 

    Maintenant il s’agit de prendre contact avec le tonton Georges et Paul pour leur annoncer notre accostage à LAS PALMAS (28°07’6 Nord et 15°25’5 Ouest).

    Les différents SMS que nous nous sommes envoyés durant notre transit n’ont pas été très concluants.


    Enfin, nous établissons un premier contact téléphonique pour organiser le point de ralliement.

    Avant que Georges ne soit obligé de parcourir la ville à pied, je loue sur le champ une voiture pour les récupérer au terminus des cars. Leur hôtel est dans le sud, à 50 km de Las Palmas, ils ont pris le bus.

 

    Nous passerons cette première journée tous les 5 à Las Palmas heureux de ces retrouvailles.

Après un déjeuner dans un resto au bord de mer, au bout de l’immense plage de Las Palmas nous regagnons le port et Araka Nui avec Georges et Paul pour un bon café dans le cockpit sous un soleil radieux et la vue sur la marina. En fin d’après midi, nous les déposerons à leur station de bus pour qu’ils rejoignent leur hôtel.

 

    Nous rentrons à bord, car il faut disposer les cadeaux du père Noël dès que Teiva sera couché ( le matin c’est lui qui nous réveille en général). Pas question de manquer l’effet de surprise de notre artiste demain matin.

 

    Depuis Lanzarote, nous avions fait un très bel arbre de Noël (50 cm)  et

sa crèche avec Paulette ainsi que toutes les décorations du bateau.

    Depuis 15 jours Teiva persiste à nommer le père Noël « sapin de Noël ». Comme je trouve cela joli, je laisse faire. Sa maman le reprend mais il n’y a rien à faire, il est têtu l’artiste.

    C’est la première année où Teiva comprend ce que ce jour représente.  Nous lui faisions le compte à rebours sur un calendrier. 

    Impossible de manquer la date.

 

    Il faut espérer que le « sapin de Noël » trouvera une barque assez grande pour y mettre tous les cadeaux de Teiva. Ici, il ne passe pas par la cheminée mais par les jupes arrières, nous préparons le passage…

  

Jeudi 25 décembre 2008 :

Canaries--5-.jpg 
« Noël 2008 à bord d’Araka Nui ».

 

    Au petit matin notre artiste découvre ses paquets cadeaux. Il faut dire qu’il y en avait beaucoup. Do connaît le plaisir de son fils à ouvrir les paquets...de ce côté elle n'a pas hésité !

Il y aura de tout… camion, robot, puzzle, livres, peluche et j’en passe.

 

    Je dois dire que notre fils prend bien soin de ses jouets, grâce au suivi de sa mère, même si quelques fois il a une fâcheuse tendance à les balancer à terre.

    Dans l’ensemble ses jouets durent longtemps sauf si c’est du « made in China » fait pour durer 24H00.

    En ce qui concerne ses livres, nous avons toujours apporté une attention particulière depuis qu’il est tout petit et maintenant il y apporte un grand soin et une vraie passion. J’en suis très heureux pour lui. L'avenir nous le confirmera.

 

    Bien que son élocution ne soit pas encore extraordinaire, c’est fou le vocabulaire qu’il maîtrise et en particulier les noms d’animaux marins et terrestres… Sur photos il nomme les poissons : il distingue la girelle paon royale mâle de sa femelle.

    Une vraie encyclopédie.

    Il m’épate !

    Sa bibliothèque comporte près d’une cinquantaine de livres de tous genres, rangés sur 4 niveaux dans sa cabine. Teiva pioche dedans en fonction de son inspiration, mais il sait toujours ce qu’il cherche. Sa mère les classe par thème. 

    Pour la lecture du soir,  il écoute sa conteuse et berceuse de maman.


     Nous rejoindrons Georges et Paul à leur hôtel pour déjeuner ensemble. Pendant l’apéro, le personnel nous annonce qu’à midi précis les enfants doivent se placer devant l’entrée de l’hôtel, il y aura une « surprise pour les enfants ». Bien sûr, nous y rendons à l’heure dite.

    De loin, nous pouvons remarquer une escouade de musiciens canariens accompagnant un père Noël juché sur un chameau, le tout dans un véritable tintamarre.

No-l-2008-Gran-Canaria-009-copie-1.jpg
" Le père Noël canarien"

    Vu le brouhaha de cet équipage qui approche et la frénésie des parents et enfants qui s’agglutinent devant l’hôtel, notre sauvage de fils s’agrippe au cou de sa mère en pleurant et la supplie de partir se réfugier dans le hall de l’hôtel.

    Si bien que le numéro du père Noël aura été squeezé par notre cher fils. Teiva n’aime pas le bruit. Tout jeune il paniquait quand il entendait l’aspirateur ou une perceuse.

    Avec Do, on se demande comment nous allons gérer le prochain Carnaval avec Teiva. Car ici, le Carnaval, c’est une affaire d’Etat.

    Nous aurons l’occasion d’en reparler.

    La semaine de vacances de nos 2 rouennais s’achève. Nous savons qu’ils vont retrouver la froideur de l’hiver normand.

    Georges étant très sensible au vertige en voiture, nous nous limiterons à rester sur l’autoroute dans le sud de l’île au climat désertique. Pas vraiment désertique en matière de touristes. En fait, ils sont tous dans le sud et uniquement là.

    Décidemment, nous n’arrivons plus à nous faire à cette vision de troupeaux d’anglais et d’allemands et à l’odeur des frites et de la crème solaire.

    Et encore, s’ils étaient beaux à voir ces touristes…

    Quelque soit la partie du monde où se trouvent ces « ghettos à touristes », c’est toujours la même population bigarrée et grouillante.

    Qu’ils soient en Asie, aux Antilles ou en Méditerranée tous ces lieux sont identiques. Il n’y a pas de vrai dépaysement ni de choc de culture.

    Ils appellent cela « faire du tourisme ». Nous respectons leurs choix. Mais au moins nous savons où ils se cantonnent pour les éviter.

    Comme il nous reste 2 jours de location de voiture nous embouquons illico vers le nord et le centre de l’île.

 

    Mardi 30 et mercredi 31 décembre 2008 :

 

    Nous nous aventurons vers les villages de montagne. Teiva dort. Nous avions un mauvais souvenir de la Corse où  il avait été malade en voiture. Ici, les routes bien que très sinueuses sont de vrais billards. Ainsi en roulant au pas notre artiste ne sent rien et nous nous régalons des paysages qui défilent sous nos yeux.

 

     Est-ce possible de trouver sur les 1 500 Km² que fait Gran Canaria une si grande diversité de paysages entre nord et sud.

 

    En effet, les précipices sont impressionnants (Georges n’aurait pas supporté).

Ce qui m’impressionne le plus  c’est la présence des bus dans toute l’île, même dans les endroits les plus reculés.

Les villages sont accrochés aux pentes escarpées. Il y a des hameaux un peu partout, même en des lieux  qui nous paraîtraient inhospitaliers.

 

    Do se fiche de moi, car à chaque hameau perdu je lui sorts : « je me demande de quoi ils vivent, ici » ?

En fait c’est une question de citadin.

Ils vivent. Ils vivent simplement, c’est sûr. Mais ils vivent !

 

LANZAROTEGRANDE-CANARIEF0009.jpg 
« Le village de TEJADA nous accueille ».

 

    Ma Do avait prévu un sac à dos plein de victuailles pour cette journée de découverte. « Il faut ménager la caisse de bord » m’avait elle précisé. Mais le village était si charmant que nous n’avons pas résisté à son charme.

    Nous nous sommes installé dans un petit restaurant canarien pour nous envoyer un ragoût de lapin. Un petit coup de « vino tinto » pour assurer dans les virages ensuite et tant pis pour le repas froid qui est resté dans le coffre mais qui aura fait une très belle ballade !

    Nous reprenons la route avec notre repas froid qui suit derrière. Nous sommes émerveillés par la végétation.

    Pour ceux qui n’ont connus que les barrancos asséchés du sud et les montagnes désertiques, ils auront du mal à croire qu’un tel paysage végétal puisse exister sur la même île.

 

 LANZAROTEGRANDE-CANARIEF0025.jpg

« Le  plus haut monolithe du monde : el roque Nublo ».

 

    Ce qui est frappant ici c’est le paysage végétal éclectique. Comme le climat est particulièrement doux aux Canaries, il a favorisé la prolifération d’arbres et d’arbustes originaires d’Europe, d’Asie, ou d’Australie, sans parler des espèces endémiques.

    Ainsi se côtoient entre autres palmiers dattier africains, dragonniers, figuiers de barbarie, eucalyptus, acacias, tous ces arbres dominants une végétation au sol exubérante.

    Sur les versants qui font face à l’humidité des alizés, on rencontre des forêts de lauriers et de châtaigniers sans parler des cultures maraîchères, bananiers, cannes à sucre et autres…

    Pour le 2ème jour de ballade, ma Do avait tenu à ce qu’on mange notre repas froid (toujours le même) dans une forêt de pins des Canaries. Au moins elle sera sûre de ne pas se trouver encore dans un village avec son resto typique canarien aux menus alléchants et …être obligée de remballer pour la deuxième fois le repas froid.

    Non, c’est tout simplement parce que son Briançon et ses montagnes lui manquent un peu !.

    Nous nous prenons donc une dose de forêts de pins. Notre Teiva boude le repas froid et préfère jouer avec ses bâtons ; du plus petit à la grosse branche.

Pour lui, ça lui rappelle Graillefiot. Il est gâté dans cette forêt. 

