Où nous nous arrachons enfin de la marina de Las Palmas...
Mercredi 25 mars 2009 :
Nous invitons à dîner les 2 familles d’amis voileux français de la marina pour ce grand jour.
Par discrétion nous leur avions seulement évoqué comme motif la cause de notre départ le lendemain. En fait, c’était surtout les 47 ans de ma Do…
Ainsi Teiva retrouve son bon copain Léo (ils ont le même âge) qui est revenu la veille de chez sa grand-mère en Bretagne. Pendant que nos deux artistes jouent aux pirates, nous les anciens, arrosons l’évènement avec un tagine d’agneau aux amandes maison.
Le lendemain jour du départ il pleut comme jamais ! Ce n’est pas un peu d’eau qui va remettre en question notre décision d’en finir avec la marina de Las Palmas. Nous commencions à prendre une attitude inquiétante : comme ceux qui y sont scotchés depuis des années.
C’est pourquoi notre décision est inflexible ; d’autant plus que nous avons eu la bonne idée de nous mettre au mouillage à l’extérieur de la marina mais toutefois dans l’immense port de Las Palmas. Ainsi nous pouvons nous amariner, guetter la météo favorable pour changer d’île et lever le mouillage en quelques minutes.
Lundi 30 mars 2009 :
C’est parti. Route plein sud, vers …Maspalomas à une quarantaine de milles, le grand sud de Grande Canarie.
Là bas nous mouillerons pour passer la nuit. Toujours en phase avec nos habitudes : nous avalons une étape de jour, au mieux nous débarquons avec notre P’tit Coco (notre annexe) vers la plage pour donner de l’exercice à notre p’tit mousse. En général, il s’affale pendant toutes les navigations dans le grand fauteuil du capitaine scotché devant sa télé ou par terre sur un matelas quand le bateau bouge trop.
Il faut dire que la descente aura été un peu shaker…
Nous arrivons dans une grande baie bien abritée de rêve : sa jolie plage de sable noir, son petit village de pêcheur blotti contre la falaise, ses palmiers longeant la promenade et le petit bistrot canarien !
Tout y est pour en faire un Paradis. Sauf…
l’immense usine fabrique de ciment poussiéreuse et imposante qui jouxte le village et la plage…
J’ai vu beaucoup de lieux idylliques sur notre belle Planète Bleue depuis que je bourlingue ; mais tous m’apparaissaient avec au moins une imperfection : la solitude, les moustiques, la précarité, l’humidité, le vent…bref, ce n’était pas le Paradis il me manquait quelques chose !
A présent, je fais partie de ceux qui pensent que le Paradis se crée uniquement avec sa pensée et son cœur. Il est vrai que le résultat est plus probant lorsque l’on se trouve dans un environnement sympa. Mais en y croyant fermement et avec un peu de pratique il parait que les sages hindous ou lamas tibétains y arrivent même immobilisés et …malades !
Il est certain que notre cerveau contribue par la pensée à nous permettre ces voyages.
Premier avantage évident : chaque être humain possède cette faculté. C’est un cadeau.
Nous autres occidentaux avons perdus ces connaissances et notre matérialisme pur et dur a pris la relève. Ceci explique une très grande partie de nos maux.
Mardi 31 mars 2009 :
Aujourd’hui nous traversons vers la grande île de TENERIFE.
La météo prévoyait un alizé du nord-est et nous rencontrons du nord plus musclé. Il ne nous en faut pas plus pour changer la donne.
Ainsi nous nous trouvons au pré serré. Allure à laquelle notre fier catamaran n’est pas dans ses avantages.
Nous découvrons aussi pour la première fois les zones d’accélération du vent, propres à toutes les pointes sud des îles canariennes.
C’est facile à imaginer : vous naviguez avec une petite brise de quelques nœuds par l’arrière, une petite caresse en quelques sorte, qui vous donne l’envie d’envoyer toutes les voiles dont la plus légère de petit temps : le gennaker. Puis sur 200 mètres vous franchissez comme une barrière avec un vent de 25 nœuds de face.
Autant dire que si vous avez le gennaker hissé dans ces conditions, je vous parie des soucis.