 

      Bref, chacun se fait son petit numéro de mélancolie. Et moi-même qui ne regarde jamais derrière moi, je reconnais que ces journées de montagnes bien verdoyantes ça change un peu de la mer.

 

 Canaries--22-.jpg

 « Une forêt de pins des Canaries spécialement pour Do …

en manque de montagnes briançonnaises ».

 

    Nous regagnerons le niveau de la mer avec plein de beaux paysages dans la tête et de très bons moments dans le cœur.

    Seul petit bémol dans nos découvertes, le peu d’échange avec la population canarienne.

    Avec ma Do nous sommes nous-mêmes un peu « timides » et n’avons pas le contact facile malgré notre envie.

    Nous réfléchissons sérieusement sur ce sujet, d’autant qu’il faudrait un petit copain pour Teiva. Affaire à suivre...

  

 LANZAROTEGRANDE-CANARIEF0018.jpg

« Au centre de la photo,  sur une crête, entre 2 pitons :

un tout petit hameau heureux … et sans hyper marché ».

 

    A Las Palmas, les jours passent et ne se ressemblent pas. Petit à petit nous découvrons cette immense ville pleine de ressources.

    Nous recevons à bord 2 voileux français jusque tard dans la nuit. L’un d’eux est biologiste, j’ai tout fait pour l’amener sur son terrain de connaissance, mais en vain. Il nous rabâche des merdes franco-françaises du style sécu, chômage et RMI.   

    Décidemment nous n’avons pas la même approche des choses de la vie. Je vais finir par croire que nous sommes « un cas grave » docteur !!

    Après avoir parcouru la ville de Las Palmas en voiture et à pied nous finissons par sortir nos vélos. En effet, il nous aura fallu faire du repérage pendant de nombreux jours avant de s’aventurer dans cette ville en vélo. Vu le débit de circulation intense et Teiva dans son siège, la seule possibilité est l’utilisation des pistes cyclables.

    Aujourd’hui c’est tout bon, nous avons trouvé la clef de notre liberté de mouvement grâce à nos vélos. Ces vélos ont une histoire.

    En effet, il fallait les « caser » à bord. Pas question de les laisser dehors sur le pont, à moins de vouloir en faire un bloc de rouille inutilisable au bout quelques mois de navigation.

    Aussi, nous leur avons consacré une cabine entière : la « baille à vélos ».

Je savais l’importance que 2 vrais vélos pouvaient avoir dans notre autonomie de mouvements. C’est donc sans hésiter que, dès la construction de la coque, j’ai fait condamner une grande partie de la cabine avant tribord pour permettre d’y ranger à l’abri, par un panneau extérieur, nos vélos et accessoires.

   Du coup, le peu de place accessible de l’intérieur a été aménagé en « dressing » à proximité de notre cabine, ce qui est aussi un luxe sur un bateau de taille moyenne comme le notre.

    C’est sûr qu’un cata de 14 mètres pour 3 personnes, si le plan est bien pensé,  peut être mieux qu’un petit 2 pièces… Une option de plus qui aura été une réussite sur notre bateau et une aide précieuse à notre confort de vie.

    Ainsi, nos vélos nous offrent à portée de pédales la belle plage de Las Cantaras à l’ouest de la ville (un petit Copacabana) au lieu de la plage de l’Est mais située dans le port sale et pollué… La seconde serait pratique puisqu’elle est toute proche de notre bateau mais pourquoi se priver du luxe quand on a que quelques coups de pédales à donner…

    Nos journées vont se poursuivre entre petits travaux de finition des aménagements le matin et plage l’après midi.

    De plus cette ville comporte de très nombreux points de visite ludiques pour petits et grands. Nous allons tous les faire.

    Déjà nous savons que nous resterons au minimum un mois complet à la marina de Las Palmas.

    Nous hésitons à aller en février à Santa Cruz de Ténérife (sur l’île suivante) pour son carnaval (le 2ème du monde, nous dit-on).

    Nous verrons, car il y a aussi un grand carnaval à Las Palmas, défilé le 21 février…

    Notre programme : nous voulons visiter toutes les îles des Canaries.

    Nous parlons de faire le Cap Vert l’été prochain puis en automne 2009…la Casamance au Sénégal. Nous profiterons d’être à Las Palmas pour vacciner l’équipage contre le virus de la fièvre jaune !

    Par contre nous ne parlons pas du tout du moment où nous quitterons ce continent. Ce n’est pas bon signe, car ce qui n’est pas vraiment programmé et arrêté peut être modifié à tous moments.

Par exemple, il serait encore temps, en ce moment, de traverser vers les Antilles…

Mais rassurez-vous ce n’est pas dans nos intentions.

Ah, j’oubliais le scoop.

Notre fils Teiva nous sort de plus en plus souvent le même refrain :

« J’ai envie de retrouver ma maison avec le coq et les poules ». Traduisez : « revoir Graillefiot et tout ce qui va avec… » !

 Comme il n’est pas pensable de retourner dans nos vignes (je savais que cette période avait marqué agréablement notre fils) nous avons trouvé une réponse à la situation.

 Evidemment il n’est pas question de forcer notre enfant dans une vie qui ne l’inspire pas et ce malgré son petit âge.

 Nous nous disons aussi qu’actuellement il lui manque beaucoup le côté« aquatique » dans nos journées. En effet, depuis l’été dernier, en Corse, les baignades avec des journées chaudes  n’existe quasiment plus et le transit pour les Canaries aura été très long.

    Je ne vais pas vous annoncer que nous vendons notre bateau. NON. Mais nous avons comme idée de nous trouver un petit jardin avec des poules et un potager, une cabane au bord de l’eau et le bateau éloigné des moustiques au mouillage en face, servant toujours de maison !

    J’aurai préféré ce deal dans le Pacifique, il se fera, mais c’est trop loin dans le temps. Alors pourquoi pas dans les Antilles françaises pour commencer… ou même revenir vers une des îles Canaries !

    L’avenir nous dira ce que le conseil de famille aura tranché. La recherche de l’endroit magique commence. Il existe.

    J’ai bien choisi Briançon en recherchant sur la carte de France : une ville, la montagne et du soleil. J’y suis resté 20 ans et j’estime ne pas m’être trompé dans mon choix.

    En attendant l’aventure continue et Teiva s’y fait quand même un peu. Je n’oublie pas que ma première mission est l’éducation du Prince. Je place à sa disposition toute l’expérience de ma vie.

    Je suis son précepteur.                                                            

  Canaries--15-.jpg

« Pendant que sa mère est en grande conversation secrète avec le tonton…

Teiva découvre ses premiers bonbons ! »

 

 

    Tout l’équipage se joint à moi pour vous dire : KENAVO.

 

 

D.P

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 20:18

 
Samedi 21 février 2009 :

 

« Gran Cabalgata » de Carnaval… à LAS PALMAS. 

 

« La reine du Carnaval 2009 à Las Palmas »
 

    Le carnaval de Las Palmas a débuté depuis le 3 février et le grand défilé est pour aujourd’hui.

Nous nous préparions avec une certaine frénésie dans l’attente de cette journée. En fait depuis l’ouverture du carnaval les seules manifestations se passent au Parque Santa Catalina, une immense place aménagée pour la circonstance avec gradins, tours pour les médias et plusieurs dizaines de baraques à bières aux couleurs de Heineken.

    Le seul hic, c’est que toutes les manifestations commencent à 21H00.

Un peu tard pour notre artiste de fiston !

     Depuis aujourd’hui ce sont les vacances scolaires et toute la ville est dans la rue. Beaucoup de jeunes sont déguisés. Bien que le thème de l’année soit : les pirates, c’est fou le nombre de mecs déguisés en nanas !! Ca fait encore plus déguisement le changement de sexe. Et puis chaque année ils doivent sortir la même mini jupe de la petite sœur et la perruque de la grand-mère.

Beaucoup de peintures sur les visages aussi. Bref une grande fête populaire.

C’est la liesse.

     Les espagnols ont une réputation de fêtards, mais les canariens sont encore meilleurs de ce côté. Normal ce sont des îliens (c'est mon analyse perso).

     Les groupes déguisés remontent l’avenue à la rencontre des chars. Plus tard, nous les verrons suivre les chars dans le bon sens. Il est presque 19H00 et le premier char arrive.

     Je suis le seul « couillon » du coin à avoir un magnétoscope dans les mains.

Ici on fait la fête. On ne s’emmerde pas planté comme un « I » sur une jardinière pendant 2 H 00 les pieds entre 2 géraniums !!

Inutile de vous dire que j’en tirerai les conséquences. Tant pis pour les prochaines photos-souvenirs.

     D’ailleurs, je comprends vite qu’ils ont raison nos canariens : dès le 4ème char ce n’est plus qu’une succession de grosses caisses en bois à la vague forme de bateaux corsaires.

     Attelé derrière l’épave, le gros groupe électrogène jaune qui suit. Il faut vous dire que chaque char doit consommer plusieurs kilowatts en électricité, vu le nombre de spots et autres sonos qu’il balance sur son équipage déguisé en corsaire dansant.

    Du coup les touristes que nous sommes en avons pris une bonne leçon : ici pas de strass ni de plumes étalés sur la voie publique pendant des kilomètres. Quelques semi-remorques chargés de faux corsaires dansant, jetant des bonbons mais surtout entraînant le public en liesse, heureux et rempli de cette ambiance sous les décibels de musique.

 

Bien sûr le carnaval il faut le vivre...


     Nous faisons la "une" du journal local "l'Independancia". Sûrement un coup de notre ami Marco, journaliste au même journal, qui a du nous envoyer ces collègues pour un reportage sur les "habitants de la marina de Las Palmas".
    Nous, nous ne faisons que passer, c'est certain, mais si notre histoire vous interresse pourquoi pas !

    Teiva en bon timide incurable refuse tout simplement la photo. Dommage il manquera cruellement sur cette photo d'une demi-page sur le canard. Le journaliste force le passage, prend notre rebelle de dos dans sa cabine. Il diffusera malgré tout cette photo, histoire de prouver sa présence.



« Une partie de l'article paru. La seule photo que le journaliste ait pu faire de Teiva, de dos, pendant que je négociais son bon vouloir pour monter sur le pont… »

 

Vendredi 13 février 2009 :

     Je reprends donc notre petit journal après que Paulette ce soit un peu inquiétée du manque de nouvelles… Nous vous avons donné de mauvaises habitudes avec nos récits qui se bousculaient les uns derrière les autres.

Ici, nous avons pris le rythme « hibernation » : doucement le matin, ralenti dans la journée et pianissimo en soirée sans oublier l’apéro.

     Mine de rien, nous en avons mis un sacré coup à la longue liste des travaux à faire que nous avions établie en arrivant à Las Palmas.

     En général, je bricole le matin pendant que Teiva joue ou fait l’école avec sa mère. Rien d’excitant dans tout cela, mais nous savons que ce sont des préparatifs importants pour la suite du voyage.

Notre bateau était loin d’être fini et fonctionnel au départ de France.

    Ah, nous commençons à avoir une idée plus précise sur notre programme 2009 !! Nous poursuivrons donc la visite des dernières îles des Canaries dès le printemps. Puis, nous irons en avion passer  3 semaines à Théoules, en juillet. Nous en profiterons pour rendre visite à nos amis du sud.

Début octobre, nous partirons pour le Sénégal et plus précisément en Casamance,  pour « l’hivernage » (c’est la saison des pluies qui coure de juin à’octobre).

    En principe, nous ferons le Cap Vert pendant l’été qui suivra, si ce n’est l’archipel des Bijagos, avant de traverser (peut être) en décembre 2010 vers... les Antilles ou le Brésil !

    Nous nous préparons déjà pour les conditions de vie tropicale du Sénégal.

Bien sûr, nous envisageons de nous rendre utiles en Casamance. Si vous avez traduit l’article du journal canarien où nous faisons la Une, ce n’est plus un scoop. Déjà, nous avons rencontré la responsable d’une association Canarienne qui va nous charger de matériel pour le Sénégal.

Ma Do doit se mettre en rapport avec une équipe médicale française d'une petite ONG : ANIMA. 

    Tout cela remplit bien nos journées et nous profitons de cette grande citée de Las Palmas pour glaner des renseignements auprès des voileux français de la marina.

    C’est ainsi que nous avons sympathisé avec l’équipage de « Targa » dont le petit mousse Léo a le même âge que Teiva. Nous nous voyons peu en définitive, car Araka Nui n’est pas amarré aux quais des voiliers de passage où ils sont tous les uns sur les autres. Nous sommes au quai d’honneur, avec les grosses unités et donc à plus de 1500 mètres des copains. Mais nous aimons bien « notre quartier de luxe » et ne demandons pas à bouger.

Mais ce luxe attire les « convoitises »…

    Il y a une semaine, nous avons eu la visite à bord d’un marocain…bien et propre sur lui !

Il était 4 H 00 du matin …

et il avait un couteau dans la main !

     Malgré le vent très fort qui soufflait et tous les bruits que cela engendre, même au port, Do a entendu un bruit différent qui l’a réveillée. Elle s’est levée et s’est trouvée nez à nez avec l’arabe dans le cockpit qui tentait d’entrer par notre porte à glissière (qui était fermée à clef).

    Mon arrivée en gueulant derrière la porte vitrée, à poil, a du l’impressionner… il a déguerpi !

    Je l’ai poursuivi, à distance, en braillant et en espérant qu’il s’étale en sautant sur le quai. Puis pour lui donner un peu plus d’élan pendant qu’il courrait sur le ponton, je lui ai lancé mon lexique complet d’insultes arabes. Ce flot de jurons a du alerter les gardes qui vivent sur deux vedettes voisines. L’un d’eux a appelé la police qui a fini par attraper l’ostrogot qui ne s’était pas démonté et poursuivait son larcin un peu plus loin.

    Depuis, nous avons placé des alarmes avec détecteur de présence, attaché nos vélos dans le cockpit et j’ai « arrangé » la fixation de mon bout-dehors avec un fil de pêche à 30 Kg; ainsi le prochain candidat qui posera le pied sur le bout-dehors sera sûr de tomber dans l’eau.

S’il échappe à ce premier piège, il risque ensuite de se prendre les pieds dans un fil de pêche invisible tendu en travers du bateau et qui déclenche un carillon dans notre chambre et de faire sonner les 2 alarmes à infra rouge qui balayent toute la surface du bateau.

Tout cela pour vous dire simplement que vous ne risquerez plus rien en venant nous rendre visite ! 

    Heureusement pour nous, notre « appartement » est bien étudié question ventilation : nous maintenons une excellente ventilation tous panneaux fermés et porte verrouillée !

 Deux jours d’escapade dans l’île de Gran Canaria :

Mardi 17 février 2009 :

      La longue liste de travaux que nous nous étions imposés s’est bien réduite depuis notre arrivée à Las Palmas, malgré le rythme léthargique que nous avons pris. Hivernage oblige.

     La météo s’annonçant plus ensoleillée, nous louons une voiture pour 2 jours d’escapade avec la petite cagnotte que l’oncle Georges nous avait laissée pour se faire. Merci Georges.

    Toute la partie ouest de l’île était encore inexplorée. Do établit une feuille de route.

Au programme : forêts de pins, lacs et cours d’eau… Briançon lui manque un peu !

Nous attaquerons la route de San Bartolomeo par le sud que nous connaissions avec ses grands ensembles occupés par les seuls touristes.

   

  "El Pico de las Nieves… (le Pic des Neiges)"


« Déjeuner au bord du lac avec les canards sauvages »

 

    Très vite c’est la grimpette dans la montagne vierge couverte de cactées et en prime un ciel radieux. Nous étions un peu privés de soleil depuis de nombreuses semaines.

   

« Des montagnes, des pins et un cours d’eau… »

 

    Nous découvrons le cœur bien caché de cette île. Comme dans toute chose, le beau se mérite.

 

 
« Un petit hameau de l’intérieur de l’île
et ses cultures disséminées »



Mercredi 18 février 2009 :

 

« Journée grand frisson… »

 

 

« Dans une vallée belle et sauvage à en couper le souffle  …»
 

 

  

« Des paysages grandioses bien cachés, 
accès limités aux aventuriers !! »

 

 

Cette seconde journée sera consacrée à la visite de la partie ouest de l’île.

Une côte accore, aux falaises vertigineuses. On ne comprend pas pourquoi malgré l’aptitude des canariens à tracer des routes dans les endroits les plus abruptes, ici la route ne poursuit pas au-delà de San Nicolao.

En réalité c’est parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique possible de ce côté de l’île.

Aucune implantation de village n’est possible puisque seule la verticalité existe ici.

Pas la moindre parcelle cultivable.

Nous ne nous arrêtons pas au village d’Agaëte pourtant très typique, le ciel est couvert, nous désirons faire du sud en espérant trouver du soleil.

Direction San Nicolao et sa route « pittoresque ».

L’adjectif n’est pas frelaté. Mais nous n’en avons pas profité…

La route sinueuse est tracée dans les falaises. Falaises de 1000 mètres quand même !

Ma Do avait l’œil droit rivé sur la route et l’œil gauche qui me surveillait … pour être sûre que je ne sois pas tenté de jeter mon œil droit dans les à pics et lâcher le macadam de mes 2 yeux. 

De temps en temps, nous croisons des bus. D’une certaine mesure c’est rassurant : on se dit que l’on roule dans un endroit « civilisé ». Par contre, les croisements avec ces mastodontes, à la sortie de virages, c’est toujours très chaud et inattendu.

Je tente de lâcher à ma Do une parole apaisante : « imagine qu’il n’y ait pas de barrières de sécurité, là ça serait stressant pour de bon » !

Après une trentaine de kilomètres à ce régime nous atterrissons sur la grande vallée de San Nicolao. Ici, toutes les surfaces à peu près horizontales sont couvertes de serres.

Pas beau du tout cette mer de plastiques.  « Mère rentabilité » a aussi frappé aux Canaries, ici l’eau est rare disent-ils (une maladie typiquement espagnole). C’est sûr que pour faire de la culture intensive, voire industrielle, il faut de l’eau. Et quand il n’y en a pas, on sort les plastiques…

Je ne vais pas refaire le monde ici il y aurait trop à faire…Prachou reste calme ! 

Bref, toutes ces sensations fortes ont creusé les estomacs et comme il est plus de 14H00 nous jetons notre dévolu en direction de la petite plage de galets à côté de laquelle se trouve un petit parc aménagé pour les pique-niques, le tout sous les tamaris. Nous sommes seuls. 

Nous planifions déjà la suite de nos aventures du jour et décidons de rejoindre Tejeda à l’intérieur de l’île par une petite route tertiaire en pleine montagne. L’autre option nous obligeant à tirer vers Mogan par une route intérieure à grande circulation et peu spécifique.

 

Un bon café, un carré de chocolat et ça repart.