L’avantage c’est que nous sommes sensés connaître les zones de ces phénomènes mais lorsqu’on veille sérieusement (comme je le fais systématiquement dans nos types de navigation à la journée) il est facile d’observer les gros moutons blancs au sommet des vagues.
Dans notre cas, aux Canaries nous avons pris la sage décision de ne jamais lancer le gennaker. Du même coup nous ne possédons comme voile propulsive que notre solent que j’appelle mon « aile d’avion » tant il est beau. Son seul inconvénient : sa petite surface. La grand voile est toujours notre « mouton à cinq pattes » tant elle est capricieuse à donner un avantage de propulsion suivant notre allure.
Du coup c’est Volvo & Cie (ils sont deux de 55 CV) qui se décarcassent pour nous faire tenir une moyenne raisonnable et atteindre notre objectif avant la nuit.
A tel point que ma Do qui a toujours le mot qui convient, m’envoie : « on est en vacances, mais on est pressé… ». Elle exagère.
Sa mauvaise foi évidente oublie de préciser qu’elle est aussi la première à apprécier des traversées les plus courtes possibles avec la petite sortie à terre à l’arrivée.
Aujourd’hui l’étape a été plus longue, nous avons avalés 70 miles. Nous profitons immédiatement d’un apéro bien mérité, notre fier vaisseau mouillé dans une eau plate aux teintes du soleil couchant : la baie de Los Christianos (28°02’6 N et 16°43’1 W).
Nous sommes au sud de TENERIFE. La description des alentours sera rapide : nous sommes face à la principale station balnéaire de l’île. Je laisse votre imagination faire le reste.
Toujours est-il, l’apéro est divin malgré la vue directe sur le Mac Do du coin.
Nous avions décidé d’aller visiter en premier lieu les petites îles peu envahies par les touristes. C’est ainsi que tout naturellement demain matin nous traverserons vers LA GOMERA que nous voyons juste en face de nous, à 25 milles.
Mercredi 1er avril 2009 :
Depuis le réajustement à l’heure d’été et les jours qui rallongent, notre fidèle réveil matin (Teiva) nous fait le chant du coq à 8H30. Ici le soleil est déjà bien haut.
Oh surprise !
Cette nuit, notre mouillage a dérapé nous sommes à la côte, posé sur les rochers à marée basse. Pourtant nous n’avons rien entendu ni rien ressenti. Je ne m’explique pas cette grave situation !
Normal.
C’était notre poisson du 1er avril…
Sachez, chers amis, que nos mouillages sont toujours très réfléchis. C’est la sécurité de notre bateau au moment où il est le plus vulnérable. Et malgré un certain nombre d’alarmes possibles que nous utilisons au gré de la situation (sondeur, anémomètre, positionneur GPS ou radar) nous avons toujours une oreille pour chaque bruit insolite. Sans parler du mouillage par lui-même : une technique en soit, toujours réalisé par moi-même (c'est un peu pour cette raison que ma Do se trouve toujours à la barre et elle s'en sort très bien !). Autant vous avouer qu’une nuit de mouillage ce n’est que très rarement un sommeil d’une traite, comme en marina par exemple…
Route vers LA GOMERA.
Ici l’accélération des vents est prévue sur le dernier tiers du parcours. En fait nous l’avons rencontré à la moitié. Ne chipotons pas. Toujours est il que je me retrouve dans la même situation que la veille avec une mer formée dans le travers. Pour le confort de l’équipage je lofe de 20° (c’est remonter au vent) et me retrouve au près. Dans ce cas, vous connaissez la chanson : il faut faire du Volvo & Cie.
Nous avons prévu d’aller chercher un mouillage sous le vent de l’île, car il est réputé comme bien abrité mais surtout il se trouve à la sortie du port qui pourrait nous recevoir en cas de vents du sud qui nous surprendraient.
Pendant toute la traversée nous serons salué très régulièrement par des bancs de dauphins. Nous avons eu droit non seulement à quelques pirouettes salto arrière en signe de « bonjour, coucou regardez moi » mais dans le show était prévu, une quinzaine de gais lurons qui nous ouvraient la route et formant une ligne, comme une escadrille avançant en rang serré devant l’étrave et perpendiculairement à l’axe du bateau.
Pas un rostre ne dépassait l’autre. Figure assez rare.