 

La route traverse les derniers champs cultivés puis nous slalomons dans une gorge étroite et vertigineuse. Mais cette fois nous évoluons quasiment en fond de vallée.

Il faut quand même précisé que la route est trop étroite pour se croiser en dehors de quelques refuges aménagés. Heureusement, il n’y a pas de circulation, ou presque.

A trois reprises, nous avons croisé des 4X4 d’entreprises qui dévalaient à fond, comme s’ils imaginaient qu’il ne pouvait pas y avoir de « couillons » en face.

Bref, nous évoluons précautionneusement en maniant du klaxon, vitres baissées, et en roulant au pas dans les virages sans visibilité.

 

Nous en profitons pour nous emplir des vues grandioses que nous offre ce décor imposant.

Après une quinzaine de kilomètres à petits pas, nous arrivons à une bifurcation.

Consultation de la carte oblige.

Après mûre réflexion, ma Do choisit de modifier quelque peu l’itinéraire initial et opte pour une voie encore plus perdue, vers le bout du monde.

Sans hésitation, j’approuve, d’autant plus que j’ai remarqué que malgré la baisse de la catégorie route tertiaire en chemin vicinal, la route a toujours un bon revêtement.

Bon, c’est vrai qu’à partir de là il va falloir grimper ; fini le parcours en fond de gorges.

Vamos !

D’entrée nous attaquons à gravir la retenue d’eau haute de plusieurs centaines de mètres de son pied  à la cime en suivant les lacets tracés dans le remblai. Jamais vu ce genre d’accès direct !

Autant dire qu’à ce régime ça monte vite en altitude.

Arrivé au sommet du barrage, nous découvrons la retenue d’eau et le cirque de montagnes qu’il nous reste à parcourir (photo jointe). 

Aux Canaries nous évoluons sur des volcans très hauts et les à pics défient parfois les lois de l’apesanteur.

Après tout ce n’est pas gênant en soi : c’en est même très beau de voir toute cette flore qui s’y accroche avec un grand naturel.

Le seul hic c’est que nous réalisons très vite que nous trouvons dans un coin mal famé où il ne fait pas bon circuler en touriste que nous sommes. Vraisemblablement nous ne sommes pas à notre place. Vu le tracé il ne doit pas y avoir foule qui emprunte cette voie tous les jours.

Ah c’est sûr, nous ne croisons personne.

Quelle chance ! 

Petit à petit nous prenons de la hauteur.

Et là, je me souviens de la petite phrase lâchée à ma Do le matin même pour tenter de la rassurer :

« imagine qu’il n’y ait pas de barrières de sécurité, là ça serait stressant pour de bon » !

Je vous le donne dans le mille : ici point de barrière de sécurité.

Bref nous nous la jouons très serrée. 

Pour souffler un peu (surtout relâcher la pression) et prendre une photo, je me paye le luxe de stopper notre voiture bien contre la falaise  

 - mais au beau milieu de la route quand même - avec frein à main serré et vitesse enclenchée.

Ici, il n’y a pas de refuge. Pas gênant, si vraiment le couillon du mois devait passer en face une chose de sûre c’est qu’il déboulera au pas et il me verra de loin. Dans ce cas, nous serons toujours à temps de négocier lequel des deux se fera la manœuvre en marche arrière...

Imaginez la réaction de ma Do qui s’est vue ainsi plantée seule dans son convoi mortuaire avec sa jeune progéniture ! Comme elle n’en menait pas large du tout, son mécontentement s’est traduit par un petit gazouillis du type gorge serrée et moi j’ai pu aller prendre ma photo.

 

Je ne suis pas du style à prendre des photos depuis la vitre de la voiture. Il me faut un cadrage, un premier plan et tout le tsoin tsoin.

Ca y est, j’ai vu, ma photo du siècle est là bas.

Je m’allonge à plat ventre sur la route pour cadrer mon bouquet de fleurs jaune dans le coin inférieur gauche et … Clic. Merci Kodak.

(En fait la photo est assez banale et n’aura pas droit de citer dans notre petit journal…)

Une fois remonté dans la voiture, ma Do qui s’était un peu remise de ses émotions me lance : « tu avais l’air fin, allongé de tout ton long en travers de la route avec la tête d’un côté du bas côté et les pieds de l’autre »…

 

Quand je vous disais que nous n’en menions pas large … et bien la route ce n’était pas mieux !!

 

Au bout du chemin, du bout du bout du monde, nous découvrons le petit hameau d’El Carrizal. Une dizaine de maisons, aux murs blanchis, accrochées à la falaise. Ici pas de vis-à-vis entre les habitations, même si elles sont les unes au dessus des autres !

Il faut être ancré à ses racines pour vivre encore dans un tel endroit. Je leur dits bravo. Je me laisse à penser à la vie que mènent ces canariens plantés loin de tout et qui vivent sûrement en quasi autarcie. Une chose est sûre : ils ne travaillent pas à la ville. La ville la plus proche est à 1 heure de voiture.

Vous me dirait que nos banlieusards se payent bien 2 H00 de transport le matin et autant le soir. Pourtant, ils ne se croient pas fous (en vérité à bien y réfléchir, ils le sont vraiment).

Nous avons fait la moitié du chemin. Les quelques quinze autres kilomètres qu’il nous reste à franchir seront du même type mais cette fois le luxe en prime : nous avons droit à des barrières de sécurité aux endroits névralgiques.

Nous finissons par retrouver notre route de montagne classique. Voie que nous connaissions de notre précédente visite, pour être sinueuse et vertigineuse. En la retrouvant aujourd’hui nous avons l’impression de rouler sur une autoroute en pensant qu’ici ils ne lésinent pas sur le tracé des routes de montagnes.

Aujourd’hui, nous venions d’un endroit non seulement peu pratiqué mais surtout peu recommandable pour des voileux aventureux…

Nous ne regrettons pas d’avoir connu ce raccourci féerique, car nous savons bien que cette vallée cachée des gens pressés nous a offert sa nature inviolée.  

A Las Palmas la météo n’est pas folichonne depuis des lustres.
Nous faisons en fonction.

La belle plage de « Copacabana » ne nous aura pas vu souvent depuis une dizaine de jours.

Et dire que dans le sud le l’île, à Maspalomas, vous savez : là où il y a concentration de touristes… il y fait toujours soleil !!!

No comment.

 

    Un cata américain avec 2 enfants de 6 ans à bord est à côté de nous depuis quelques jours.

Les enfants sont un peu envahissants et Teiva leur fait la guerre. Do dit qu’ils refont la guerre de cessession. En tous les cas notre Teiva n’apprend pas l’anglais à coup d’épée !

Nous avons reçu les parents pour l’apéro.

Ils ont trouvé notre bateau très beau et bien fini. Malgré leurs 5 salles de bain, la nôtre est vraiment plus grande et fonctionnelle disent-ils. Ils n’ont pas du tout de rangements et nous en avons trop…

Pourtant, leur cata fait 60 pieds contre nos petits 45’, soit 5 mètres plus, c’est énorme.

Bref, ma Do est très fière de son vaisseau et du coup, elle a décerné une étoile de plus à son « nègre-constructeur ». Il faut dire que je les ai cogité longuement ces aménagements pour qu’ils soient fonctionnels.

 

Actuellement nos américains ont un problème mécanique sur leur groupe électrogène qui dure depuis Gibraltar. Ils sont dépendant de cette génératrice d’électricité, car il leur est impossible de naviguer en l’état…tellement leurs besoins d’électricité sont énormes.

Nous, nous n’avons pas de groupe électrogène !!

(merci Bernard et Jean)

Le cata voisin c’est une machine à gaz ou plus exactement « une maison » comme dit ma Do qui l’a visité de fonds en comble.

Pour rien au monde nous n’échangerions notre bateau contre le leur et pourtant ma Do a le sens des affaires…( car le leur coûte 3 à 4 fois plus cher que notre Araka Nui).

Soit dit tout à fait entre nous, mon assurance c’est que notre « p’tit frère » nous accompagne longtemps sans souci et je sais qu’elle le peut, car ce n’est pas une machine à gaz.

 Le voyage ne fait que commencer…

Je peux dire que Las Palmas aura été un interlude

« marina + grande ville » dans notre voyage.

Les choses sérieuses et les grands projets d’actions c’est… pour le Sénégal et plus exactement la Casamance, où nous allons être en contact étroit avec les autochtones !

Déjà nous savons depuis quelques jours que Do va participer à une mission médicale organisée par un médecin de Nyons dès le mois d’octobre en Casamance.

Et moi, pour m’occuper j’ai déjà une grande idée.

Mais chut, on ne peut pas anticiper sur  le futur.

Il est certain que notre collaboration dans les villages sera sûrement le meilleur moyen de nous intégrer à la population et participer à sa vie simple de tous les jours.

 

C’est comme cela que je vois notre voyage. .

Nous avons malgré tout établi des rapports très amicaux avec des canariens. Je pense tout particulièrement à Marco et sa femme Guadalupe et leurs 2 enfants d’âge de Teiva, ici à Las Palmas.

Lui est journaliste canarien francophone. Nous les avons reçus plusieurs fois à déjeuner à bord, ils nous ont fait visiter leur village de naissance « Terror ». C'est autrement plus instructif accompagnés par des natifs du lieu. Tout cela était très sympa et nous avons prévu de nous revoir. Nous savons que les canariens sont très réservés vis à vis des "étrangers de passage", par contre nos amis nous ont reçu à bras ouverts, cela nous a fait chaud au coeur.
.
 

Depuis quelques jours un gros ketch New Zélandais est arrivé à couple. Immédiatement notre voisine américaine est allée saluer le couple, invitation, grandes embrassades.

Le soir tout ce petit monde, dont nous-mêmes, étions invités sur le territoire américain. Teiva continu la guerre, mais cette fois il prend un pet à la lèvre et ça saigne. On en profite pour s’excuser et rentrer à bord. Nos english ne pensent qu’à boire du gros rouge et raconter leurs histoires stériles de voyages en classe business. C’est pas trop ce que nous aimons faire de notre temps libre. 

 

Pour moi, il faut que ça prenne les tripes…

et ça viendra !

 

Tout l’équipage d’Araka Nui vous souhaite bonne lecture de nos dernières aventures et vous dit à tous :

 

Kenavo.

 

D.P

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 20:13

 

Kenavo LANZAROTE et …

Cap sur FUERTEVENTURA 

Vendredi 18 décembre 2008 : 

 

    « Isla de Lobos » et son lagon lilliputien : où nous irons nous enfermer pour jouer les Robinson Crusoë, disais-je !!

 

    La dizaine de milles qui sépare les deux îles est vite avalée et nous voici déjà à présenter la proue de notre fier vaisseau devant l’entrée de ce lagon tant convoité.

    Un bassin tout rond de 700 mètres de large, aux berges de sable blond, et très fermé. Bref, un abri idéal par tous les vents. Une retraite d’ermite de rêve.

    Nous qui avions dû écourter notre séjour à Graciosa, voici la dernière occasion de nous couper du monde. Je ne connais pas d’autre trou à mouillage si bien abrité aux Canaries.

 

    J’avais étudié ce coin de rêve sous toutes ses coutures : tous les guides, tous les récits, Google Earth sous tous les angles ; je pouvais y entrer les yeux fermés. Araka Nui se présente, sondeur et sonar horizontal en fonction, ma Do à la barre et moi à la poupe.

    Que vois-je droit devant ? Est-ce possible !

 

    Aux jumelles, je relève une barre de vaguelettes au niveau de l’entrée.

 

    Nous approchons au plus près, le sonar horizontal (celui que nous avons installé pour naviguer au milieu des pâtés de coraux dans le Pacifique…) n’annonce rien de bon.

    Confirmation : toute l’entrée du lagon comporte une barrière rocheuse qui affleure.   

    Impensable.

    Même sur Google Earth on distingue très bien l’accès dégagé sans obstruction.

    Aucune possibilité de passer en l’état de la marée. Malgré le vent fort, nous mouillons notre fier vaisseau sous le vent de l’île.

    Les 60 mètres de chaînes y passent, histoire d’assurer la tenue de l’ancre quand nous quitterons le bord.

 

    Nous laissons la marée monter une petite heure puis tout l’équipage embarque dans l’annexe pour tenter de forcer le passage de « notre » lagon. Nous en profitons pour faire une bonne séance complète de plage avec Teiva (châteaux de sable, pêche aux crevettes et autres bigorneaux).

    J’oubliais la séance nettoyage : à chaque occasion je fais ramasser un vilain plastique ou autre saloperie qui traîne sur le sable et nous l’emportons dans la poubelle du coin ou celle du bateau. Teiva est très conscient de faire une bonne action. De plus, il sait que ces « cochonneries jetées par des gens » ce n’est pas bien, les dauphins et les tortues de mer peuvent les manger et mourir.

 

    Cette fois ci c’est le ménage dans le petit abri de pierres volcaniques aménagé par les touristes d’un jour et que nous avons occupé pour nous protéger du vent (deux navettes débarquent le matin quelques centaines de touristes puis repartent à 16 heures).

    Il y a une poubelle à 100 mètres, nous la rejoignons avec Teiva qui a les mains pleines de mégôts, boîtes de bière et papiers de chocolat.

    Nous doublons un panneau indicateur.

    Au vu des différents logos d’interdiction il est facile d’en déduire que tout y est interdit, même d’y faire du canoë… J’imagine notre catamaran mouillé au milieu de ce cirque de sable, c’est autre qu’un canoë !

    Je ne fais pas état de ces interdictions à ma Do pour l’instant. Attendons de voir qu’elle est la hauteur d’eau sur la barrière rocheuse d’accès dès la prochaine marée haute demain matin.

 

    Dans la nuit, le vent a forci avec des rafales à plus de 25 nœuds et un vent qui tourne au Sud/Est. Au mouillage, je me lève souvent dans la nuit et en particulier quand je sens une modification du temps.

   Le vent a tourné, nous ne sommes plus protégés sous le vent de l’île et la houle n’est pas dans le lit du vent. Autant dire que le mouillage devient rouleur et très inconfortable.

     Comme j’avais vérifié l’état de l’ensouillement de mon ancre avec mon masque depuis l’annexe (je le fais systématiquement de cette manière ou en apnée quand la visibilité est réduite), je sais que de ce côté-là nous ne risquons pas de déraper…

    Il est 8H00, la marée est haute, il serait temps d’aller sonder le passage avec l’annexe.

 

    C’est dans ces moments là que le capitaine mouline tous les paramètres dans sa tête, la responsabilité de capitaine et non moins de chef de famille prime quoi qu’il en soit.

 

    Malgré mon désir longuement mûri de séjourner quelques semaines dans ce petit éden vierge je dois tenir compte de tous les paramètres :

-         la hauteur d’eau contrôlée est de 1,20 m à marée haute ;

-         notre tirant d’eau est de 1,20m ;

-         sur les cartes le minimum est de 1,20m à marée basse ;

-         le vent fort qui souffle dans l’axe de la passe d’entrée crée des vagues de 30 cm.

 

    C’est sûr qu’en forçant un peu le passage, quitte à tosser un peu sur nos quilles qui font 12 millimètres d’épaisseur (soit l’épaisseur d’un pouce) avec le vent dans le cul et un peu de moteur nous arriverions à passer en force.

    A l’intérieur du lagon, c’est le paradis, il est plat comme un miroir.

 

    La vision du panneau d’interdiction vu la veille, me revient à l’esprit ; La pensée de l’éventuelle difficulté de ressortir dans ces conditions me fait expliquer à ma Do que finalement il y a 2 risques : d’une part d’être « prisonniers » du lagon et d’autre part d’être « verbalisés » lourdement si l’endroit est devenu récemment interdit. Je lui détaille tous les logos d’interdiction du seul panneau de l’île.

 

    Comme la météo avait prévu des vents qui devaient encore se renforcer, nous avons pris la sage décision d’abandonner notre idée d’entrer dans ce lagon, de descendre plus sud vers Puerto del Rosario et de se mettre au mouillage sous la jetée du port.

 

    Après vérification nous apprenons qu’effectivement la passe d’accès de « notre lagon » a été obstruée depuis peu. Les autorités désirant réintroduire le phoque moine qui existait sur ce coin de paradis et surtout interdire aux catas de venir y faire leur carénage gratuitement comme cela leur était indiqué dans un guide de voileux…

 

    Je pense très fortement que ce n’est pas le dernier coin de paradis de notre périple où nous aurons le triste regret d’être arrivés trop tard !

 

    Bien que j’aie du mal à me résigner, nous levons l’ancre.

 

    Les quelques 25 milles seront survolés au portant en quelques heures et nous voici dans le port de commerce de la capitale de Fuerteventura. Le vent est passé comme prévu au Sud/Sud-Est et je savais bien qu’il n’y avait aucun mouillage possible pour cette direction de vent (peu courante aux Canaries).

    Vu la quasi tempête à l’extérieur, l’emplacement que nous avions prévu pour mouiller n’est pas protégé par la grande digue du port. Nous sommes fait comme des rats.

    Nous tentons une visite, à tous hasards, du port de commerce, des fois qu’un petit coin disponible nous offre un abri.

    Un ponton vide nous tend les bras du côté des petits bateaux locaux. Personne ne répondant à la VHF, nous accostons et stoppons la machine.  

    Aussitôt la Police portuaire arrive. Je tente une explication vaseuse : le mauvais temps… mon fils de 4 ans qui est malade…etc…

Tout cela ne sert à rien !!

 

    Immédiatement j’obtiens pour réponse une belle phrase de bienvenue, je peux rester là jusqu’à demain matin etc…

 

Bienvenue à Puerto del Rosario ! 


Samedi 19 décembre 2008 :

 

    Puerto del Rosario (28°29’8 Nord et 13°51’5 Ouest) est la capitale de l’île. Cette île nous la connaissions pour y avoir fait un « touch and go » d’une journée avec Paulette quelques jours avant. Nous en avions déduit tout aussi rapidement que cette île était un désert…

 

    La petite capitale très modeste est exempte de touriste. Nous avons été frappé par l’accueil qui y est des plus chaleureux. La bibliothèque nous offre gratuitement l’accès internet et moults renseignements sur la ville.

    Nous avons l’impression qu’ils n’ont pas vu de touristes depuis très longtemps ! Au fil de nos escales atypiques nous constaterons qu’il y a toujours un immense décalage entre nos impressions et celles que l’ont retirent des récits et autres guides touristiques…

 

    C’est ainsi que certains coins sont désertés des touristes et comme par hasard c’est là que nous y trouvons le plus de plaisirs…

    Mis à part certains sites incontournables que nous visitons sans trop nous y attarder nous ressentons toujours une force repoussante lorsque la concentration de touristes dépasse la saturation.

 

    Je savais déjà que pour les Antilles il faut acheter le « guide des meilleurs mouillages » de Patuelli, justement pour savoir où il ne faut surtout pas aller, faute de quoi c’est les embouteillages des Champs Elysée et les voileux « parigots » d’une semaine à se farcir.