Il y a quand même de l’idée d’organisation dans tout cela !
Nous avons également croisés un banc de 5 globicéphales qui se prélassaient en surface.
Nous touchons déjà LA GOMERA et nous pouvons apprécier sa côte accore avec des falaises volcaniques vertigineuses. Nous naviguons très près pour bien observer les différentes couches de laves qui racontent par les couleurs, la nature de la lave, les épaisseurs ou les formes successives, l’histoire de ce volcanisme très ancien.
A la vue du premier port rencontré Puerto de Santiago nous réajustons notre échelle de grandeur. Ici ce n’est plus la démesure de Grande Canarie.
Santiago, le 3ème port de l’île, c’est quelques maisons de pêcheurs, une petite digue, une plage de galets et basta.
Notre objectif est en vue. Pour faire plaisir à ma Do nous présentons le bout de notre étrave dans Puerto de Vueltas (Valley Gran Rey) pour faire un petit tour du propriétaire, alors que nous dépassons notre baie de mouillage qui me parait effectivement comme il nous faut et très bien abritée.
Nous entamons notre demi tour au milieu des corps morts des petites embarcations des locaux. Ici il n’y a pas de pontons, ni de marina.
Le seul quai reçoit la navette inter îles. Pas de place pour nos 7 mètres de large !
Il y a aussi une immense jetée brise lame en béton qui est vide… construite en 2003 au frais de la CEE pour recevoir des ferries… mais les ferries ne sont pas arrivés depuis.
On s’en fiche. Pour nous, c’est direction notre mouillage 28°04’71 N et 17°19’47 W.
Plutôt que de vous décrire le mouillage nous pensons que deux bonnes photos vous en diront plus mais c’est encore plus impressionnant dans la réalité.
« 1er mouillage de villégiature à Valley Gran Rey – LA GOMERA »
Le lendemain de notre arrivée nous rendons visite au capitaine du port pour une visite courtoise et quémander le prix d’une place à quai. Nous avons trouvé une possibilité d’intercaler notre « barge », mais encore faut-il que cela leur convienne.
Renseignements pris auprès du capitaine charmant, il s’avère que le prix est prohibitif. C’est le double de Las Palmas mais sans eau, ni électricité, ni ponton avec obligation d’aller à terre en annexe. L’électricité : nous n’en avons aucun besoin, l’eau : se vend au m3, c’est normal ; ce qui nous fait rechigner c’est le prix à la journée. Nous avions pourtant demandé pour un séjour long.
Nous nous croyions au bout du bout du monde avec des tarifs dignes de l’époque des Guanches (les habitants primitifs des Canaries).
A notre avis, le prix est dissuasif pour une raison de politique locale.
Mais peu nous importe, notre mouillage sera gratuit et nous n’aurons pas un défilé de touristes qui lorgnent dans notre intimité en passant pour rejoindre leur quai d’embarquement.
A une exception près (3 jours passés à Graciosa en arrivant de Safi) c’est le premier mouillage en villégiature que nous pratiquons aux Canaries. C'est-à-dire que ce n’est plus l’escale d’une nuit, ici toute la journée s’organise en vacances balnéaires.
Au mouillage la vie s’organise différemment qu’en marina.
Nous revivons sur un bateau et non pas dans un appartement sur les quais en ville avec vélos.
La pêche à la ligne est un grand passe temps pour Teiva. Il veut toujours ma dernière canne, dernier cri, montée de neuf, dans les règles de l’art, et qu’il m’embrouille dans la foulée.
La chasse au fusil sous marin commence enfin. Hier c’était une belle plie.
Nous ne l’avons pas mangée… elle s’est détachée à mon insu en regagnant le bateau.
Régulièrement je nettoie les coques en apnée. Demain je pense installer mon filet trémail acheté à Safi.
Les sorties à terre ou à la plage sont toujours très attendues par Teiva. C’est lui qui conduit le moteur électrique et il se défoule bien d’un tas de jeux dont la récolte dans les rochers.
A bord il y a toujours une petite réparation ou un truc à améliorer. Ma Do se charge de m’assurer une bonne liste d’avance, des fois que je m’ennuie.
J’avoue avoir mis la pédale douce du côté entretien.