 

    Passé le week-end je me présente enfin à la capitainerie, je leur indique que nous partirons sûrement le mardi. Après toutes les formules de bienvenue, des crayons de couleur pour Teiva on m’annonce que la place à quai nous est offerte… A ce tarif, nous resterons 3 jours à Puerto del Rosario, le temps que le temps se calme !

 

    La plage est à 200 mètres. Nous y allons recharger les batteries de Teiva qui était saturé de bagnoles. Tous les soirs nous allons dans un bar à vin très canarien se siroter quelques verres de bons vins et des tapas.

 

"Le sable des plages est le meilleur tableau d'école qui soit.
Teiva y apprend à écrire.
En partant nous laissons ses devoirs du jour qui s'effaceront
dès la première vague." 


    Mais Noël approche et le tonton Georges et notre neveu Paul sont déjà annoncés au MELIA, l’hôtel 5 étoiles de San Augustin, dans le sud de Gran Canaria.

 

    Nous profitons d’une petite fenêtre météo pour décider de rejoindre Gran Canaria d’une traite et finir par une navigation de nuit. En effet, les vent du sud/ouest, précurseurs de tempête, nous font opter pour trouver une place à la grande marina de la capitale : Las Palmas (toutes les marinas du sud étant reconnues peu à l’abris des forts vents du sud).

 

    Ce transit compte une centaine de milles de port à port, soit 24 heures de navigation.

Mais c’était ne pas compter sur le vent qui a été une fois de plus bien plus fort que prévu et les 50 milles que nous pensions faire « pépère » en navigation de nuit ce sont passés en surf …

 

Arrivée en surf à Las Palmas (Gran Canaria).

 

Mercredi 24 décembre 2008 :

    Un vent dans le cul de 30 nœuds nous pousse vers le plus grand port de commerce des Canaries. Nous n’avons pas le choix, il faut nous préparer à une arrivée à 3H00 du matin. Nous qui avions comme théorie de ne jamais arriver de nuit dans un site inconnu…   Ralentir la vitesse ou faire des ronds dans l’eau, ils disaient !

    Ceci c’est la théorie.

    Dans la pratique et aux vues des conditions nous laissons la théorie aux autres. Nous venons de passer la grande jetée du port, le vent et les creux sont exactement les mêmes qu’au large.

    L’activité du port est comme en plein jour. Nous coupons la route à un cargo qui sort et que nous n’avions pas vu. Il faut dire que les illuminations de la ville qui prépare les fêtes de fin d’année rendent les feux et balisages inexistants.

 

 

    Je n’irais pas jusqu’à dire que nous rentrons au pif, parce que nous avons radar, GPS et cartes électroniques très détaillées mais tout va très vite…

 

    Je rappelle que nous sommes toujours sous voiles… En effet, j’ai laissé ma Do dormir jusqu’au dernier moment et nous attendons d’avoir un coin abrité pour rentrer nos 2 voiles.

    Il va falloir quand même penser à les rentrer ! Nous venons de dépasser la seconde jetée, nous sommes dans le port de commerce, nous repérons l’entrée de la marina, tout va encore très vite puisque nous sommes à 8 nœuds.

    Nous n’allons quand même pas passer entre les 2 jetées de la marina sous voile. Vu le passage très étroit et l’angle à 90° nous ne tentons pas de nous la jouer à la « Tabarly ».

    Mais c’est méconnaître la facilité de manœuvre de notre gréement (tant critiqué par moi-même au début de nos navigations).

    C’est ainsi nous pouvons enrouler la grande voile sans changer de cap. D’ailleurs mon système d’emmagasineur me permet de la rentrer sans difficulté, à toutes les allures, sans se placer bout au vent et malgré les 25 nœuds de vent. Donc manœuvre très facilitée.

 

    Puis c’est le tour de notre solent, notre voile de tous les temps, qui s’enroule aussi facilement à toutes les allures et quelques soit la force du vent. Ces manœuvres seraient impensables à réaliser sur un cata classique avec un mât de 17 mètres comme le notre…

 

    Nous voulions un gréement facile à mener et bien nous l’avons !

    Merci Jean-Michel RUSSO le maître voilier de La Seyne.

 

    Ma Do nous réussi un accostage amiral. Elle angoisse toujours un peu (mais à tord) quand il faut accoster avec un fort vent notre grosse barge de 90m², dans des marinas inconnues avec des espaces très réduits. Après une bonne douche chaude, dans les 10 minutes qui suivent tout le monde est au lit.

    Teiva n’a rien vu, il continue sa nuit et dort comme un bienheureux.

    Le lendemain le capitaine du port vient toquer au hublot et nous apprendrons que le tarif au mois est tout à fait dans nos possibilités. Aussi nous en prendrons pour 1 mois !!


    La visite de Las Palmas peut commencer, il s'agit de la 5ème plus grande ville d'Espagne... Ici nous pourrons finir les aménagements de notre vaisseau et envisager la réalisation de certaines améliorations, déjà la liste est longue...
    Ceci est une autre histoire, il faut bien s'occuper !
 

HASTA LUEGO
 

D.P

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 20:09


La traversée de Safi vers LANZAROTE 

 

Mercredi 3 décembre 2008 :

    Appareillage de SAFI à l’heure prévue : 8 H00.

    Arrivée à LANZAROTE avant l’heure prévue…

    Je vous avais dit que notre Araka Nui avait des ailes !

 

    En fait, on s’est pris du baston dans le cul tout du long.

    Notre prévision météo nous donnait des alizés de 15 nœuds et quelques passages (au large d’Agadir) à 20 nœuds.

    La réalité était toute autre : 20 nœuds mini et maxi 40 nœuds avec une houle de 4 à 5 mètres… Ce n’est pas pareil ! C’est sûr, à ce régime même avec un « fer à repasser » on se fait des jolis surfs.

    Mais mon « ptit’frère », Araka Nui, qui n’est plus un « fer à repasser » à négocié ce temps hard comme un grand marin.

    Seul mon équipage adoré n’a pas suivi dans le shaker, abandonnant le capitaine à son triste sort.

    Ma Do a bromégé malgré sa pastille de Mercalm collée derrière l’oreille. Il paraît que  Mercalm : « donne de bons résultats … par mer calme » dit ma Do.

    Mon analyse de plongeur diffère un peu : la peur est un paramètre aggravant.    

    Allongé dans le carré on a une impression de calme époustouflante voire trompeuse. C’est fou cette impression de silence que l’on ressent dans un cata et d’absence de gîte; mais il ne faut surtout pas regarder dehors et encore moins sur l’arrière ou être appelé par le capitaine pour faire une manœuvre de voiles…

    Bref, 48 heures pour avaler ces 380 miles c’est une première pour  notre estomac ainsi que pour notre fier vaisseau.

    Dès l’approche du 3ème petit jour, nous passons dans le goulet qui sépare la petite île de Graciosa à la grande Lanzarote. Nous allons mouiller dans un coin de Paradis, vierge, grandiose et surtout une mer plate :

« Playa Francesa » sous l’île de Graciosa (29° 11’ 96 Nord et 13° 32’ 69 Ouest).

    L’équipage se remet de ses émotions, je mets tous les bouts clairs sur le pont et nous nous réunissons autour d’un petit déj. copieux (nous avions grignoté tout et rien depuis 2 jours). Le lieu féerique dans lequel  nous sommes posé,  le pain chaud bien garni de miel, cette douce mélancolie après la tempête voici ce que ma Do adorée me sort :

 

« Pour moi,

ce sont les vacances qui commencent … »

 

     A brûle pourpoint, je lui précise que j’avais écrit dans notre journal que le début de nos vacances c’était le départ définitif de Toulon, le samedi 20 septembre…

 

    Je me remémore rapidement tout le temps passé depuis la naissance de Teiva à Graillefiot dans les vignes et toute la suite…

 

    Jusqu’en 2005, à Sabran, nous avions passé des moments de bonheur. Le lieu était magique, mon métier de vigneron exaltant et, ce qui arrangeait le tout,  le chantier  d’Araka Nui avançait sans histoire à St Raphaël.

    Notre Teiva profitait un maximum de la disponibilité et de l’amour de sa maman qui lui a donné le sein 16 mois durant… un long fleuve tranquille.

    Puis tout a basculé.

 

    Notre expulsion (pendant les vendanges 2006) - Confirmée par un Arrêt inique de la Cour d’Appel (finalement cassé par la Cour de Cassation) ; le crise du vin qui commençait à frapper notre Appellation ; les salves continues et non-stop des procédures judiciaires des bailleurs… (plus d’une  vingtaine au total) ; la société agricole qui nous coûtaient beaucoup d’argent (l’argent prévu pour la finition du bateau) ; notre nouveau refuge dans un local de 30m² au milieu des palettes de vin… bref, notre vie était devenue un combat. L’inverse de ce que j’aspire. Même le chantier du bateau nous causait beaucoup de problèmes (voilà que le gérant successeur se mettait à nous réclamer une 2ème fois les 44.000 € d’acompte, sous prétexte que cet acompte avait été donné au prédécesseur… du même chantier).

    Au passage j’adresse un véritable bravo à ma Do qui a réussi à surfer sur tous les évènements, presque comme si de rien n’était, et cela, en se rapprochant encore plus de son fils. Son attitude m’aura été d’un grand secours pour tenir le choc.

    D’autre part, j’essayais de relativiser en me disant que ces « emmerdes » n’étaient que consécutives à des « merdes » matérielles. Traduisez : « pas vitales ».

 

    Je sais que tôt ou tard mes anges gardiens interviennent…alors je suis patient.

 

    C’est ainsi que j’ai vu naître une petite lueur d’espoir lorsque par hasard et après une conversation avec mon frère Guy, nous découvrons qu’il y a un petit port privé sur le Rhône à 25 Kms de nos vignes.

 

    Tout se précipite.

 

    Merci à Philippe, (destinataire du petit Araka Nui), notre ami de toujours, qui m’a aidé a arraché le bateau de St Raphaël en plein hiver et à le monter à l’Ardoise sur le Rhône en l’état (c'est-à-dire vide, seuls les 2 moteurs et la barre).

 

    Dans cette configuration, inutile de vous dire que Prachou a mis le paquet : les aménagements du bateau, les vignes, la famille, les procédures ou plutôt : la famille en premier, les aménagements … et puis non, je ne sais plus !

    Ah ces aménagements !

    Merci à Bernard (destinataires du petit Araka Nui) et à Jean, qui ont cogité un été entier pour établir les plans électriques de ce bateau dont « autonomie » était le maître mot.  

    Après il m’aura fallu inventer des corps de métier que j’ignorais « avec quels matériaux le faire ». Et puis il a fallu inventer « comment le faire ». Et pour finir le « faire » ça été le plus facile pour moi.

    Avec le recul je me rends compte de la chance que j’ai eu d’avoir Bernard : un soutien technique hors pair. Sans lui, j’y serais encore.

    Avec le recul, je me rends compte de la chance que j’ai eu de pouvoir loger ma petite famille définitivement après une petite année de travaux, sans que ce soit le bivouac ou la galère pour une femme et son enfant.

    Quand je pense que certains mettent 5 ans voire 10 ans même pour poser l’étrave de leurs rêves à l’eau !

 

    Et puis, la bataille continue…

 

    Pour je ne sais quelle idée à la con, nous avions décidé d’installer un gréement bipode ! Un prototype, sans exemple connu. Je passerai les détails !!

    Avec le recul je me rends compte de la chance que j’ai eu d’avoir Jean-Michel RUSSO, maître voilier à La Seyne, avec qui nous avons mis 6 mois pour « inventer » ce gréement, puis le « réaliser » et pour finir le rendre « opérationnel ».

    Six mois à vagabonder en famille, de mouillages en mouillages, entre Var et Alpes Maritimes, tout en réalisant des travaux importants sur le bateau, car il ne faut pas rêver, en 1 année on ne torche pas l’aménagement d’un cata !

 

    Et puis, la bataille continue…

 

    Nous descendrons vers le Sud ; l’Espagne en cabotant tranquillement… il disait le capitaine !

    Tu parles. N’en croyez pas un mot.

    Les petits extraits sympas du « Petit Araka Nui » retraçaient de façons imagées les tracas de prise en main du bateau, de fric, de course contre la montre etc…

 

    Bref, je vous le dit, ça été beaucoup de galères depuis 2006.

 

C’ETAIT VRAIMENT DUR.

 

    Et je profite pour vous dire un grand merci, à vous tous, (avec les yeux qui s’embuent) de nous avoir aidés à arriver jusqu’à notre but (et pour certains d’entre vous, sans le savoir).

 

    D’ailleurs, la liste des destinataires du Petit Araka Nui n’est pas fortuite.

    J’en profite pour glisser une réponse à mon frère Guy : « je ne désire pas éditer nos aventures sur un blog ».

    Parce que notre récit se veut intime. C’est notre façon de vous dire un très grand merci à tous, famille et amis.

    Ce petit journal c’est juste pour que notre départ ne soit pas une rupture avec ceux qu’on aime.

 

    Donc ma Do, avec ta vision toujours tranchante, oui tu dis vrai.

 

« Pour nous,

ce sont les vacances qui commencent, ici … »

 

 

    C’est ainsi que nous allons, de façon très intime, essayer de partager avec vous notre histoire.

    Elle commence ce fameux vendredi, le…

 

Vendredi 5 décembre 2008 :

    Aujourd’hui, nous sommes arrivés à notre Sud,  après cette longue traversée, notre bateau ne fait plus qu’un avec nous, pour le fric, nous nous contenterons de ce que nous avons, et en ce qui concerne le temps qui défile, nous avons le temps d’en parler et de laisser le temps au temps !

 

    Graciosa nous accueille dans son écrin de majesté.

 

    Il est vrai que l’endroit est tout simplement magique : c’est beau et vierge.

    La Nature vraie à l’état pur.

    La Nature comme je l’aime ; parce que c’est dans cet environnement de sérénité que je me sens littéralement en communion avec elle.

     Tenez, la meilleure preuve qu’aujourd’hui il y a une vraie cassure dans la famille : notre fils, Teiva, vient de gravir, sans être porté, la « Montana Amarilla » qui domine notre mouillage. Il s’agit du cône d’un volcan de 178 mètres. Cela méritait d’être mentionné dans notre petit Araka Nui avec photos à l’appui. 

  

"GRACIOSA – Playa Francesa (en face les falaises de LANZAROTE).

Araka Nui au mouillage au pied de Montana Amarilla (alt. 178 m).

Le 1er volcan gravi par Teiva et sans porteur …"

 

"GRACIOSA : Playa Francesa"

 

    Et la cassure ne s’arrête pas là… Non content d’avoir effectué l’ascension sans aide, de retour à la plage, notre artiste se baigne dans les vagues et dans une eau à 19°… Sans transition. 

    Au paravent ceci était impensable.

  

 "Au sommet de la Montana Amarilla,
la pose tchiquitis (1) s’impose".

 

    A l’arrivée au sommet la pose « tchiquitis » (1) s’est imposée. Il s’agit du nom de baptême que Teiva donnait, depuis qu’il babille, à tous les biscuits à apéro, « cochonneries » dont je lui limitais la consommation et dont il raffolait bien sûr ; par extension c’est devenu les biscuits en général.

 

    Nous commençons à vivre le temps qui s’écoule.

    Je suis allé à pied par la plage jusqu’à l’unique village de l’île, à ¾ d’heure de marche, pour « repérage ». Nous pensions y aller, en famille, y faire une petite visite en vélos dans les jours qui suivaient.

    Malheureusement nous sommes très vite obligés de nous arracher de Graciosa avant de nous en être imprégnés, car l’arrivée de Paulette approche.

Connaissant sa vive angoisse lorsque toute organisation n’est pas minutée et orchestrée, nous levons l’ancre suffisamment à l’avance vers Arrecife puis la Marina de Puerto Calero (28°55’ Nord et 13° 42’ Ouest) dans le sud est de Lanzarote afin de prendre place à quai, louer la voiture, briquer le bateau et surtout finir la cabine passager…

    Pour l’occasion, c’est la marina « de luxe » la plus onéreuse des Canaries.

Une journée à Puerto Calero, nous coûte le prix de 3 semaines à Safi…

 

 

Jeudi 11 décembre 2008 :

    Juste avant de quitter Safi nous avions prévenu Paulette que nous ne pourrions jamais être à Gran Canaria (Las Palmas) à temps. Nous lui proposions de changer son billet pour Agadir… ou prendre un 3ème avion pour Lanzarote. Ce qu’elle préféra.

 

    Ce matin nous allons chercher Paulette à l’aéroport de Lanzarote, son voyage a été épique : déjà au départ de Paris, l’avion a fait demi tour et s’est re-posé….

    Du coup, correspondance manquée à Madrid et pour couronner le tout : bagages perdus à l’arrivée. La totale.

 

    A l’heure où je vous écris, Paulette est à bord d’Araka Nui saine et sauve.  

    Juste un bon tagine de loup, une sieste et la voilà repartie à l’aéroport pour obtenir des nouvelles de « sa valise ».

    Elle désire retourner la chercher à Las Palmas. Juste un aller-retour en avion…

    Aux dernières nouvelles, elle nous propose même de faire le « voyage » avec elle (45’ de vol) pour récupérer sa valise, louer une voiture à Gran Canaria, « visiter » l’île dans la journée et retourner sur notre Araka Nui le soir. Je laisse faire.

    Je pense que j’aurai quelques choses à écrire dans mon journal après cette journée full speed organisée par grand-mère…

    Le moins que l’on puisse dire c’est que nous n’avons pas la même notion de « visiter ». Bizarre cet engouement que nous avons tous à vouloir « visiter » ailleurs, au-delà où l’on se trouve, sans bien connaître son plus proche environnement.

    Je signale que Lanzarote est une des plus belle île des Canaries.

 

    A tous ceux qui voudront nous rejoindre dans notre périple je tirerai une expérience de ce premier ralliement de Paulette : il faut prendre vos billets d’avion au dernier moment.

    En effet, nous avons remarqué qu’il nous est difficile de tenir un programme de nombreuses semaines à l’avance.

    Mais ceci n’empêche pas de vous annoncer longtemps à l’avance, nous comprenons vos impératifs.

 

Vendredi 12 décembre 2008 :

Où nous allons à la plage en avion…

    Ce n’est pas du bluff…

    Effectivement nous avons bien pris l’avion pour Las Palmas (Gran Canaria)…         (la valise n’était pas arrivée) ;

    La voiture a été louée pour la journée…

    Nous sommes allés à MAS PALOMAS, les grandes plages du sud. Plages immenses comprenant plus de mille parasols et chaises longues sur des kilomètres de long - presque tous occupés - le cadre n’a pas empêché notre Teiva et le papa de tomber leurs vêtements et de sauter dans les vagues en slip.