A l’instant ma Do dit à son fils dans mon dos : « ton père, il ne leur dit pas dans son journal qu’il a passé la journée devant son ordinateur ». Elle exagère toujours !
Bref c’est les vacances et notre fier vaisseau qui possède tous les avantages de l’autonomie énergétique, nous apporte toutes les satisfactions escomptées.
Mardi 7 avril 2009 :
Pour la première fois depuis notre départ de France tous nos moyens de communications sont rompus. Nous sommes complètement coupés du monde à cause de la hauteur des falaises. Bien sûr pas de wi-fi mais BLU, portables et téléphone Iridium par satellites ne passent pas...
En effet, j’ai essayé à toutes heures du jour ou de la nuit mais en vain à me connecter, via mon installation BLU radio sophistiquée, pour obtenir mes fichiers météo et nos e-mails. Vu les falaises qui nous entourent nous ne sommes pas étonnés de la propagation insuffisante. C’est pourquoi ce matin nous faisons notre sortie cybercafé, car ma Do à une procuration importante à envoyer.
Nous avons toujours une réticence pour ce genre d’exercice, car c’est à chaque fois galère.
Oh, il ne nous faut pas grand-chose pour contrecarrer nos petites habitudes de surfers débutants : un Internet Explorer en espagnol suffit. Par exemple, après une bonne heure de surf dans un cyber, quand nous rentrons à bord nous nous rendons compte que nous n’avons rien d’exploitable sur notre sucette… (je passe sous silence la longue liste de nos tares internet).
Il faut avouer que nous sommes vraiment nullards en la matière. Et encore je suis poli en m’associant par un « nous » car, bien avant notre départ j’avais délégué la grande responsabilité de l’informatique à ma Do… Nous ne savons même pas gérer notre propre ordinateur portable ! Dans une marina de Méditerranée j’avais réussi à capter la WI-FI avec mon ordi portable dernier cri assis sur les marches de la capitainerie. Depuis impossible de démarrer Windows normalement sur notre fichu portable sur sa batterie, parce qu’il nous oblige à poursuivre en « mode sans échec » ; avec ce mode tout mon système intégré pour capter la WI-FI ne fonctionne pas. Du coup il nous faut une prise 220 Volts impérativement…
Si l’un d’entre vous pouvait nous éclairer sur cette panne !!
D’ailleurs, ce matin conformément à nos galères cybernétiques, nous constaterons encore quelques insuffisances de résultats, ce qui aura pour conséquence de nous obliger une seconde visite au cybercafé l’après-midi. Nous ne nous plaignons même plus, nous faisons avec…
Ainsi, vous comprendrez pourquoi nous ne sommes pas très bavards en réponse à vos mails. En effet, lorsque nous ne captons pas nos 5 barrettes d’internet à bord par la wifi, (comme se fut le cas dans les marinas espagnoles de Méditerranée) nous allons aux cybercafés contraints et forcés.
Mais ce matin pour humer un peu l’atmosphère du village nous avons fait une pause pour prendre notre petit café au bistrot des pêcheurs.
Ma Do en profite pour attaquer son nouveau Sudoku, je lis pour la première fois un périodique en français (Le Monde). Nous commencions à souffrir un peu du manque d’informations internationales sérieuses ( je tombe à pic sur le compte rendu de la réunion du G20).
Pas encore préoccupé par l’actualité internationale, notre Teiva découvre le contenu de sa nouvelle boîte de Playmobil.
Sur le quai je repère un fonctionnaire en uniforme près de son 4X4 estampillé Office de la Pêche.
Ni une ni deux, allez savoir pourquoi, je vais vers lui, me présente et lui demande tout de go si l’utilisation d’un filet de pêche est permis pour moi. Très aimablement il me dit que c’est complètement prohibé. En bon pied noir bzi-bzit je fais un salto arrière et lui raconte une salade.
Nous convenons que je lui laisserai en dépôt lorsque je reviendrai l’après midi.
La conversation se poursuit et j’apprends qu’un permis de pêche est obligatoire en Espagne. Je lui avoue ne pas en posséder. Il m’invite à en prendre un dans n’importe quelle mairie pour 30€ pour 3 années et pour 3 Kg de poisson par jour. Précision que ma Do comprend très bien, puisqu’elle hausse les épaules en souriant, d’un air de dire : « avec mon capitaine c’est plutôt des grammes par semaine ».
Voyant bien qu’il était en présence de français ignorants, le charmant homme nous adresse la dernière en s’inquiétant sur nos connaissance dans la tailles minimales des poissons.
Il possédait justement dans les mains une très belle plaquette glacée (financée par la CEE) qui me démontra du premier coup d’œil que tous les poissons que j’avais fait placer par ma Do au congélo étaient « prohibidos ». Après lui avoir lâché le très classique : « no problemo », inutile de vous préciser que j’ai stoppé là mes autres questions à la con que j’avais sur le bout de la langue et ne plus abuser de la complaisance de mon interlocuteur : mes bouteilles de plongée, mes fusils sous marin, mes giroliers, palangrottes et tout le tsoin-tsoin.
Je chercherai à savoir pour le reste avec plus de diplomatie et en d’autres lieux.
Aussitôt arrivés à bord, nous remontons le girolier, les cannes à pêche et surtout celles montées en hameçons microscopiques de 14 (juste bon pour pêcher un gobie), je cache toutes
mes pochettes d’hameçons pour poissons lilliputiens, je fais le vide dans le congélo, bref je fais du ménage dans tous mes débordements honteux. Il m’aura fallu cette discussion pour me rendre compte de ma sottise. Je tiens à rester poli. Tous mes actes de pêche allaient dans le sens de me rattraper sur des bestioles ridiculement trop petites puisque je n’étais pas capable de pêcher des poissons de taille adulte… Tout cela sous l’affreux prétexte de nourrir ma famille !
Je me souviens bien de mon amie et néanmoins Présidente du club de plongée de Briançon, Isabelle, qui m’avait supplié de relâcher les 2 girelles prisonnières de mon girolier à Porquerolles l’été dernier.
J’entends d’ici, la belle Isabelle, destinataire de notre journal, me dire : « tu vois Prachou que j’avais raison ! ». Je comprends vite mais il faut m’expliquer longtemps !!
Du coup, à la place de ma sieste, je me fais à pied les 10 Kms aller retour pour aller chercher notre permis de pêche et constater que la Mairie fermait à 13H00…
Ils sont au régime des îles ici les fonctionnaires ! Au moins maintenant j’ai repéré les lieux;
j’y retournerai demain matin. Il faut bien s’occuper et faire du sport quand on est en villégiature…
Jeudi 9 avril 2009 :
Le temps passe vite… surtout quand on dort presque toute la journée !
La nuit du mardi aura été horrible : un vent de rafales jusqu’à 30 nœuds avec nos alarmes qui sonnaient régulièrement à en devenir stressantes. Dans ces cas là on veille en s’écarquillant les yeux sur les rochers tous proches, moteurs prêts à être démarrer.
Le matin venu nous avons attendu que le soleil apparaisse pour déplacer notre mouillage un peu plus au centre de la baie sur fond de sable dur. Juste après le petit déjeuner et le contrôle de l’ancre le vent tombe, c’est fini. Pas pour moi : je vais me coucher et commence ma nuit !
Le mercredi s’étant passé à mon insu nous voilà donc déjà jeudi le jour où il faut aller régulariser à la mairie. Je me re-fais à pied les 10 Kms aller retour et je reviens… sans rien !
L’administration espagnole est plus compliquée et paperassière que la notre mais leurs employés sont serviables et charmants. Toujours est-il que nous décidons avec ma Do de ne pas récidiver une 3ème fois, de ranger tout notre matériel de pêche légal et autre, de faire ainsi l’impasse sur ce moyen pédagogique discutable et de nous passer du menu fretin que j’apportais au menu mensuel.
Toutes réflexions faites, notre programme à venir sera principalement de la marina : La Palma et El Hierro ne possèdent pas de mouillages longue durée sûrs et quand nous décidons de visiter une île en voiture il est impératif que le bateau soit à quai. Justement dans quelques jours nous allons rejoindre la marina de San Sebastian de la Gomera pour visiter l’île. Puis ce sera retour à Las Palmas pour un bon mois et demi (pendant notre déplacement à Théoules). A notre retour de France nous savons déjà que nous serons tenté de nous rapprocher vite du Sénégal.