    Après une petite visite du sud ouest dont la fameuse marina de Puerto Mogan et de ses environs nous avons repris notre avion (après avoir appris à l’aéroport : que la valise était toujours introuvable).

    Un gros jambon à l’os de 8 Kgs d’une main et le petit nécessaire de plage (acheté sur place pour occuper le bambin) dans l’autre, votre capitaine avait tout l’air du vieux touriste paumé. Bref, peu importe l’allure nous avions exécuté le souhait de la reine mère.

    En définitive la valise nous a été livrée, à la marina, le surlendemain.!


Samedi 13 décembre 2008 :

Le parc national de TIMANFAYA…

    Nous avions lu tous les guides existants, nous nous attendions à une grande surprise de ce paysage volcanique et lunaire… Oui mais la Lune on ne connaît pas vraiment, donc la comparaison est difficile !

    Et puis des volcans nous en avons sous les yeux depuis Graciosa… Ici, c’est un autre monde. Même bien informés et photos à l’appui nous sommes à des années lumière d’imaginer la beauté sauvage des lieux grandioses.

 

    La plus belle description sera très loin du choc que l’on reçoit quand on se trouve dans ces lieux. Une route d’une vingtaine de kilomètres traverse ce qui est connu comme la seconde plus grande caldera du monde (51 Km²) qui date d’une éruption qui dura 6 années depuis 1730. D’une part le site s’étend à perte de vue. Ce qui surprend le plus c’est que le site est toujours vierge comme le lendemain de l’éruption, sans vie, dont les formes fantastiques déclinent des nuances de noir, de gris, de brun et de rouge. Une fine terre couleur cuivre dévale les cônes volcaniques, arrêtée par des amas de lave solidifiée à la silhouette tourmentée.

    Dieu que la Nature est belle à l’état pur !

    Désolé mais aucune photo ne pourra donner le rendu que le site procure.

    Donc le photographe aura mis en panne pour ne pas ôter le fantastique de la réalité de ce lieu (en plus le jour de notre visite il y avait du crachin…)

 

Dimanche 14 décembre 2008 :

    Aujourd’hui c’est la visite du Nord de l’île. Le marché de Téguise, le village de pêcheurs d’Orzola et la route des vins…

    Bien sûr, nous avons longuement observé ces fameux ceps de vigne plantés dans un cône creusé, jusqu’à la terre arable, dans la lave noire concassée (le picon) et surmonté d’une petite murette de pierres de lave noires pour abriter le feuillage du vent. Mais aussi visité et dégusté ce vin de Lanzarote dans les bodégas.

    Ici la culture de la vigne, unique au monde, conserve les caractéristiques primitives d’une méthode qui permet que d’une terre nue et brûlée, naisse un vin généreux et raffiné.

    J’imagine le travail laborieux que chaque homme doit donner pour amener son raisin à la vendange. La tâche me paraît si dure que ces hommes ne peuvent qu’être amoureux de leur métier. Leurs vins sont excellents, ils sentent aussi leur sueur et leur amour.

                                  

 "Le vignoble de Lanzarote".

                                                     

    Ce qui m’a particulièrement surpris dans cette île de Lanzarote c’est que chaque parcelle que contient cette île est aménagée de la main de l’homme avec une volonté de mettre le paysage en valeur. Même l’entrée d’une simple station à essence au bord de la route comporte une rangée de palmiers avec un « mulch » de picon rouge, des cactées de différentes sortes et blocs de lave noire, le tout disposé avec une certaine géométrie et du goût. Les jardins des maisons, tout comme les champs sont arrangés de la même façon.

Toutes les maisons sont peintes à la chaux blanche (ça c’est une volonté municipale) avec des volets verts. Il faut le faire, il y a quand même 130 000 habitants.

    Cet engouement de faire beau est caractéristique de ces îliens. Observer la vie et les coutumes des habitants de Lanzarote constitue une leçon de sagesse pour le spectateur. Issus d’un passé comportant de rares ressources et de grands efforts de survie couronnés par le succès, les habitants de « l’île de feu » n’ont pas abandonné le modèle de cohabitation et d’étroite symbiose avec leur environnement.

    Une fraternité que l’on respire partout, peu importe la commune où l’on se trouve.

    A tel point qu’autour de cette coexistence séculaire se sont développées des coutumes et des usages pour lesquelles ces îliens luttent actuellement afin de les protéger.

    Un homme natif de Lanzarote, César Manrique, architecte et artiste, a su galvaniser toute la population dans un même élan pour négocier au mieux  l’ouverture au tourisme sans saccager le patrimoine. Bel exemple humain à retenir.

    En biodynamie, nous savons aussi que la mise en valeur des éléments naturels, dans le souci de mettre la Nature en exergue permet de dégager une harmonie dans le lieu entre l’Homme et la Nature. C’est exactement ce que je ressens dans toute l’île de Lanzarote.

    Parce que les hommes réalisent cette œuvre avec leur cœur.

    Aucune municipalité au monde ne pourrait obtenir ce résultat, même avec une armée d’employés et même en s’en donnant les moyens financiers. Ce n’est pas par hasard que l’île de Lanzarote est classée Réserve de la Biosphère par l’Unesco.

 

 Lundi 15 décembre 2008 :

    Nous étions encore sous le choc de la beauté de Timanfaya et nous avions décidé d’en mettre une seconde couche et d’y retourner. Mais cette fois dans le cadre d’une visite organisée : un circuit de 14 Kms est tracé au milieu de cet empire de laves et de volcans éteints. Impressionnant  le parcours, tant pour le numéro de conduite du chauffeur du car qui passe au dessus de précipices (à éviter pour ceux qui ont le vertige) que pour la beauté de ces éléments vierges.

 

"Le parc national de Timanfaya"



    A l’arrivée on nous débarque au sommet de la Montana del Fuego dans un complexe à touristes, très bien intégré au site. Après un passage rapide à la boutique à souvenirs, les cuisses de poulets qui cuisent au dessus d’une caldéra et autre attrape nigauds, nous décidons d’aller déjeuner dans un autre village de pêcheurs plus authentique. Poissons au menu, face à l’océan déchaîné et un rayon de soleil.

 

Mardi 16 décembre 2008 :

    Où nous allons nous baigner à FUERTEVENTURA, en ferry…

    Paulette voudrait toucher du doigt cette île voisine, nous embarquons femme, enfant et voiture sur le ferry de Playa Blanca (35 mn de traversée). Comme le temps est exécrable nous visitons l’île en voiture.

    Autant Lanzarote est un bijou dans son écrin, Fuerteventura est un désert rouge.

    Le paysage a son charme, mais c’est monotone.  J’en apprécie que mieux Lanzarote et ce souci collectif de toute sa population de faire beau.

    Fuerteventura est renommée pour ses plages immenses, mais il n’y a rien d’autre !!

    Vu le temps froid et couvert, notre Teiva restera sur sa faim de plage. D’ailleurs il devient insupportable, comme l’a remarqué sa grand-mère. J’en connais la raison :

    Depuis une semaine il réclame de la plage et il obtient de la bagnole… Il n’est pas compliqué mon fils : il veut que l’on s’occupe de lui. Rien de plus normal.

    Nous arrivons pour déjeuner au village historique de Bétancuria où nous ne manquons pas la spécialité de l’île : « le cabrito al horno ». Succulent, ça change du poisson…

    Retour at home avec le ferry qui nous fait 5’ de manège gratuit en fonçant plume au vent dans une houle bien creusée.

 

 Mercredi 17 décembre 2008 :

    Paulette réclame un « temps mort ». Toutes ces excursions de découvertes des îles de Lanzarote, Gran Canaria et Fuerteventura l’ont épuisée.

    J’en profite pour dire un grand merci à Paulette, car elle nous a donné l’occasion d’avoir une meilleure connaissance de ces îles.

    Ce jour sera consacré à traînasser dans la marina qui en définitive comporte un paséo bordé de magasins et autres restaurants.

    Ce soir nous l’accompagnerons à son avion. Après 10 jours de temps couvert et pluvioteux, à partir de demain c’est le grand beau soleil annoncé…

 

    Pour nous l’aventure continue. Nous devrions quitter la marina vendredi matin.

    Au fil de nos excursions, dans ces 3 îles, nous avons repéré nos futurs mouillages, maintenant nous y allons pour une séquence Robinson Crusoë.    

 

 "Ballade au bord de mer à Lanzarote, en famille".

 

    A vous tous, nous vous souhaitons de très heureuses fêtes de fin d’année que vous soyez sous la neige briançonnaise, la pluie normande ou le soleil du midi et nous vous disons Dominique, Teiva et moi-même :

 

Kenavo.

 

D.P

 

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Présentation

  • : Araka Nui autour du monde
  • : Le voyage initiatique de Teiva sur le catamaran ARAKA NUI parti en 2008 pour un tour du monde. Arrivé en Casamance en septembre 2009, il en repart 2 ans plus tard, mais cette fois sans son papa... C'est l'occasion pour ce dernier de collecter des sujets d'informations aussi divers que variés sur la spiritualité, la géopolitique, l'environnement et les sciences en vue d'étudier ces sujets le moment venu avec Teiva et de débuter son initiation vers un nouveau paradigme. Au fil des ans le blog s'est doté d'une extension : "mon fils il faut que tu saches". Il s'agit de présenter et commenter l'actualité brûlante dont un adolescent doit pouvoir discuter. Une quarantaine de recettes de cuisine typiquement sénégalaises apporteront l'esprit festif de ce blog. Belles navigations !
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