Mais surtout l’impasse sur les permis de pêche et de chasse sous marine c’est plus de 50 € d’économisés pour ma Do ! J’avoue que cela aurait fait cher pour les quelques jours de mouillages qui nous restaient globalement à faire aux Canaries. Et pour couronner le tout je découvre sur une note d’affichage que toute la zone de notre mouillage actuel est interdite à la chasse sous-marine. Il s’en est fallu de peu que je me paye une amende pour chasse sous-marine illégale et en ayant le permis en poche !!
N’en déplaise à ma Do, le pro de la pêche ira acheter son poisson au marché ! Et pour ne pas la faire pleurer ça sera encore des sardines… Safi est bien loin, où nous mangions des soles pour le prix des sardines canariennes.
Vendredi Saint et jours suivants :
Notre TEIVA commence à avoir quelques boutons sur le ventre et au visage. Nous nous y attendions, car il a fréquenté son copain Léo qui avait la varicelle, à Las Palmas juste avant de partir. Après l’incubation de 14 jours les vésicules sont au rendez-vous. Après la seconde éruption notre artiste est défiguré. Du coup nous nous proclamons en quarantaine.
Il faut dire que notre artiste n’a pas goût à aller à la plage. Il se contente d’être « chiant » du matin au soir et toute la nuit. A tour de rôle il faut lui faire des bizous partout pendant des heures et lui passer un coton imbibé d’eau sur ses boutons. Nous finissons par être plus crevés que lui.
Heureusement, mon gaillard et le bébé à sa mère est vite sur pied. Il veut de la plage.
Qu’à cela ne tienne nous irons dans notre petit coin, loin des autres gamins.
Bien sûr, au vu de la merveilleuse pyramide que nous avions réalisé 2 jeunes enfants sont venus nous rejoindre… Nous n’allions pas les virer sous prétexte de contagion ! Ma Do est vite allée prévenir les parents : le frère et la sœur avait bien eu la varicelle. Ouf !
Vendredi 17 avril 2009 (jeudi 16 avril) :
Au vu des bulletins météo affichés au port, nous avions prévu de quitter notre mouillage pour rejoindre la seule marina de l’île. Nous avons hâte de visiter l’intérieur de cette île renommée et il est hors de question de laisser le bateau au mouillage seul. J’allais dire : nous prenons déjà le risque lorsque nous allons à la plage de Valley Gran Rey (hors de la vue du bateau), mais le risque est déjà réel même lorsque nous sommes à bord de nuit… Il suffirait que le mouillage casse (ce qui n’est pas exclu) et nous sommes sur les rochers avant d’avoir pu réagir. Cela tient du fait qu’avec ces vents tournants et imprévisibles nous sommes 50% du temps « au vent des cailloux ». Bien sûr la règle de base de tout marin est de mouiller son bateau « sous le vent » de la côte. N’en déplaise aux puristes c’est ça ou bien la marina non-stop. Et c’est là que ma trésorière nous dit : « il n’en est pas question ». D’ailleurs pour les puristes je confierai que les premiers jours j’avais installé tous mes mouillages. L’ancre principale de 30 Kg avec ses 290 Kg de chaîne, l’ancre plomb de sonde avant et la grosse Danforth de 25 Kg à l’arrière. C’était beau à voir. Chaque ancre avec sa petite bouée d’oringuage balisant l’ancre. Un vrai champ de mine autour du bateau. Très vite j’ai déchanté : avec les renverses de vent instantanées en 24H00 mes mouillages faisaient du tricot. Cela ne devenait plus efficace mais même dangereux si je devais appareiller en vitesse sans tout laisser au fond… En fin de séjour j’ai même du couper la bouée de mon mouillage principal, j’ai été témoin d’une situation qui me mets encore la chair de poule quand j’y pense : les renverses de vents instantanées sont si fortes que le bateau qui est en bout de ses 60 mètres de chaîne peut traverser en ligne droite sa zone d’évitage, il a donc cueilli la bouée d’oringage au passage dans la patte d’oie du mouillage, y a fait 2 tours, a traîné ses 290 Kg de chaîne sur le sable (comme si de rien n’était) pour se placer de façon diamétralement opposée à sa position initiale. Le seul hic, c’est que le bateau tirait mon ancre ainsi crochetée comme un escargot déplace sa coquille. (Si mon ancre et sa chaîne costaudes peuvent tenir plusieurs tonnes de traction lorsque la chaîne fait un angle de quelques degrés avec le fond, il suffit d’une traction d’une cinquantaine de kilos pour lever l’ancre à la verticale).
Dans cette configuration l’ancre n’étant plus crochée correctement, le bateau est juste tenu par le poids de sa chaîne sur les fonds de sable plats comme un terrain de foot, et se déplace gentiment au gré des vents vers la haute mer ou vers la côte et les cailloux si on n’a pas de chance !
Voilà donc les risques de ces mouillages de longues durées. Alors nous vivons avec le risque. Bof, le risque est limité à nous voir rentrer en France une main devant, une main derrière et une épave sur les bras !!!
Comme j’ai pu constater au fil des jours la fiabilité toute relative de la météo du port, qui était toujours en décalage, je vais au cyber-café faire des météos plus pointues.
Effectivement c’est aujourd’hui vendredi qu’il y a un calme météo et pas demain.
Je rejoins mon équipage qui bronze sur la plage et nous convenons de lever l’ancre aussitôt rejoins le bateau. Ce qui nous permettra d’arriver à San Sebastian vers 18H00.
Nous arrivons au bateau à grand peine avec notre moteur électrique qui devient très poussif.
Après vérification, je constate que la batterie est complètement déchargée. Rien d’étonnant cela fait quinze jours que nous faisons journalièrement 2 transits aller-retour vers le port. Comptant près de 15’ par voyage, il faut avouer que mon système avec moteur électrique et sa batterie rechargée par les 3 panneaux solaires de l’annexe a bien duré.
Encore un choix heureux qui facilite grandement notre autonomie.
Pendant que ma Do s’affère aux fourneaux, je prépare l’appareillage.
Tout est paré. Nous levons l’ancre.
Nous avions prévu de téléphoner à la marina une fois décollé de nos falaises pour s’assurer qu’ils peuvent nous recevoir. Il s’agit d’une marina chère mais très demandée.
C’est bon ils nous attendent pour 17H00.
La plus grande partie du parcours se fera avec VOLVO et Cie. Nous naviguons sous le vent de l’île et nous rencontrons toutes les forces et toutes les directions de vent. Un plaisir pour des régatiers mais au risque de me répéter nous ne possédons pas un bateau de régate et nous n’en avons pas l’âme.
A 17H00 nous entrons dans le port. Ma Do fait une manœuvre Amiral en se faufilant dans un dédale de bateaux limitant le passage.
Accostage à la marina de San Sebastian de la GOMERA (28° 05’ 296 N et 17° 06’ 449 W).
Après les formalités d’usage et le paiement à l’avance de nos 7 jours de marina ; de retour au bateau en relisant la facture nous constatons que nous nous sommes fait avoir d’une journée. La miss nous a compté comme arrivés le jeudi 16.
Ca nous paraît bizarre mais un peu gros. J’allume le GPS : il nous confirme que nous sommes bien jeudi…J’étais tellement sûr de notre date que j’avais recalé de la sorte mon ordinateur et ma montre il y à un certain temps !
Mais alors la météo favorable de vendredi c’était pour… demain.
Du coup ma Do me dit : « voilà pourquoi nous avons trouvé la pharmacie fermée lundi dernier en pensant que c’était le lundi de Pâques, en fait nous étions dimanche » !
En réalité ce n’est pas 1 jour de décalage, mais 8 jours… (lundi de Pâques c’était le 1O). C’est grave docteur !
Il ne faudrait pas qu’un pareil coup nous arrive par exemple le 23 juin date de notre envol pour la France ! Ca ferait désordre avec Paulette.
J’en profite pour vous annoncer que nous serons à Théoules du 23 juin au 23 juillet prochain.
Dimanche 19 avril 2009 :
Nous avons réservé la voiture pour Lundi. Le récit de notre visite de cette île sera pour notre prochain numéro du Petit Araka Nui, avant de rejoindre la prochaine : LA PALMA.
L’équipage d’Araka Nui se joint à moi pour vous dire, KENAVO.
D.P